Berlin (Allemagne) : Attaque incendiaire d’une tour hertzienne

Kontrapolis / samedi 21 octobre 2023

Dans la nuit du 19 octobre, nous avons placé plusieurs engins incendiaires près des faisceaux de câbles qui courent à découvert aux pieds de la tour hertzienne, sur la Herzbergstraße, à Berlin-Lichtenberg. Nous avons tagué le but de notre agissement sur une remorque qui se trouvait sur place : Switch-Off.

Par l’attaque contre les structures qui maintiennent ce monde de cauchemar technologique, s’ouvrent des possibilités de laisser libre cours à l’instinct de rébellion. Ce ne sont pas tant les analyses et les théories, et encore moins les idéologies, qui nous font bouger, mais plutôt les désirs et les aspirations, entre autres pour quelque chose que mêmes nous, les anarchistes, omettons de dire ou minimisons, par crainte de paraître pathétiques. On parle de la liberté. De notre liberté individuelle et de celle de nos semblables, avec qui nous voulons vivre. Si quelque chose nous empêche de faire l’expérience de la liberté, de nos jours, ce ne sont pas seulement les conditions matérielles, les frontières ou l’ingérence étrangère, mais aussi la vaste numérisation de la vie, au profit de la technologie, qui déclenchent des guerres sanglantes pour les ressources et les prétentions au pouvoir, alors qu’elle paralyse les gens devant des écrans. Tout cela sert au maintient de la domination et de l’ordre social, qui ont pas mal de bénéficiaires. Mais nous avons trouvé son talon d’Achille dans cette même technologie, qui doit nous asservir et qui, jusqu’à présent, est l’instrument le plus important des dominants, et nous l’attaquons de façon ciblée.

Des nombreuses critiques de la technologie peuvent avoir un air très sérieux et technique. Il s’agit souvent d’analyses qui veulent faire comprendre les rapports, les liens de dépendance et la « nuisance » de certaines technologies, de façon à provoquer une attitude critique vis-à-vis de ces technologies. On voudrait inciter, de manière « objective » et « factuelle », d’autres personnes à réfléchir à leurs habitudes de consommation, à leur position dans la société, à leurs privilèges et à leur propre aisance, qui se fonde sur l’exploitation d’autres personne et des ressources. Cela n’est certes pas faux, mais ce type de critique se focalise uniquement sur la raison humaine, dont l’absence est reprochée à des nombreux.ses fétichistes de la technologie. Si elle pensait de manière « logique » et « rationnelle », indépendamment de la doctrine technologique, une personne empathique devrait, en revanche, arriver à la conclusion que notre société ne peut plus continuer à exister ainsi. Mais pourtant ce qui arrive c’est le contraire.

À quel projet révolutionnaire cela apporte-t-il quelque chose, qu’une personne isolée réfléchisse à son comportement, qu’elle en parle fièrement, mais ne se départe pas de sa passivité ? Qu’aucune conséquence pratique ne suive les analyses et les pensées ? Une perspective en quête d’une révolution sociale ne peut pas commencer et s’arrêter à la seule « objectivité ».

Ben entendu, les critiques peuvent aiguiser le raisonnement, porter à une prise de conscience et la favoriser, mais s’il ne s’agit que de reconnaître les « nuisances » du moment, cela reste un discours moral limité, qui fait la distinction entre des causes et des comportements qui sont bons ou mauvais. Une critique de ce type est beaucoup de choses, mais elle n’est pas révolutionnaire et elle n’incite le moins du monde à agir de manière subversive. On peut donc se demander si une critique si limitée peut inciter l’individu à changer sa situation et celle des autres. Le changement est pourtant le facteur décisif, qui devient nécessaire, même si nous regardons la réalité seulement par fragments. Une violence insensée, des guerres absurdes, l’empoisonnement de l’environnement, la violence envers d’autres personnes. Pour comprendre cela, personne n’a besoin de ruminer des années sur des livres, ni même d’étudier.

Qu’est-ce qui nous pousse donc à agir ? Si c’était un quelconque théorie « objective » ou « raisonnable », probablement nous vivrions dans une autre monde déjà depuis longtemps. Ceux qui nous dominent profitent de l’absence de convictions individuelles fortes, qui, pour ceux qui y croient encore, pourrait bien générer une conscience de classe. C’est justement la passivité de l’individu qui permet à la domination de conserver son pouvoir. Les exploité.es n’ont jamais été autant impliqué.es dans leur propre oppression comme maintenant, par le biais de la séduction numérique. Mais une autre partie de l’histoire est que depuis que l’être humain fait l’expérience de l’oppression, le besoin de s’y opposer se fait sentir instinctivement. Personne n’a besoin d’une théorie sophistiquée pour éprouver la douleur et la rage que l’on endure face aux agressions et aux humiliations.

Du coup, si l’« objectivité » et les « faits » ne mènent à rien, ou à trop peu, on fait quoi ? Si nous agissons fondamentalement de manière instinctive, les analyses et les théories nous aident assez peu. Les états d’âme forts le font. En cela, la peur joue aussi un rôle important. Du point de vue des dirigeants, il s’agit un processus fonctionnel et complexe pour asservir les gens, par le biais d’une situation de menace, concrète ou artificiellement crée. La technologie, comme elle est employée, vise précisément à rendre l’être humain dépendant, en lui promettant de le libérer de ses peurs et de ses « problèmes ». Qui est dépendant, peut être contrôlé. Mais les instincts, peuvent-ils être contrôlés ? Peut-être qu’ils sont le seul aspect de l’humain qui nous donne la possibilité de nous rebeller pour être libres. Ce sont donc les sensations, les sentiments, aussi les peurs, la rage et l’amour, qui nous font bouger, au sens propre du terme, et cela ne doit pas être sous-estimé. C’est le cri silencieux pour la liberté, qui surgit parfois en nous, mais qui trop souvent est étouffé par la raison.

Pour le sabotage, pour le caractère sauvage, exubérant, des sentiments et des actions qui en découlent !

Pour l’anarchie !

Anarchistes

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