Crest (Drôme) : A propos de dialogue, de solidarité et d’attaque

Indymedia Grenoble / dimanche 11 juin 2017

En tant qu’individualistes il est difficile de parler de solidarité parce que nous ne voulons pas l’exprimer à un groupe mais à des individualités desquelles nous nous sentirions suffisamment proches pour vouloir établir un dialogue.

Nous nous sentons solidaires des personnes qui de part leurs actes et leurs discours nous semblent transmettre une volonté de combattre ici et maintenant le pouvoir sous toutes ses formes.

Pour nous la manière la plus sincère de soutenir des individu.es en révolte c’est de se révolter soi-même et d’attaquer. Que des personnes qui s’envisagent comme potentiellement complices se transmettent de la force peut permettre que se soit nos éthiques et nos passions qui guident nos actes et non pas la peur et la résignation qu’amène la répression.

Au travers de l’attaque nous voulons briser l’isolement et exprimer nos colères et nos tristesses. Dans des moments où l’on ne compte plus les prises de distances, nous réaffirmons des positions offensives et irrécupérables.

Nous pensons que si nous voulons aiguiser des pratiques et critiques il peut être intéressant de partager, de se confronter aux autres. Nous ne sommes pas intéressé·e·s par l’idée de produire des idées labellisées « anarchistes » que tout le monde pourrait accepter et adapter à son discours ou contexte local. Nous aimons le dissensus et le conflit qui nous permettent de prendre position. Nous sommes autant dégouté·e·s de l’apathie omniprésente que profondément touché.es par la beauté de celleux qui se révoltent sans attendre ni les conditions objectives ni le terrain social favorable ni le moment stratégique. Nos choix ne seront jamais opportuns puisque toujours en décalage. Nous n’avons personne à convaincre, ni à attendre nous n’avons qu’un milliers de plan, l’envie de rencontrer d’autres complices dans l’impatience et l’irrépressible besoin d’en découdre.

L’attaque peut prendre de multiples formes et pour nous les dominations interpersonnelles doivent être au moins autant attaquées que cet existant qui nous étouffe. Nous ne voulons pas privilégier l’un sur l’autre. Nous refusons cette logique et voulons visibiliser chaque aspect de notre insoumission. En soutien donc avec celleux qui se mettent en jeu face à la répression, dans leurs affects, leurs amitiés, leurs sexualités.

Nous ne vivons pas dans le passé, nous ne voulons rien espérer du futur, nos révoltes n’ont pas d’avenir, elles ne peuvent donc pas être repoussées à demain.

Même si nous prônons la conflictualité, nous pensons que les débats sur la praxis se sont trop souvent cristallisés autour de positions polarisées qui ne permettent pas de refléter la complexité des points de vues. Nous refusons le consensus à tous prix mais ne voulons pas participer à un combat dogmatique. Nous trouvons réellement enthousiasmante l’idée que les attaques soient variées et nous ne nous contentons pas de certains clivages (signatures récurrentes ou non par exemple). Même s’il nous semble vraiment important de communiquer sur nos actes et que nous ne nous retrouvons pas pas des perspectives insurrectionnelles nous ne ressentons pas pour autant l’envie de faire rupture avec des personnes dont les attaques s’inscrivent dans cette finalité.

Nous répondons à l’appel d’un mois de Juin dangereux parce qu’il exprime bien ces nuances.

Dans la nuit de jeudi nous avons pénétré dans l’enceinte du bâtiment ENEDIS à Crest, fournisseur de l’énergie qui permet notamment à ce monde de merde de tourner. Nous avons déversé 10 litres d’essence à l’intérieur et allumé avec des feux à mains (avoir un plan B au cas où les feux à mains seraient défaillants). 10 litres d’essence ça fait un sacrée souffle. Quand on a repassé la grille, le bâtiment était en proie aux flammes. Nous apprîmes plus tard qu’elles l’avaient en grande partie ravagé.

Une petite pensée pour les incendiaires de Grenoble, on a trouvé particulièrement pertinente votre manière d’attaquer et de communiquer. Votre critique est très justement articulée, on aurait pas pu faire aussi bien. Mais on a envie de profiter de l’occasion pour soulever quelques points, et par là participer à la création d’un dialogue au travers de l’attaque.

Nous partageons votre constat sur les nuisances de la technologie. Néanmoins elle n’est qu’une facette des nouvelles formes de domination. Pour nous, à la genèse de ces nuisances il y a la civilisation même. Nous ne voulons donc pas attaquer la technologie comme étant un des excès du système, que nous pourrions transformer/remplacer mais bien comme étant un des aspect de la domestication du vivant. Nous ne voulons pas nous contenter d’une critique du capitalisme mais bien remettre en cause le concept même de société (aussi juste et égalitaire soit-elle). Nous sommes contre toutes les sociétés parce qu’elles ne peuvent exister sans la soumission des êtres vivants qui la compose. Que se soit au travers des smartphones, des compteurs Linky mais aussi par le travail, la famille, la culture, la morale, la justice, l’exploitation de la faune et de la flore…

Pour lutter contre la technologie il nous semble nécessaire de remettre en cause le processus de domestication qui fait de nous des êtres civilisé.es. On avait envie que cette critique sorte de discussion interpersonnelle, et de la partager avec vous. Trouvons-nous toujours de nouveaux angles d’attaques, de nouvelles failles, de nouvelles cibles.

La joie que nous avons ressentie cette nuit là, nous voulons la partager avec d’autres.

À Krèm, parce qu’il a toujours su garder le silence.

À Kara, parce que même si elle n’a pas su garder le silence, elle a eu le courage de revenir sur ces déclarations.

À Damien, parce que ces mots et sa détermination nous donne de la force.

Aux anarchistes de Bruxelles qui font face à un procès anti-terroriste pour avoir lutté sans médiation contre toutes les prisons.

Aux inculpé.es de Scripta Manent, qui refusent d’endosser un rôle de victimes.

À Nicolas Gai et Alfredo Cospito qui ont su assumer des positions fermes malgrè les risques, et qui se sont donné les moyens de leurs ambitions.

À celleux qui veulent s’envoler quitte à se brûler les ailes.

Konspiration d’Individualités Complices et Kaotiques

K.I.C.K.

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Le Dauphine / vendredi 9 juin 2017

Un incendie qui s’est déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi, a détruit une grande partie des locaux du site Enedis (ex ERDF) rue quai Pied-Gai. Les bureaux et locaux techniques ont été la proie des flammes. Le sinistre a nécessité l’intervention d’une dizaine de sapeurs-pompiers du centre de Crest. L’alerte a été donnée vers 3 heures du matin par un passant qui a senti une odeur de brûlé. Huit personnes travaillent sur le site qui abrite le service d’entretien du réseau 20.000 volts. Le garage abritant plusieurs véhicules a été épargné. Il n’y a aucun blessé.

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