Chili : Communiqué de fin de la grève de la faim des compas subversif.ve.s et anarchistes

Contra Info / mardi 11 mai 2021

Communiqué de fin de la grève de la faim

Aux peuples, aux individus, aux communautés et territoires en lutte et en résistance.
A celles/ceux qui se révoltent, face à ce présent d’oppression et de misère.
A nos bandes, nos familles, nos ami.e.s, nos complicités, compas et amours, à travers le monde.
A tout le monde !

« Les idées sans actions ne valent rien, ce n’est que de la merde théorique, du coup l’idée et l’action doivent être et sont une seule et même chose »
Mauricio Morales

Nous, prisonnier. e.s anarchistes et subversif.ve.s de la guerre sociale Mónica Caballero Sepúlveda, enfermée dans la prison pour femmes de San Miguel, Marcelo Villarroel Sepúlveda, Juan Flores Riquelme et Joaquín García Chanks, dans la prison de Haute sécurité (CAS), Francisco Solar Domínguez, dans la Section de sécurité maximale et Pablo Bahamondes Ortiz, dans le module 2 de la prison-entreprise Santiago 1, ainsi que Juan Aliste Vega, dans le CAS, qui y adhère mais n’est pas en grève, pour des raisons médicales, déclarons :

– notre décision de mettre fin à notre mobilisation, une grève de la faim (en continuant à ingérer de liquides), après 50 jours intenses d’agitation et d’action, dans les prisons et dans les rues, dans un cadre de contrôle pressant et de répression sociale, pour demander : Contre les peines à perpétuité ! Pour l’abrogation des modifications du décret-loi n°321 ! Et pour la libération de notre camarade Marcelo Villarroel !

Après tout ce temps pendant lequel nous nous sommes activé.e.s, nous déclarons qu’aujourd’hui nous sommes déterminé.e.s à mettre un terme à cette mobilisation et que nous recevons, le cœur plein de joie et avec complicité anarchiste et subversive, chacun des gestes et des initiatives qui ont été réalisés pendant cette mobilisation.

Depuis la Suède, la Finlande, la Grèce, l’Italie, la Catalogne, le Pays Basque, l’Espagne, l’Allemagne, le Mexique, le Guatemala, le Costa Rica, le Pérou, la Bolivie, la Colombie, le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili et d’autres territoires où il y a de la Résistance et de l’Offensive, sont arrivées des initiatives complices et solidaires de la part de compas, qui, de multiples façons, ont agi et agissent en adhérant à nos combats, dans cette époque d’enfermement.

Depuis le ventre de l’ennemi, nous montrons une fois de plus que nous sommes loin de rester silencieux.ses, que nous sommes motivé.e.s et cohérent.e.s et que nous donnons de la continuité à une vie d’insubordination et de rébellion, en luttant depuis la prison pour la possibilité d’une pleine liberté, individuelle et collective, et en visant toujours à la destruction du système de domination dans tous ses dispositifs de contrôle ; ceci est et sera l’essence de nos vies et aujourd’hui, en tant qu’otages, nous soulignons avec insistance combien nous sommes fier.e.s d’avoir emprunté, contre toute attente, le chemin agité de la guerre sociale.

Pour cette raison, nous trouvons dans le passage à l’action qui comporte l’agir collectif des étapes importantes pour le développement de notre individualité dans son ensemble, nous reconnaissons nos différences et, en les surmontant, nous cherchons de nouveaux chemins communs par lesquels miner la pensée, avec la critique acérée de la négation ; aujourd’hui nous nous sentons plus à l’aise et plus uni.e.s que jamais, sur le pied de guerre, prêt.e.s et disposé.e.s à continuer dans cette bataille et dans toutes celles qui naîtront de nos luttes. C’est cette méthode-ci, cette forme, que nous laisserons momentanément de côté ; l’étincelle, l’idée qui a provoqué l’utilisation de cet outil reste intacte ; intacte et satisfaite de son action cohérente. Parce que nous sommes capables d’établir des liens d’affinité, réels, parce que nous nous présentons avec authenticité et décision ; mais il n’y a pas de formules parfaites, c’est la pratique de la vie elle-même qui nous unit dans la lutte quotidienne contre le pouvoir et toute sa réalité d’oppression et de misère.

Nous assumons comme des avancées importantes de la lutte, à l’intérieur et à l’extérieur de la prison, le fait de montrer clairement à tout le monde l’existence du décret-loi n°321 et l’emprisonnement à perpétuité que celui-ci cache, en montrant aussi que nous n’avons pas besoin de canaux institutionnels pour le faire et que nos voix, amplifiées, arrivent à être entendues comme la vérité de prisonnier.e.s qui luttent pour la libération totale, qui démasquent aussi l’aberration juridique représentée par ce décret-loi, qui jouit de la complicité de toute la classe politique qui soutient le pouvoir.

Nous avons aussi pu articuler une lutte à partir de différentes prisons et territoires et de différentes tendances révolutionnaires anti-autoritaires, à partir d’une solidarité subversive qui a su s’unir sur des critères communs et ce groupe de compas prisonnier.e.s, avec leurs réseaux complices et de solidaires dans différentes parties de la planète, en sort clairement plus fort, contribuant à la fraternité internationaliste pour la démolition des prisons et avec celle-ci à la lutte anti-carcérale dans chaque territoire.

L’état de mobilisation permanente continuera à vivre, par un ensemble de complicités et, certainement, d’amour en guerre.

En plus, nous considérons comme des avancées substantielles qui vont dans le sens de nos demandes :
– l’institution d’une caution de garantie en faveur de Marcelo Villarroel, pour qu’il puisse avoir accès à son droit à la demande de libération conditionnelle.
– La restitution de 665 jours de réduction de peine, pour Juan Flores Riquelme.
– L’activation d’un dispositif politico-juridique pour une remise en cause profonde du décret-loi n°321 et de ses implications néfastes dans les prisons d’État, ce qui exige que l’INDH [Instituto Nacional de Derechos Humanos, Institut national des droits de l’homme ; NdAtt.] prenne clairement position.
– L’attention et l’intervention spécifique d’autres organismes quant au régime d’isolement qui est vécu dans la Section de haute sécurité et la sections de Sécurité maximale.
– La non-application de punitions pour ceux/celle qui ont participé à la grève de la faim.

Nous savons que notre combat quotidien contre l’emprisonnement est plein de difficultés, d’autant plus que nous sommes dans des prisons et dans des situations juridiques et carcérales différentes, mais l’essentiel a été l’accord clair de tout notre univers actif de compas, qui à aucun moment n’a baissé les bras vis-à-vis de notre objectif de libération totale.

On peut tirer des milliers d’enseignements de ces 50 jours. L’essentiel, c’est la force de nos convictions qui, depuis la plus profonde horizontalité, dans l’affinité et l’entraide, a réussi, à travers une pluralité de formes d’action, à faire passer nos revendications dans de nombreuses langues et dans des nombreux territoires différents, en approfondissant la lutte anti-carcérale de cette époque.

C’est ici et maintenant que nous continuons à appeler à la persévérance et à l’action, en élevant le niveau des actions, en essayant de renforcer ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare, parce que le chemin que nous avons tracé a été, est et sera celui d’une lutte constante, millimètre après millimètre, qui exige les expériences et les volontés les plus amples.

Ce temps de lutte irréductible a été un joli acte collectif qui parvient à unifier les époques et qui reflet la continuité des luttes insurrectionnelles, partie des batailles multiformes de la guerre sociale.

Cette mobilisation, qui a duré un laps de temps considérable, est le résultat de toute notre haine et notre rage, transformées en action, et aucune barrière peut entraver notre position, qui représente un défi contre toute forme de domination ; notre condition de prisonnier.e.s subversif.ve.s et anarchistes se manifeste dans cette pratique qui dépasse le temps et l’enfermement.

Remuer les eaux, jusqu’à ce qu’elles parviennent à déplacer les pierres.

« De mon côté, j’ai choisi la lutte. Vivre dans la monotonie des heures moisies des personnes médiocres, des résignés, des nantis, des commodités, ce n’est pas vivre, c’est seulement végéter et transporter, sous une forme ambulante, une masse de chair et d’os. Il faut offrir à la vie l’exquise élévation du bras et de l’esprit ».
Severino di Giovanni

Nous considérons ce moment comme un tournant dans cet univers de compas prisonnier.e.s subversif.ve.s et anarchistes qui ont vécu la prison pendant des années, en subissant la lâche vengeance de l’État.

Notre choix a toujours été la lutte, devant nos frères et sœurs, sans rien cacher, en apprenant jour après jour de nos chutes et de nos erreurs et retournant toujours au combat sans jamais nous résigner.

Cette période de mobilisation, malgré le silence total du pouvoir et de sa presse servile, a été riche de différents gestes de solidarité, dont nous sommes reconnaissant.e.s, que nous admirons et respectons. A ceux/celles qui se lancer à l’attaque, à celles/ceux qui multiplient et amplifient la voix des prisonnier.e.s, à ceux/celles qui nous ont soutenu.e.s avec un attachement et une loyauté totale, à chaque compa qui résiste après des décennies d’emprisonnement et de longues peines, à notre frère Juan Sorroche Fernandez, aujourd’hui emprisonné dans la prison de Terni, en Italie, à son cœur irréductible , à Pola Roupa et à Nikos Maziotis va notre fraternité révolutionnaire, à nos complices de toutes les régions et territoires va notre amour dans la guerre.

Nous pensons aux exploité.e.s et aux rebelles en révolte dans la région colombienne, aujourd’hui meurtrie par les paramilitaires nazi-fascistes de l’État, et nous sommes solidaires avec eux/elles.

Nous pensons au Punky Maury et nous nous unissons à la Mémoire Noire de ce compagnon ; nous pensons à son passage à l’offensive, à son parcours, qui est liée à l’avancée constante des cœurs noirs qui continueront à faire exploser les égouts du pouvoir ; c’est le pari toujours mouvant de la nouvelle guérilla urbaine ; c’est la résistance dans le Wallmapu ; c’est la conscience irréductible qu’il n’y a ni maîtres ni esclaves ; ce sont les éternelles complicités visant à atteindre la justice ; c’est le plomb vindicatif contre ceux qui n’ont pas été punis ; c’est une marche sans retour à la recherche du bon chemin. C’est le fait de mettre le meilleur de chacun.e d’entre nous au service de notre liberté. Nous sommes un ensemble de complicités en lutte.

De même, nos luttes quotidiennes continuent :
– pour l’extension de la solidarité active avec les prisonnier.e.s subversif.ve.s, anarchistes, de la révolte et de la libération Mapuche !
– Pour la fin de la détention préventive comme outil de punition !
– Nous soutenons la demande des Mapuches d’appliquer la Convention n°169 de l’OIT à la situation de leurs frères et sœurs emprisonné.e.s.
– Pour la fin des sentences de la justice militaire contre Juan et Marcelo !

Nous continuons à porter tout haut chaque demande, qui nous a motivé dans cette urgence :
Pour l’abrogation des modifications du décret-loi n°321 !
Liberté pour Marcelo Villarroel !

Nous embrassons tou.te.s ceux/celles qui nous ont accompagné.e.s et toutes les personnes avec qui nous avons tissé et renforcé des liens dans ce moment de lutte autonome contre les prisons. Sans ralentir le rythme de l’action, en faisant appel à tou.te.s celles/ceux qui luttent contre l’État, la prison et le capital.

Avec la force de notre grand-mère, présente et éternelle, Luisa Toledo !
Nous continuons !!!!

Notre souvenir et anti-carcérale va a Daniel Vielma, Ramiro Silva, et à tous nos frères et sœurs qui ont lutté au prix de leur vie.

Avec la détermination pour une lutte éternelle !

Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion !
Mort à l’État et vive l’anarchie !
Tissons des réseaux, multiplions les complicités, faisons avancer l’offensive insurrectionnelle et subversive !
Ni coupables, ni innocent.e.s, insurrection permanente !
Contre toute autorité, autodéfense et solidarité !
Pour l’extension de la solidarité avec les prisonnier.e.s de la guerre sociale, de la révolte et de la libération mapuche !
Que les prisons explosent !

Pour l’abrogation de l’article 9 et rétablissement de l’art.1 du décret-loi n°321 !

Liberté pour Marcelo Villarroel et tous les prisonniers subversif.ve.s, anarchistes, de la révolte et de la libération mapuche !

Jusqu’à la destruction du dernier rempart de la société carcérale !
Jusqu’à la libération totale !

Santiago, Chile
Lundi 10 mai 2021
au 50ème et dernier jour de grève de la faim

Mónica Caballero Sepúlveda
Marcelo Villarroel Sepúlveda
Joaquín Garcia Chanks
Juan Flores Riquelme
Francisco Solar Domínguez
Pablo Bahamondes Ortiz
Juan Aliste Vega

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