Trente et Turin (Italie) : Solidarité avec Silvia et Anna

Trente : Blocage d’une route en solidarité avec Silvia et Anna en grève de la faim

Round Robin / samedi 8 juin 2019

Mercredi 29 mai, un groupe de compagnonnes et de compagnons a bloqué, avec un câble en acier et du barbelé, une des rues du centre de Trente, en solidarité avec Silvia et Anna, qui ont commencé ce même jour leur gréve de la faim. Ils/elles ont lancé des tracts, fait des interventions avec un haut-parleur, ainsi que des tags sur un magasin de téléphonie Vodafone et une agence de la Deutsche Bank. Elles/ils ont posé une banderole avec écrit « De la Libye aux prisons : non à la société des camps ».

Ici, le texte du tract :

Le progrès de la souffrance

« Comment un homme s’assure-t-il de son pouvoir sur un autre, Wilson ?
Winston réfléchit. « En le faisant souffrir », répondit-il.
« Exactement… Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations… Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. »
George Orwell, 1984.

En Italie, l’État torture. On ne parle pas seulement des violences perpétrées par les forces de l’ordre dans casernes et prisons. Il y a autre chose.
En ce pays il y a un régime de détention spécial, appelé 41bis. Il est destiné principalement aux inculpés de délits de mafia et de « terrorisme ». Le 41bis c’est être presque totalement isolé, rester enfermé dans sa cellule 22 heures par jour, ne voir personne ou tout au plus une ou deux personnes lors de la promenade, c’est la censure et la limitation de la poste, des livres et journaux, c’est pouvoir voir ses proches seulement à travers des vitres. Une forme de torture « blanche » et légalisée.
Ce régime de détention ignoble est justifié comme un moyen de couper les liens entre le prisonnier et l’organisation à laquelle il appartient. Faux. Des caméras aux micros, jusqu’à des réseaux d’espionnages aux mailles très fines, l’État a aujourd’hui les moyens de contrôler les vies de tout le monde, même « dehors » ; alors, imaginez-vous en taule… Les prisons spéciales ont un tout autre but : plier l’individualité du prisonnier, afin de le pousser à collaborer. De la torture, justement. Les nombreux prisonniers qui refusent de parler et envoyer ainsi quelqu’un d’autre à leur place, payent un prix très haut.
Depuis au moins vingt ans, l’État essaye d’élargir toujours plus la torture de la détention spéciale. Dans cette logique rentre placement, récemment, de plusieurs prisonniers.e.s anarchistes dans des sections de Haute Surveillance situées dans des prisons qui hébergent du 41bis, comme celles de L’Aquila, Opera et Tolmezzo. La proximité avec ces structures et des matons « préparés » pour la prison spéciale fait en sorte que les restrictions du 41bis se propagent aussi dans les autres sections. C’est le cas, entre autre, de Silvia et Anna, deux anarchistes qui sont enfermées depuis avril dans la nouvelle section AS de L’Aquila, en faisant l’expérience du « nouveau programme » : porte blindée toujours fermée, lit fixé au sol, 4 livres et 7 vêtements maximum dans la cellule, contrôles avec le détecteur de métaux à toute sortie ou entrée en cellule : l’aller et retour vers la salle de socialité, la douche, la promenade, le courrier bloqué pendant des mois, des rapports disciplinaires pour chaque broutille (éteindre sa lumière, porter un stylo à la promenade…). Les deux compagnonnes ont donc décidé de commencer une grève de la faim, depuis le 29 mai : pour être transférées et pour que cette section AS2 soit fermée à jamais.
Nous vivons une époque sombre. Entre les morts en mer et les camps pour immigrés, entre la licence de tuer donnée aux forces de l’ordre et des décrets pour la sécurité qui promettent des années de prison à ceux qui portent un casque lors d’une manifestation, lancent un fumigène ou bloquent une rue, la promesse de la torture de l’isolement s’adresse à toujours plus de monde : une « prison dans la prison » qui est complétée par les procès en vidéoconférence (rendus possibles par la collaboration de TIM-Telecom [grande entreprise italienne de télécommunication ; NdAtt.]). La manière forte avec les rebelles va de pair avec la persécution des plus pauvres, chassés dans les rues par la police et souvent envoyés derrière les barbelés des camps libyens financé par « nos » gouvernements.
Qu’est qu’on saura opposer à ce progrès de la souffrance ?

Brisons l’isolement !
Solidarité avec Anna et Silvia en grève de la faim !

Anarchistes

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Turin : Solidarité dans les rues

résumé de La Stampa / jeudi 6 juin 2019

6 juin : une trentaine de compas a crié des slogans en solidarité avec Anna et Silvia, dans le Duomo, la cathédrale de Turin, pendant la messe, qui a été interrompue pendant une dizaine de minutes. Quand les flics les ont poussé.e.s dehors, les compas ont essayé, sans y réussir, d’entrer dans la halle du marché de Porta Palazzo. Des bus et des trams ont été taggués.

depuis Macerie / jeudi 6 juin 2019

6 juin : le local de Specchio dei tempi [la rubrique des “lettres des lecteurs » du quotidien La Stampa; NdAtt.] a été recouvert d’affiches en solidarité avec Silvia et Anna

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