Hongrie, Allemagne et Italie : Sur l’affaire des « antifas de Budapest »

Une nouvelle arrestation dans l’affaire des «  antifas de Budapest » et la menace d’extradition. Liberté pour Maja, liberté pour Gabri, liberté pour tou.tes les antifas !

Budapest Antifascist Solidarity Commitee / mardi 12 décembre 2023

Lundi 11 décembre, Maja, qui était visiblement recherché.e par les autorités, a été arrêté.e à Berlin par une unité d’intervention de la police. Cela a eu lieu dans le cadre des enquêtes sur différents affrontements contre des néonazis, pendant la période du « Jour de l’honneur » de 2023, à Budapest. Lors de son interpellation, Maja a été jeté.e par les agents de police à travers une porte vitrée, ce qui lui a causé plusieurs coupures et écorchures. Juste après l’arrestation, il y a eu plusieurs perquisitions domiciliaires chez des proches à elle/lui, à Iéna.

Un mandat d’arrêt national allemand et aussi un mandat d’arrêt européen, produit par l’Hongrie, avaient été émis contre Maja. Le lendemain, Maja a été présenté.e à un juge d’instruction du tribunal de Dresde. Le mandat d’arrêt allemand a été mis en exécution lors de l’audience de validation de l’arrestation et depuis Maja se trouve en détention préventive. Dans les semaines à venir, le tribunal décidera si le procès contre Maja aura lieu en Allemagne ou s’il y aura une extradition en faveur des autorités judiciaires hongroises. Une extradition vers l’Hongrie fasciste porterait non seulement à des peine de prison à deux chiffres et à des conditions de détention inhumaines, mais aussi à une incarcération loin de chez lui/elle, ce qui compliquerait son accompagnement solidaire lors du procès et de la détention.

Le même jour, à Milan, l’audience pour l’extradition de Gabriele [interpellé le 21 novembre par les Carabinieri, suite à un mandat d’arrêt européen émis par un juge hongrois ; NdAtt.] a été reporté une nouvelle fois. Le juge a décidé de poser des questions au gouvernement hongrois sur les conditions de détention et d’exiger de celui-ci des garanties quant au déroulement du procès et à l’indépendance de la justice. La prochaine audition à ce sujet aura lieu le 16 janvier.

Dans les prochaines semaines, il sera important de sensibiliser l’opinion publique, ici en Allemagne aussi, sur les conséquences d’une extradition vers l’Hongrie et de faire sentir à Gabriele et à Maja qu’ils/elle ne sont pas seul.es et que notre solidarité ne s’arrête pas devant les murs des prisons.

Liberté pour Maja, Gabriele, Tobi et Ilaria !

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5 décembre, journée de mobilisation contre l’extradition

extrait de Budapest Antifascist Solidarity Commitee / jeudi 30 novembre 2023

[…]
Dans la nuit du 20 au 21 novembre à Milan, notre camarade Gabriele a été visé par un mandat d’arrêt européen pour les événements survenus à Budapest en février 2023. Des milliers de néonazis s’étaient rassemblés dans la capitale hongroise pour commémorer le “jour de l’honneur” et certains d’entre eux avaient été attaqués.
Ilaria et Tobias sont en détention à Budapest depuis février, accusés d’avoir participé à ces actions, et Gabriele est actuellement assigné à résidence à Milan en attendant l’audience, fixée le 5 décembre, qui se prononcera sur son extradition en Hongrie.
Certain.e.s camarades allemand.e.s visé.e.s par d’autres mandats d’arrêt européens pour les mêmes faits sont en fuite depuis plusieurs mois.
Face à cette répression massive à l’encontre des camarades antifascistes qui dure depuis 10 mois, nous répondons par la solidarité! Qu’iels soient “innocent.e.s” ou “coupables”, nous serons toujours à leurs côtés!
NON À L’EXTRADITION!
Liberté pour Gabriele!
Liberté pour Ilaria et Tobias!
Solidarité avec tous les fugitifs!
Liberté pour tous, liberté pour toutes!

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Chronologie des faits

Budapest Antifascist Solidarity Commitee / liste en évolution constante

Vous trouverez ici une chronologie de ce qui s’est (supposément) passé depuis le 9 février 2023. Nous voulons signaler que ces informations sont tirées de sources en libre accès, en partie des médias hongrois ou de publications de droite. Ces informations, notamment celles au sujet des prétendues agressions et de leur déroulement, doivent donc être prises avec précaution.

 

9 février 2023

Selon ses déclarations, Tamás Lipták, membre de la Lègió Hungária, a été victime d’une tentative d’agression, près de la gare Nyugati, à Budapest.

Affrontements avec trois membres de Ruch Narodowy (un parti polonais d’extrême droite), sur la place Fővám, à Budapest.

La police hongroise constitue une équipe spéciale pour identifier les auteurs de l’ attaque.

10 février

Affrontements avec une personne, sur la place Gazdagréti, à Budapest.

Affrontements avec deux personnes, à Budapest. L’un des agressés est Laszlo Dudog, une des figures les plus connues du « rock de droite » hongrois et un important représentant du mouvement Blood and Honour en Hongrie.

En lien avec ces faits, Kristina D. est arrêtée par la police hongroise. Elle est l’une des plus proches collaboratrices d’Andras Jambor [député au parlement hongrois, pour les Verts ; NdAtt.] ; les seuls indices sont une veste, une écharpe et un post sur Facebook.

« Fête de bienvenue » de Blood and Honour pour le « Jour de l’honneur ». Y jouent les groupes Ewiger Sturm (CH) et Hundriver (HU).

11 février

Deux allemands qui revenaient d’un concert nazi sont attaqués, à Budapest. Selon les médias, l’un des agressés est membre du parti Neue Stärke, d’Erfurt. Il a donné lui-même un entretien sur cet incident à Lasse Richei, de Braunschweig, youtubeur nazi et membre d’un groupe néonazi.

Dans le cadre des commémorations du nazisme, des représentants de la presse sont menacés et deux personnes sont blessées.

La marche Ausbruch60, en souvenir des nazis allemands et hongrois [qui ont défendu la ville face à l’Armée rouge et ont tenté une percée (Ausbruch, en allemand) le 11 février 1945 ; NdAtt.], part de la place Kapisztran, dans le centre de Budapest.

À Budapest, six personnes sont interpellées par la police ; des mandats d’arrêt seront émis contre trois d’entre elles. Les personnes arrêtées sont accusées de « violence contre une communauté » et/ou de « constitution d’une association de malfaiteurs ».

Le soir, grand concert à Székesfehérvár, pas loin de Budapest. Il est organisé, entre autres, par Blood and Honour Hongrie. Les groupes qui jouent sont : Álarcband, Brigade Totenkopf, Hobbit, Vérvád et Kitörés

Agression de personnes de gauche, place Széll Kámán, à Budapest, de la part de membres présumés de Betyársereg (une confrérie d’extrême droite). Deux des agresseurs sont interpellés puis relâchés.

12 février

Trois des antifascistes arrêté.es la veille sont libéré.es dans l’après-midi.

13 février

Le quotidien allemand Bild rend compte pour la première fois des évènements en Hongrie.

14 février

Une personne arrêtée auparavant est libérée, car les accusations à son encontre n’ont pas été retenues.

15 février

La police hongroise publie des photos des personnes recherchées, ainsi que les noms complets de deux autres inculpé.es.

A Berlin, il y a deux perquisitions domiciliaires, en lien avec les faits de Budapest.

16 février

Le « bureau central sur l’extrémisme » du Land de Saxe, dépendant du parquet général de Dresde, ouvre une enquête contre sept personnes, accusées de coups et blessures dangereuses.

23 février

Les autorités hongroises publient la photo et le nom complet d’une autre personne mise en cause.

24 février

Kristina D. est libérée de sa détention préventive, par manque de preuves. Elle a coopéré avec les autorités, en leur donnant des renseignements sur son emploi du temps et sur son travail au sein de son parti [les Verts hongrois ; NdAtt.].

7 mars

De la réponse des autorités du Land de Saxe à une interrogation de l’AfD [Alternative für Deutschland, parti d’extrême droite allemand ; NdAtt.], il ressort que le parquet général du Land de Saxe est « en contact avec les autorités judiciaires hongroises » depuis le 7 mars. Selon des informations du quotidien Neues Deutschland, même des actes de la procédure judiciaire Antifa Ost  ont été transmis à ces dernières.

15 mars

Avec une opération de grande envergure, qui dure toute la journée, plusieurs perquisitions domiciliaires ont lieu à Iéna et à Leipzig.

En plus des perquisitions chez les inculpé.es, à partir de 16 heures environs a lieu également la perquisition de presque tout un immeuble de la Eichendorffstraße, à Leipzig, car la police pense qu’un inculpé recherché puisse s’y trouver. Plusieurs portes sont enfoncées par les forces spéciales.

31 mars

La police hongroise lance un avis public de recherche contre trois autres inculpé.es et à cet effet publie leurs photos et leurs noms. Des mandats d’arrêts hongrois sont émis contre ces trois personnes.

2 juin

Devant l’ambassade hongroise à Berlin, il y a un rassemblement en solidarité avec les antifas incarcéré.es et ceux/celles recherché.es.

5 juin

Le quotidien Bild lance, dans toute l’Allemagne, une chasse à l’homme contre sept personnes recherchées, avec leurs noms et leurs visages, en lançant ainsi, par la petite porte, un avis de recherche public, au service de la police.

7 juin

A Berlin, la police essaye d’obtenir des confidences sur ce qui s’est passé, en contactant des camarades.

14 juin

Audience de confirmation de la détention pour les deux antifascistes toujours détenu.es à Budapest. La détention préventive est confirmée pour les deux. La date de la prochaine audience de confirmation est le 14 août 2023.

début juillet

A Budapest, des membres de Betyársereg se rendent dans des bars et des brasseries fréquentés par des gens de gauche, pour « faire acte de présence » et intimider les personnes présentes.

6 juillet

Il y a une autre perquisition domiciliaire, à Berlin, en lien avec ce qui s’est passé. Une personne doit se rendre au poste de police en tant que témoin, mais peu après elle peut le quitter.

14 août

La détention préventive des deux antifas emprisonné.es à Budapest est prolongée encore une fois. La date de la prochaine audience de confirmation est le 14 novembre 2023.

23 août

Dans la Eichendorffstraße, à Leipzig, des personnes attentives découvrent une caméra cachée. La caméra filme l’entrée de l’immeuble d’habitation déjà perquisitionné en mars.

25 septembre

La police fédérale (BKA), en collaboration avec la police (LKA) du Land de Saxe et le parquet général fédéral, lance un avis de recherche, au niveau de toute l’Allemagne, contre un camarade, qui est déjà inculpé dans la procédure Antifa Ost. Le camarade est recherché avec sa photo et son nom affichés dans des gares, sur d’énormes écrans publicitaires, dans tous les grands journaux allemands et parfois même dans des notifications push envoyées sur des téléphones portables. Personne ne veut répondre à la petite question d’un député du parlement de Saxe, qui demande combien a coûté cette recherche du camarade. Plusieurs néonazis bien connus participent eux aussi à cette chasse à l’homme et offrent leur propre prime sur la tête du camarade, en plus des 10 000 euros [promis par la police et la justice ; NdAtt.]. L’avis de recherche a été précédé par une campagne médiatique coordonnée, de la part de WDR et NDR [chaînes audiovisuelles publiques qui diffusent dans les Länder septentrionaux et occidentaux ; NdAtt.], qui, la veille, ont annoncé que « 20 extrémistes de gauche » sont passé.es en clandestinité.

31 octobre

Plusieurs journaux, en Allemagne et en Hongrie, diffusent l’information que les autorités hongroises « ont sollicité un mandant d’arrêt international à l’encontre de 14 autres personnes, dont dix allemands, supposément impliquées dans ces faits ».

Le parquet général de Budapest inculpe Tobi, Ilaria [les deux camarades qui sont en préventive depuis le 11 février ; NdAtt.] et une autre personne, actuellement non détenue en Hongrie, mais qui a été libérée sous contrôle judiciaire.

2 novembre

La police hongroise publie les noms et les photos de cinq nouvelles personnes. Elle les cherche aussi par le biais d’un avis public de recherche.

3 novembre

Le journal Bild publie une nouvelle fois les visages et les noms complets de douze personnes. Parmi elles, il y a aussi quatre jeunes camarades qui n’avaient pas été recherché.es publiquement avant. Les photos avaient déjà été publiées par la police hongroise et diffusées entre autre par un compte X (ex-Twitter) d’extrême droite. D’autres médias aussi, comme Focus ou T-Online, diffusent en ligne les photos des nouvelles personnes recherchées.

21 novembre

Gabriele est arrêté à Milan par les Carabinieri. Depuis, il se trouve aux arrestations domiciliaires et attend l’audience d’extradition. Son arrestation fait suite à un mandat d’arrêt européen émis par l’Hongrie. Le camarade est accusé d’avoir participé aux affrontements avec les fascistes dans les jours aux alentours du « Jour de l’honneur » de février 2023, à Budapest. En plus de différentes accusations pour coups et blessures, ou de leur préparation, les autorités hongroises reprochent aux participant.es aussi l’appartenance à une « organisation » ou une « association de malfaiteurs ».

11 décembre

La deuxième audience, au cours de laquelle il devait être décidé de l’extradition de Gabri vers l’Hongrie, est reportée elle aussi. Le juge a décidé de poser des questions au gouvernement hongrois sur les conditions de détention et d’exiger de celui-ci des garanties quant au déroulement du procès et à l’indépendance de la justice. Prochaine audience : le 16 janvier 2024.

A Berlin, Maja, visiblement recherché.e par les autorités, a été arrêté.e par une unité d’intervention de la police, qui le/la jette à travers une porte vitrée.

12 décembre

Maja a été présenté.e à un juge d’instruction du tribunal de Dresde. Le mandat d’arrêt allemand a été mis en exécution lors de l’audience de validation de l’arrestation et depuis Maja se trouve en détention préventive dans la prison de Hammerweg, à Dresde.

Rassemblement solidaire à Kreuzberg (Berlin), le 24 décembre 2023

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