Cayenne (Guyane) : Affrontements lors de la visite de Macron

L’AFP via l’express / Vendredi 27 octobre 2017

En début de nuit, l’air du centre-ville empestait les gaz lacrymogènes destinés à disperser un rassemblement devant la préfecture de Guyane.  Les gendarmes mobiles se déployaient dans la ville, notamment aux abords du commissariat, près de la célèbre place des Palmistes, où des jeunes venus de quartiers défavorisés, souvent encagoulés, ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles. Des poubelles ont notamment pris feu et la rue devant le commissariat était jonchée de bris de verre, a constaté l’AFP. Un hélicoptère tournait également au dessus du centre-ville.

L’après-midi, une marche à l’appel du collectif Pou Lagwiyann Dékolé (Pour que la Guyane décolle) avait pourtant rassemblé dans le calme plus d’un millier de personnes, en chant et en famille, pour réclamer le respect des accords signés avec l’ancien gouvernement à l’issue du mouvement social de mars-avril.

Réclamant un rendez-vous avec le chef de l’Etat, les manifestants se sont ensuite rassemblés devant la préfecture où ils ont écarté une première série de barrières pour se rapprocher du bâtiment. L’Elysée a finalement proposé un rendez-vous vendredi matin mais les manifestants ont refusé, réclamant de voir M. Macron dans la soirée. Ce dernier avait une réunion de travail avec les élus de Guyane avant un diner républicain à la résidence préfectorale.

C’est ensuite que les événements ont dégénéré. « Ils ont créé eux-mêmes le désordre public, c’est ça la réponse de l’Etat« , a dénoncé un enseignant depuis 19 ans en Guyane. « Il aurait pourtant suffi d’une discussion autour d’une table« , a-t-il ajouté.

« Vous voyez comment on nous traite en Guyane« , a interpellé une femme en s’adressant aux journalistes. Une mère, portant son enfant la tête enveloppée dans un châle, s’enfuyait en hurlant « vous jetez des gaz sur les enfants, c’est ça la liberté?« , avant d’entonner, en colère, La Marseillaise.

« Maintenant on sait à qui on a à faire« , a déclaré Davy Rimane, membre du collectif. M. Macron « n’a aucun respect pour nous« , a-t-il déploré, assurant que désormais « tout » pouvait arriver.

« Ca sert à rien tout ça, on n’obtiendra pas plus de l’Etat« , a regretté Mika Mancé, ancien leader charismatique du mouvement Pou Lagwiyann Dékolé, et porte-parole des « Grands frères« , une émanation des 500 frères [organisation crypto-fasciste, appelant à « nettoyer la Guyane des parasites » (à savoir les pauvres et indésirables à l’économie). Il semblerait donc qu’elle n’ait pas pu maintenir la paix ce soir-là, NdA], très actifs lors du mouvement de mars-avril dernier.  « Au moins les choses sont claires, il n’y a plus rien à attendre, on ne peut pas discuter, on ne peut trouver de solution, on fera sans« , a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron est arrivé à la mi-journée en Guyane, dans un climat déjà tendu. Il s’est rendu directement à Maripasoula, dans le sud-ouest guyanais, pour rencontrer la population de cette commune la plus vaste de France, très défavorisée, où il a averti qu’il n’était pas venu en « Père Noël« , ni pour « faire des promesses« . Il a longuement écouté les habitants, porteurs de grandes attentes pour le désenclavement de leur commune.


Guyane 1ere / Vendredi 27 octobre 2017

[…] À 20h15, les manifestants renversent les barrières, et font face aux forces de l’ordre qui font alors usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Scènes de panique, les manifestants courent dans tous les sens pour quitter la place de la préfecture. La foule se dispersent dans les rues adjacentes, mais les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivent aux abords de la préfecture. Le commissariat a été la cible de projectiles. Des poubelles ont aussi pris feu.

Ce jeudi soir, la situation reste tendue près de la place des palmistes où manifestants et forces de l’ordre échangent jets de verre contre gaz lacrymogènes. Emmanuel Macron était lui à la résidence préfectoral où se tient un dîner républicain avec les élus.

A 23h30, heure locale, un hélicoptère survolait toujours les rues de Cayenne, plongées dans la fumée de gaz lacrymogène.

 

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