acta.zone / samedi 22 février 2020
Compte-rendu de l’action d’auto-réduction du 22 février 2020 au Bio c’ Bon de la Rue des Pyrénées à Paris par le Groupe d’Auto-réduction Vénère (G.A.V).
« Les biens que nous avons pris sont à nous, comme est nôtre tout ce qui existe parce que nous l’avons produit. »
Tract autonome italien
Cette action s’inscrit dans la continuité du mouvement contre la réforme des retraites, de plusieurs actions d’auto-réduction menées par des gilets jaunes comme à Montpellier, des actions étudiantes rendant gratuits les repas au CROUS, et plus généralement dans une tendance de lutte contre la pauvreté et la propriété privée.
Historiquement, l’auto-réduction est une pratique théorisée et développée, notamment par les autonomes italiens des années 60-70, visant à obtenir des marchandises ou des ressources à un prix décidé par les travailleurs et travailleuses eux-mêmes, ou réduit à zéro, comme ici aujourd’hui, car jugé illégitime.
Parce que nous sommes pauvres, en tant que travailleur.se.s, étudiant.e.s, chômeur.se.s, etc., nous remettons cette pratique au goût du jour. Au-delà des fins de mois difficiles, devenues une réalité visible depuis l’irruption des gilets jaunes dans l’espace public, trop de gens se privent d’aller chez le médecin, de loisirs, de vacances, ou de nourriture, faute de moyens.
Cette action s’insère également dans le cadre du mouvement de contestation générale. La contre-réforme des retraites, soutenue avec vigueur par le Medef, exprime bien le conflit social actuel. Menée par le comité administratif des affaires bourgeoises, que certains appellent encore l’État, elle cherche à nous appauvrir et idéalement à nous faire crever avant la retraite – ça coûtera moins cher. Parce que nous sommes pauvres, parce que nos intérêts s’y opposent objectivement, nous luttons contre quiconque attaquera les plus exploité.e.s ou précarisé.e.s. Mêmes patrons, mêmes bourgeois, mêmes combats !
Si nous ciblons aujourd’hui cette enseigne, c’est aussi parce que nous estimons que tous et toutes avons le droit à une nourriture de la meilleure qualité possible. Pourtant, cette enseigne, avec ses coûts et ses marges exorbitants, rend accessible ses produits à la seule clientèle aisée. Sous couvert d’éthique, cette entreprise engendre des bénéfices sur le dos des travailleurs et travailleuses exploité.e.s au salaire minimum. Nous ne tombons pas non plus dans leur piège de la consommation “bio” et “responsable” qui vise à individualiser la lutte écologique et qui culpabilise celles et ceux qui ne peuvent pas “mieux consommer”. Des enseignes comme celle-ci, sous des faux-aspects écologiques, participent aussi activement à la gentrification de nos quartiers, à l’augmentation des loyers et à l’éloignement des plus pauvres du centre-ville.
À travers l’action du jour nous souhaitons démontrer notre solidarité avec tout.es les autres grévistes, ainsi que l’ensemble du mouvement social, et encourager à remettre au goût du jour cette pratique. Nous pensons que vu le contexte policier de ces derniers mois il est urgent de ne plus limiter la contestation à de simples manifestations.
L’ensemble des denrées alimentaires que nous nous sommes réappropriées aujourd’hui seront distribuées à des cantines solidaires.
Ils veulent réduire nos retraites, nous auto-réduirons tout ce dont nous avons besoin !