Villepinte (Seine-Saint-Denis): des nouvelles d’Ivan

De juin à octobre 2022, des nouvelles d’Ivan depuis son arrestation jusqu’aux dernières infos depuis la prison de Villepinte.

Arrestation d’un compagnon à Paris
Indymedia Lille / jeudi 23 juin 2022

Un compagnon anarchiste a été arrêté sur Paris dans la nuit de vendredi à samedi 11 juin. Il a été mis en examen ce lundi 13 juin par un juge du tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour « dégradation de biens privés par moyen dangereux » et « mise en danger d’autrui » et incarcéré dans la foulée. Le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête le 8 mars 2022, confiée à la SDAT, la sous-direction anti-terroriste, après l’incendie de deux véhicules diplomatiques dans la nuit du 4 au 5 mars, dans le 16e arrondissement de Paris.

Pour ceux/celles qui veulent se solidariser avec lui, on encourage les personnes à lui écrire, afin de savoir s’il a envie que son numéro d’écrou soit public (et donc son nom et prénom), et savoir ce qu’il veut qu’il se dise publiquement sur son affaire. Sans ça nous conseillons de ne rien publier sur lui qui puisse nourrir le dossier visiblement déjà assez gros que la justice a monté contre lui. Cela peut parfois partir de bonnes intentions, mais toute information divulguée sur une personne sous enquête peut être utilisée par la justice. Les journaux ont dit beaucoup de choses, gardons-nous de répéter bêtement leurs propos qui sortent d’on ne sait où.

Soyons solidaires avec lui, mais sans donner d’informations sans son accord !


Lettre d’Ivan depuis la maison d’arrêt de Villepinte
Paris-Luttes.info / lundi 27 juin 2022

Lettre d’Ivan [arrêté sur une accusation de cramage de bagnoles autour des ambassades dans les quartiers chics] depuis sa cellule. Il est incarcéré depuis quelques jours en détention préventive à la maison d’arrêt de Villepinte. Voici sa première lettre…

“15 juin 2022

Je m’appelle Ivan, je suis anarchiste.
J’ai été arrêté par la SDAT [1] samedi 11 juin, vers 3h30, pas loin de chez moi, alors que je rentrais.
Je suis inculpé de six incendies de véhicules qui ont eu lieu à Paris et Montreuil entre janvier et juin, souvent revendiqués en solidarité avec des prisonnièr.e.s anarchistes (la dernière, la voiture d’une ambassade a été incendiée le soir de mon interpellation, dans le 17e).
Pendant des mois, les flics ont mis en place des filatures, des écoutes téléphoniques, ils ont installé une caméra dans l’entrée de mon immeuble, ils ont intercepté mon courrier (notamment les lettres des compas en prison) et regardé mon compte en banque.
Une autre personne (on se connaît seulement de vue mais il a toute mon estime) a été suivie, écoutée, etc., aussi mais pas mis en cause. Courage, mon vieux !
L’enquête de la SDAT a commencé en février 2022 sur ordre de la procureure Laure-Anne Boulanger, du parquet de Bobigny.
Ils ont aussi sorti des tiroirs une autre enquête, classée, qui avait été menée par d’autres flics, sur une cinquantaine d’incendies de véhicules, revendiqués par les anarchistes, à Paris et environs, entre juin 2017 et 2021. La SDAT a “réuni” les deux enquêtes, mais la juge d’instruction (Stéphanie Lahaye du tribunal de Bobigny) a retenu seulement les six dernières actions. Pour les autres, je suis “témoin assisté”.
En plus de “destruction par moyen dangereux”, il y a aussi les accusations de mise en danger de la vie d’autrui, le refus de la signalétique (photos, ADN, empreintes, ils ne me les ont pas prises de force, malgré les menaces), le refus de donner les clefs de chiffrement de mes ordinateurs et les mots de passe des téléphones.
En ce moment, je suis en détention préventive à la Maison d’Arrêt de Villepinte. Je suis en forme, je vais bien même si mes proches me manquent beaucoup.
Normal, c’est la taule, et il faut la mettre en compte, quand on est ennemi de cette société.
Le retour de promenade est le moment le plus dur, ici. C’est quand la porte se ferme jusqu’au lendemain. Mais je me tourne vers la fenêtre et regarde dehors. Là-bas, quelque part, des compas continuent à se battre. Rien n’est fini.
Dès que j’aurai d’autres informations sur cette affaire, j’en écrirai plus (je n’ai pas beaucoup d’autres choses à faire !).
Mes pensées vont aux anarchistes en prison, partout dans le monde : à Damien (en taule à Draguignan), à Alfredo, à Anna, à Juan, à Toby, à Giannis Michailidis en grève de la faim… et à vous tou.te.s, là dehors !
La solidarité c’est l’attaque !
Vive l’anarchie !
IVAN”

Ivan a laissé son nom et n° d’écrou pour qu’on puisse lui écrire en solidarité, voir dans l’image ci-dessus.

Note:
[1] Sous-Direction Anti-Terroriste de la Direction centrale de la police judiciaire.


Quelques nouvelles d’Ivan (16 août)
Indymedia Lille / lundi 22 août 2022

Voici quelques nouvelles d’Ivan, le compagnon anarchiste arrêté le 11 juin en région parisienne pour incendie et en détention préventive à la maison d’arrêt de Villepinte.

Il va bien. Après deux semaines en cellule seul, il est maintenant avec un autre détenu.

Pendant que le compagnon était en garde à vue, la SDAT a auditionné aussi sa compagne. Quelques semaines plus tard, ils ont convoqué pour interrogatoire aussi sa fille (de 12 ans) et la mère de cette dernière. Les flics voulaient interroger la jeune fille toute seule, mais sa mère a refusé de la quitter.
Le compagnon n’a pas encore eu accès au dossier de l’enquête. La remplaçante de la juge d’instruction justifie son refus avec le fait qu’Ivan n’a rien déclaré lors des interrogatoires. L’avocate fera appel de cette décision de la juge remplaçante.
Depuis le 19 juillet, le compagnon ne reçoit plus son courrier (à une exception près). C’est peut-être parce que la juge est en vacances ?
Du coup, ne vous étonnez pas si vos lettres restent, pour l’instant, sans réponse. En tout cas, Ivan a toujours répondu à chaque lettre reçue.
Continuons à lui écrire et à montrer notre solidarité par tous les moyens nécessaires.
Vive le feu, vive l’attaque !

Son adresse :
Ivan Alocco
n. d’écrou : 46355
M.A. de Villepinte
40, avenue Vauban
93420 Villepinte


Une lettre d’Ivan, de la prison de Villepinte
Indymedia Lille / dimanche 25 septembre 2022

J’écris pour partager quelques réflexions et donner des nouvelles.
Je voudrais commencer par quelque chose qui illustre bien les méthodes du système judiciaire.
Quelque jours après mon arrestation, la juge qui a instruit l’enquête, Stéphanie Lahaye, a envoyé deux flics de la SDAT (dont l’OPJ « RIO 1237232 » – comme des machines, ils se nomment par des nombres) interroger ma fille et sa mère. Obéissant à ses ordres, aux procédures de la justice de l’État, ils ont essayé de faire pression sur une jeune fille de 12 ans. Ils auraient voulu l’interroger toute seule. Sa mère, évidemment, a refusé de la quitter.

Une procédure ordinaire, banale, un acte nécessaire à l’établissement de la vérité, pour juges et flics. Une façon, à mon avis, d’essayer de répandre la crainte. Un avertissement à mes proches et à tout un chacun car, dans la logique inquisitoriale de la Justice, les personnes qui restent ou qui se placent aux côtés d’un anarchiste inculpé pour des actions directes sont suspectes et doivent être importunés.

C’est un peu la même logique qui a été utilisée à mon encontre. Quand la même OPJ, lors des audiences de la GAV, me demandait, me reprochait d’avoir soutenu des anarchistes emprisonnés, en France et dans d’autres pays. De leur avoir écrit et parfois envoyé un peu d’argent. Bien sûr, j’ai souvent écrit à des nombreux compas emprisonnés et j’ai fait de mon mieux pour leur exprimer ma solidarité. Parce que ce sont des anarchistes et aussi parce que je suis convaincu de la justesse et de la nécessité des actions dont certains d’entre eux sont inculpés. Je pense que la solidarité, par tous les moyens nécessaires, avec des compas frappés par la répression est fondamentale.
Éviter de se solidariser ouvertement avec eux, de peur que la répression s’élargisse, signifierait rentrer dans le jeu de la Justice, accepter sa logique. Une logique qui nous ferait reculer de plus en plus, jusqu’a abandonner, ou presque, les révolutionnaires emprisonnés.

Mais venons-en maintenant aux faits pour lesquels je suis actuellement en détention préventive. Voici la liste des incendies :
– le 22 janvier 2022, un véhicule Enedis (à Paris) et un véhicule SFR (à Montreuil)
– le 20 février, un véhicule de l’Est Républicain (à Montreuil)
– le 4 mars, une voiture avec plaque diplomatique et une Aston Martin (à Paris)
– le 24 avril, un véhicule Enedis (à Paris)
– le 11 juin, une voiture avec plaque diplomatique (à Paris).

Comme je disais dans ma première lettre, je suis aussi témoin assisté dans une autre enquête, commencée par la PJ de Paris. Celle-ci porte sur 53 incendies de véhicules, revendiqués par des anarchistes, entre 2017 et 2021. Je n’en sais pas plus sur ce volet de l’affaire.

Dans cette liste, il y a des voitures d’institutions étatiques étrangères (ou de leurs hauts fonctionnaires), dans des quartiers riches de Paris. Des incendies qui doivent donner une image mitigée de la France, face au personnel diplomatique de ses partenaires internationaux. Pour ma part (et je sais que je ne suis pas le seul), je pense que tous les États sont les responsables directs des guerres, de l’exploitation, de la répression subies par des milliards de personnes. On pourrait voir ces incendies comme un petit retour de flamme. Dans l’attente de mieux.
Il y a aussi des véhicules de riches et de grandes entreprises, par exemple du secteur énergétique (comme Enedis, filiale d’EDF). Des sociétés qui, sous couvert de « souveraineté énergétique », entraînent les nuisances nucléaires d’aujourd’hui, les possibles désastres nucléaires de demain. Il y a des entreprises qui nous abrutissent avec leur propagande des valeurs capitalistes et étatiques (comme le quotidien l’Est Républicain) ou qui nous enferment dans la toile d’araignée numérique (comme SFR).

Chacune de ces actions a été expliquée par une revendication et je n’ai rien à y ajouter. En ce qui me concerne, je ne peux que soutenir de tout mon cœur la pratique de l’action directe destructrice. Je soutiens le choix des cibles de ces attaques, leurs motivations et le fait de les revendiquer ouvertement comme des apports à la lutte anarchiste contre l’État et le système capitaliste. Même chose pour la pratique de la solidarité internationaliste avec des anarchistes emprisonnés, que ces actions ont souvent exprimé.

Pour les nouvelles :
le 5 octobre je passerai devant le Juge des Libertés et de la Détention, qui décidera si prolonger la préventive ou me laisser sortir.
La nouvelle juge d’instruction qui s’occupe de mon affaire (la précédente à changé d’affectation) est Anne Grandjean, toujours au tribunal de Bobigny.
Mon courrier (en entrée et en sortie) est toujours bloqué, depuis le 19 juillet. Apparemment ça devrait se débloquer sous peu (enfin, il faut tenir compte des lenteurs de la bureaucratie judiciaire). En tout cas, dès que je pourrai le recevoir, j’essayerai de répondre à chaque personne qui m’a écrit, que je remercie à l’avance.
Le dossier de l’équeute à été déposé au greffe de la prison, du coup je pourrais (toujours en tenant compte des lenteurs de la bureaucratie carcérale) en savoir un peu plus sur ce que les flics disent.

Mes remerciements, de tout cœur, vont à mes proches, aux compas de l’Anarchist Bure Cross, à la Cassa Antirepressione delle Alpi Occidentali (aussi pour leur gentile disponibilité au soutien financier). Et à vous tou.tes qui m’avez écrit !
Un clin d’oeil à ceux et celles qui expriment leur solidarité par les actes, comme la belle banderole à Bure et celle près de Caen, les pancartes à l’arrivée du Tour de France, l’incendie d’un utilitaire de Vinci a l’Hay-les-Roses, d’un véhicule de l’entreprise de télécommunications Cosmote, à Athènes, d’une antenne-relais a Barcelone ou encore le saccage d’antennes-relais dans le Gers. Merci !
Une accolade fraternelle aux compagnons et compagnonnes anarchistes enfermés dans les prisons du monde entier, en particulier à Alfredo, qui lutte contre le 41-bis.

Vive l’anarchie !

Ivan
Villepinte, 25 septembre 2022

Pour m’écrire :
Ivan Alocco
n. d’écrou 46355
M.A. de Villepinte
40, avenue Vauban
93420 – Villepinte


Ivan, renouvellement de détention préventive

Indymedia Lille / dimanche 9 octobre 2022

Quelques nouvelles

Le 5 octobre, le compagnon anarchiste Ivan, arrêté le 11 juin car accusé de 6 incendies de véhicules, est passé devant la JLD, au tribunal de Bobigny. La vice-présidente Claire Vettier, la même qui avait entériné l’incarcération du compagnon le 13 juin, a renouvelé sa détention préventive pour quatre mois encore.

Entre-temps, son courrier semble se débloquer. Même si les anciennes lettres continuent de se couvrir de poussière dans le bureau de la juge d’instruction, le compagnon a reçu deux cartes postales et une lettre, envoyées ces derniers jours. Ça lui a fait un très grand plaisir et il remercie qui a pensé à lui.

N’oublions pas les révolutionnaires emprisonnés.

La solidarité c’est l’attaque !

Il écrivait il y a quelques jours : Une lettre d’Ivan, de la prison de Villepinte.

Pour lui écrire :

Ivan Alocco
n. d’écrou 46355
M.A. de Villepinte
40, avenue Vauban
93420 Villepinte

Ce contenu a été publié dans Anticarcéral, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.