Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) : Stop spécisme, encore et toujours

Le Parisien / mercredi 29 août 2018

Deux commerces de viande ont été vandalisés dans la nuit de mardi à mercredi à Fontenay-sous-Bois.
Jocelyne termine de mettre en barquette une Piémontaise alléchante. Avant de jeter un œil encore stupéfait sur sa vitrine brisée. Dans la nuit de ce mardi, deux pavés ont été lancés dans la devanture désormais explosée. Les gros cailloux sont arrivés jusqu’au pied de la caisse de ce charcutier-traiteur du centre-ville de Fontenay.
Quelques minutes plus tôt, la boucherie-charcuterie de la rue Mauconseil, située à moins de 150 mètres était elle aussi attaquée. Sur les murs des deux commerces, la même inscription taguée en blanc pour le premier, en noir pour l’autre : « Stop spécisme ». […]
« Il était 3 heures du matin lorsque j’ai réveillé mon mari pour qu’il aille voir ce qui faisait tout ce bruit. Par la fenêtre, on a vu les voisins qui regardaient eux aussi », témoigne Jocelyne Jourdan qui habite au-dessus de la boutique de la place du Général-Leclerc.
Lorsque son mari Joseph arrive dans le magasin, ne restent plus que deux pavés et du verre brisé. « Ils étaient déjà partis, on ne sait pas s’ils étaient plusieurs. Mais en 32 ans que nous sommes ici, c’est bien la première fois qu’une chose pareille arrive !, assure la commerçante. J’aurais préféré qu’ils fassent de la pub pour le végétarisme juste devant plutôt que de tout casser ! ».

Chez Serge Chantoizel, le verre blindé de la vitrine a résisté aux pavés. « L’un d’eux a été emporté par les policiers pour analyse », confie le patron de la boucherie-charcuterie cossue de la rue Mauconseil. Lui et son épouse ont découvert les dégâts ce mardi matin en ouvrant la boutique à 6 heures.
« C’est un voisin qui a entendu du bruit qui a appelé la police le premier vers 3 heures du matin », raconte le tenancier qui continue à servir sa cochonnaille aux clients atterrés.
« Chacun est libre de manger ce qu’il veut, moi je ne vais pas leur foutre sur la gueule aux végétariens ! Ils font bien ce qu’ils veulent ! », s’énerve Serge qui se serait bien passé d’aller porter plainte à l’heure de la fermeture.*

A Fontenay, c’est la première fois que de telles dégradations ont lieu selon le cabinet du maire. En France, on dénombre une cinquantaine d’attaques de boucheries cette année. Début juillet, des bouchers-charcutiers avaient même été reçus au ministère de l’Intérieur pour demander l’aide de l’Etat.
Ces derniers mois, c’est vers eux que les regards se tournent dès qu’une boucherie est attaquée. Pourtant, les végétariens, vegan et antispécistes dans leur grande majorité ne revendiquent pas ces actions violentes. A l’association végétarienne de France, on se pose même la question de qui se cache derrière ces commandos qui vandalisent les commerces de viande un peu partout dans le pays. « Nous ne cautionnons pas ces attaques. Nous ne sommes absolument pas solidaires de ce mode d’actions qui va à l’inverse de notre philosophie bienveillante et harmonieuse », assure Jean-Benoît Robert, membre de l’association et fondateur du festival vegan Smmmile qui se tiendra au parc de la Villette (Paris XIXe) dans quinze jours. A ces « dégradations gratuites », il préfère « l’accompagnement et l’information ». Mais « ces cas isolés donnent une image plus que néfaste à notre mouvement. Les associations véganes les plus radicales ne revendiquent pas non plus ces actions », assure Jean-Benoît Robert. Le [bouffon] en vient même à douter : « C’est tellement contre-productif, que l’on se demande si ce ne sont pas plutôt des anti-végans qui veulent nous décrédibiliser qui s’en prennent aux bouchers ! ».

 

Note d’Attaque :
*On remarquera tout de même qu’il y a une semaine un festival vegan – tout ce qu’il y a de plus légaliste – a été interdit par la mairie de Calais suite aux menaces explicites de chasseurs et éleveurs. Selon Libération du 24 août, « Laurent Rigaud, le président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord, assume la responsabilité de cette annulation : «Nous avions prévenu que nous irions au contact quand les végans manifesteraient. Nous serions venus en nombre au festival à Calais. L’ensemble des acteurs autour de l’alimentation, commerçants, agriculteurs, pêcheurs, ont fait passer le message auprès des autorités. Il était en effet plus sage d’annuler.» » – et maintenant il y en a qui pleurnichent ?

Les réacs du syndicat d’agriculteurs Coordination rurale, devant un abattoir de Bazas en Gironde, le 26 septembre 2016

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