Ni loi, ni travail – Paris : Répression préventive [MAJ2 19 mai]

Arrestations préventives avant la manif du 12 mai à Paris

Paris-Luttes.info / vendredi 13 mai 2016

La police aimerait empêcher certaines personnes de manifester… Elle ne se contente pas d’arrêter pendant et après les manifs : elle le fait aussi avant.
Jeudi, nous sommes deux à quitter notre appartement dans le haut de Belleville pour rejoindre la manifestation à Denfert-Rochereau.
Quelques mètres après la sortie de l’immeuble, des flics en civil (au moins sept officiers de police judiciaire) sortent leur carte de police et nous arrêtent pour un contrôle d’identité. On proteste, et exigeons de connaître le motif : « Réquisition du Procureur ».

On finira par lire le document qui leur autorise entre midi et 20 heures, le contrôle, la fouille des sacs et voitures dans une vingtaine de quartiers de Paris. Au moment de sortir le document, on aperçoit dans le même dossier un papier avec un trombinoscope. Évidemment, l’arrestation est ciblée, le contrôle d’identité est un prétexte, puisqu’ils savent très bien qui nous sommes. Ils fouillent nos sacs où ils trouvent tout l’attirail du manifestant (lunettes de plongée, masque, sérum, pulvérisateur au maalox, foulards, gants, citron), ainsi que quelques œufs de peinture. Ils prétextent que l’absence de carte officielle les empêche d’établir avec certitude notre identité. On est embarqué au commissariat de Louis-Blanc malheureusement toujours en service malgré l’attaque qu’il a subi après les violences policières au lycée Bergson…

On est fouillé plus méthodiquement. Les œufs sont testés (pas sur la destination qui leur était réservée) et reniflés par les mêmes chiens qui nous ont arrêtés. De même pour le maalox. Le tout est pris en photo sous toutes ses coutures. Ils ne cherchent pas trop à nous interroger puisque nous ne répondons pas. A défaut de pouvoir nous inculper pour quoi que ce soit, ils veulent juste nous priver de manifestation, et nous garder les quatre heures complètes du contrôle que permet la loi. Juste avant de nous relâcher, dernière vengeance : ils vident méticuleusement un sachet de farine dans nos affaires. Nous repartons avec notre kit complet moins les œufs, mais la manif est déjà finie.

Depuis le début du mouvement, la répression est féroce, qu’elle se fasse directement à coups de matraque (des flics ou du SO), de flashball, de gaz, et de peines de prison ; ou plus insidieusement en empêchant toutes les tentatives de s’organiser (tenir une AG, occuper des lieux, bloquer, et maintenant aller en manif).

A priori, d’autres personnes ont été arrêtés préventivement jeudi. Il serait intéressant d’en connaître le nombre, et de s’organiser en conséquence la prochaine fois.

On va pas se laisser intimider, on reste déterminé !

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Contrôles « préventifs » avant la manif du 12 mai à Paris

Paris-Luttes.info / samedi 14 mai 2016

Dans la lignée des arrestations préventives déjà signalées sur Paris-Luttes avant la manif du 12 mai, voici un autre témoignage inquiétant d’une montée en puissance de la répression policière en mode « préventif ». Ces cas n’étant pas isolés et bel et bien ciblés, ce texte pose la question de l’existence d’autres situations similaires et de la riposte à envisager.

En début d’après-midi, comme depuis le commencement du mouvement social, je descends de chez moi pour me rendre à la manifestation de 14h…
Lorsque je franchis la porte de mon immeuble, je vois un groupe de policiers en civil posés en terrasse au tabac qui jouxte mon bâtiment. Ils m’appellent par mon prénom puis procèdent à un « controle d’identité préventif » (ce sont les mots du policier). Ils trouvent sur moi des lunettes de piscine, du sérum physiologique, un masque anti-poussière, en soi du matériel « défensif » et non pas les « armes » qu’ils étaient venus chercher. Considérant l’absence d’éléments concluants, ils me laisseront repartir me disant : »le deal c’est qu’on te laisse et que tu ne vas pas à la manifestation », non sans m’infantiliser au maximum en me raccompagnant dans mon immeuble, jusqu’au seuil de ma porte d’appartement…
Au-delà de l’humiliation de me faire contrôler à même la porte de chez moi, de l’image dans le quartier, me viennent des questions.
Notamment : est-ce que d’autres ont subi le même type de contrôle ?
J’ai par exemple aperçu qu’un des flics avait en sa possession un dossier avec photos…
Comment riposter ?

Un jeune habitué du cortège de tête des manifs parisiennes

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Région parisienne : notification d’interdiction de circulation*

Indymedia Nantes / samedi 14 mai 2016

Samedi 14 mai, je suis chez moi, en banlieue parisienne, et deux flics (visiblement du commissariat local) toquent à la porte.

Il veulent me donner une notification d’interdiction de circulation dans certaines rues de Paris. Étant donné que je leur dis tout de suite que je refuse de signer, ils ne me font pas lire la paperasse et je ne sais pas de quelles rues il s’agit, ni pour quelle période (mais c’est très probablement lié aux récentes manifestations – et bien sûr autorisé par les mesures de l’État d’urgence). De toute façon la seule chose à faire pour moi, est de me foutre totalement de leurs interdits.
Ma participation à la manif’ du jeudi 12 est un fait établi pour les flics : avec un autre compagnon, nous avons été contrôlés peu après être sortis du métro Vavin. Est-ce que c’est pour cela ? Le contrôle s’est « bien » soldé, c’est-à-dire qu’ils ont juste piqué une bombe de peinture. Ou parce que je suis connu comme un anarchiste revendiqué ? Je ne sais pas, et franchement je me fous un peu de ça aussi.

Contre l’État, toujours.

*NdAttaque : Il s’agit d’une interdiction de séjour dans certains quartiers de Paris pour les journées de mardi 17 et mercredi 18 mai. Voir images tout en bas [tirées d’Indy Nantes].

MAJ 17 mai : Selon les médias, il y aurait eu 53 personnes frappées par ce genre d’interdiction, sur toute la France (dont 48 qui en ont reçu la notification). 

MAJ2 – 19 mai : Mercredi 18, dana la soirée, la préfecture a émis encore 19 interdiction pour empêcher à des personnes d’aller à la manif du 19.  

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Intimidations policières acte II

Paris-Luttes.info / dimanche 15 mai 2016

Depuis la journée du 12 mai 2016, plusieurs militants ont subi des pressions policières, pour ne pas se rendre à la manifestation […]. Aujourd’hui 15 mai une nouvelle vague semble avoir frappé avec cette fois ci des interdictions préfectorales de se rendre en manifestation.

Le 12 mai au matin, alors que je sors de chez pour faire quelques courses, deux policiers en civil se présentent à moi en bas de mon immeuble et me demande mes papiers, ils me palpent et me demandent ce que je compte faire de la journée, si je vais aller à la manifestation, tout en me « conseillant » de ne pas m’y rendre. Ils prétendent agir sur réquisition du procureur de la république qui les autorise à mener des contrôles préventifs dans tous les quartiers de Paris, je ne leur demande même pas de voir leur autorisation lorsqu’ils me le demandent, persuadé que par les temps qui courrent le préfet ou le procureur peuvent bien autoriser les flics à faire ce qu’ils veulent. Les poulets iront jusqu’à me demander si je suis connu des services de police, leur présence en bas de mon immeuble un jour de manifestation auraient pourtant dû leur fournir un indice, mais il est vrai que les gallinacés ne sont pas connus pour leur force de raisonnement.
Une fois le contrôle terminé j’aperçoi sur le trottoir d’en face 2 autres policiers en civil à proximité d’une voiture banalisée. Ils resteront à surveiller mon immeuble jusqu’à 15h30 environ.
J’apprendrai plus tard que plusieurs autres personnes ont subi les mêmes intimidations le même jour.

Aujourd’hui 15 mai 2016, à 9h plusieurs coups de sonnettes virulents me tirent du lit, avec le sale présentiment que la bleusaille se trouve derrière ma porte. Bingo ! C’est dingue comme parfois notre intuition s’avère pertinente…. 4 ou 5 flics en uniforme cette fois me remettent un arrêté du préfet m’interdisant de me rendre le 17 mai dans les arrondissements traversés par la manifestation prévue à cette date, soit les 6ème, 7ème, 14ème et 15ème, ainsi qu’aux abords et sur la place de la République.

Je suis donc factuellement interdit de manifestation mardi et il y a fort à parier que qu’ils seront de nouveau devant ma porte le 17 mai et tous les jours de manifestations. L’état d’urgence permet d’interdire sur simple présomption à des individus de disposer de leur liberté de se déplacer, ces pratiques visent évidement à intimider et à isoler.
Se savoir surveillé depuis la porte de son appartement par des personnes en armes instille forcément la crainte et la paranoïa, tout dans leur comportement ressemble aux intimidations mafieuses, on t’attends en bas de chez toi, on te « conseille » de ne pas te rendre en manif, on te fait savoir que l’on sait quelle est la porte de ton appartement…

Au delà de la vaine dénonciation, à cette tentative de briser le mouvement en isolant quelques individus nous devons apporter une réponse collective et réaffirmer notre solidarité sans faille à tous et toutes celles et ceux qui subissent ces mesures.
Pour une personne interdite de manifestation que 100 autres descendent dans la rue.

La solidarité est notre arme, la liberté notre crime

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Des interdictions « préventives » de manifestations sont en cours de distribution par les forces de l’ordre

Paris-Luttes.info / dimanche 15 mai 2016

Plusieurs personnes participant au mouvement social contre la Loi travail se sont vues notifier par les forces de l’ordre des interdictions individuelles de paraître dans les prochaines manifestations (ou de certains arrondissements). Ces décisions « individuelles », concernent déjà plusieurs personnes et vont sûrement continuer à être distribuées dans les jours prochains. Elles sont basées sur l’article 3 de la loi sur l’État d’urgence.

Ces décisions administratives sont facilitées dans le cadre de l’État d’urgence. Attention, ces mesures fonctionnent comme les assignations à résidence et autres cochonneries : la décision est prise unilatéralement par la préfecture sans procès contradictoire ni preuves.

En gros, la préfecture à pris des décisions d’interdiction de manifestation individuelle.
Les flics sont chargés de les notifier. C’est à dire que plusieurs personnes sont concernées mais que la mesure ne prend effet qu’à partir du moment où les forces de l’ordre auront donné directement le document. Autrement dit, n’est pas un délit de participer à une manifestation si on était pas au courant de l’interdiction individuelle. Quel dommage pour celles et ceux qui, quand les flics passeront, seront partis faire des courses, ou une ballade, et se feront voler leur courrier en même temps ! […]

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Interdict. sejour 1Iner. sejour 2Interdiction sejour 3

 

 

 

 

 

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