Chili : Une lettre d’Itamar Díaz, prisonnière antispéciste

La Zarzamora / mardi 12 mars 2024

Je commence à écrire ces mots avec un goût doux-amer dans la bouche. Mardi 5 mars, on m’a condamnée à cinq ans de liberté conditionnelles, avec des dures restrictions, pour le délit d’incendie aggravé. Cependant, pour l’instant, cette alternative à une peine de prison n’a été accordée qu’à moi. Cela signifie qu’en ce moment mes compagnons sont encore en prison. Clairement, dans notre affaire, cela signifie une forme de simplification, mais nous n’aurons jamais confiance dans les tactiques de l’ennemi et nous choisissons d’assumer avec fierté et patience ce que l’avenir nous réserve.

Aujourd’hui, après des longs mois de prison, après avoir vécu dans ma chair ce que signifie l’enfermement et ce que celui-ci cherche à provoquer dans nos corps et nos esprits. Je réaffirme avec plus de véhémence encore l’importance et l’urgence de l’antispécisme d’action. Penser à la façon dont des milliers d’animaux sont quotidiennement soumis à l’enfermement, dans des conditions pires de celles où je l’ai été et où les compagnonnes se trouvent encore, obligés de dormir dans des espaces réduits, constamment maltraités par leurs geôliers, qui cherchent à soumettre leur animalité par les moyens les plus abominables.
Il n’y a pas de différence entre les prisons pour animaux humains et non-humains. Le spécisme est la plus grande expression des comportements les plus autoritaires que l’être humain a acquis au cours du temps. La croyance dans la supériorité d’une espèce, le manque d’empathie et le confort signifient l’enfermement de millions d’animaux ; de cette façon, on soutient et on fait partie du système carcéral, qu’on abhorre tellement.

En justifiant, par son confort, la brutalité et l’extermination.

Cette même croyance dans la supériorité [humaine] fait qu’aujourd’hui, consciemment ou inconsciemment, dans les espaces anti-carcérales, acrates ou antiautoritaires, on cherche à abolir la société carcérale et on génère une constante animosité contre ce qu’elle signifie. Malgré cela, on oublie cet aspect. Qui me semble être les plus cru, le plus sanglant et le plus négligé.
A quoi sert-il de chercher à abolir le système carcéral, mais pas les prisons pour les animaux non-humains ? Où est l’anti-autoritarisme si, pendant que nous hurlons pour la libération totale, nous avons la bouche pleine de sang et de souffrance ? Libération pour quelques-uns, jusqu’à la limite de mon confort ?
L’action directe pour la libération totale, c’est maintenant. C’est maintenant que les animaux souffrent des conséquences de l’enfermement. L’abattage indiscriminé, les mauvais traitements, les viols, la torture, c’est maintenant.

Et ce n’est qu’à nous de les arrêter. Le moment de le faire, c’est maintenant.
La libération animale a besoin de cœurs et d’esprits dévoués, prêts à se sacrifier pour ceux qui n’ont pas la possibilité de se défendre.
Il est de notre devoir d’égaliser la balance. Souffrances pour souffrances, mort pour mort, sang pour sang.
Des milliers d’animaux souffrent et meurent pendant que nous crions « fin à la société carcérale », et il est de notre responsabilité que cela ne passe pas inaperçu. Soyons la voix de celles qui sont déjà fatiguées de crier, soyons les mains prudentes de celles qui vivent attachées, soyons les pieds silencieux de celles qui vivent en captivité, soyons l’esprit qui fait payer pour les blessures provoquées, soyons le cœur furieux, qui a soif de vengeance.

L’action directe est quotidienne, elle ne répond ni aux dates ni aux éphémérides. Parce que le spécisme et sa barbarie ne prennent pas de repos, ils ne s’arrêtent jamais.

Liberté animale et totale, coûte que coûte.
Jusqu’à l’abolition de la société carcérale dans toutes ses formes.
Liberté pour les prisonniers de l’affaire Susaron.
Amour et complicité pour Ru, Panda et Tortu.

Itamar Díaz
Prisonnière antispéciste

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