Débâchage dans la Vienne, l’épreuve de la défense de l’eau

La Grappe / samedi 25 mai 2024

Cette semaine, nous avons décidé de participer à la plus précieuse des épreuves, le juste partage de l’eau. En espérant que cette action n’aura pas perturbé le passage de la flamme Olympique dans la Vienne.

Nous, habitants du Poitou, qui aimons pêcher dans la Sèvre Niortaise, nous promener le long du Clain, faire du vélo au bord de la Charente, voyons tous les jours les ravages sur nos terres du système industriel et intensif de l’agro-business. Le tour de passe-passe qui permettrait de poursuivre leurs actions néfastes n’est plus à présenter, les biens connues bassines sont le fer de lance de ce système. Les différentes préfectures de notre territoire ne cessent d’ailleurs de s’acharner pour tenter, coûte que coûte, de faire naître ces projets. Ceci alors même que l’eau n’est plus potable dans de nombreuses communes, que le partage de l’eau est plus scandaleux année après année, et que nos vies sont étouffées par les pesticides et asséchées par les pompages effrénés.

Mais il ne faut pas être dupe, il n’y a pas que l’État dans ce système. Certains s’activent tous les jours pour tirer profit de la situation. Ils ne restent pas sagement à attendre les autorisations des pouvoirs publics. Ces irrigants cumulards s’accaparent jour après jour un peu plus la ressource en eau. Par des combines, manigances et pressions, dont ils ont le secret, ils tentent de saccager nos terres pour sauver leur business.

Alors, hier soir, nous avons mené l’enquête. Nous nous sommes rendus chez les plus gros irrigants d’un des départements concernés par les projets de bassines. Nous sommes allés chez les Surault, ces entrepreneurs de l’industrie du ravage de l’eau. Qui chaque année en plus de pomper l’argent public, dilapident la ressource en eau. Ce sont eux qui cumulent des centaines de milliers de mètres cubes. A eux tout seuls, par leurs activités dévorantes, ils consomment ce que nous sommes des dizaines de milliers à se partager chaque année.

Nos recherches n’ont pas été vaines. En arpentant les plaines qu’ils assèchent nous sommes tombés sur une bassine qu’ils ont construit pour leur profit personnel. Au nez et à la barbe de tout protocole de partage. Alors pour mettre fin à ces manœuvres nous avons fait simple. Nous avons entaillé le plastique qui permet l’accaparement de l’eau et débâché cette bassine.

Cette action ne cible pas le maraîcher qui nous nourrit tous les jours ou cet agriculteur qui se bat pour sa dignité. Il attaque un système industriel qui exploite l’ensemble des agriculteurs et il cible quelques entrepreneurs de l’agro-business qui pensent pouvoir poursuivre leur machinerie à l’abri des regards. Nous l’avons fait sous leur nez, qui plus est, en rendant inopérant la station de pompage à laquelle elle était reliée. Il n’a pas fallu faire grand-chose. Quelques coups de cutter, une bombe de mousse expansive et hop, voilà le robinet fermé, c’est pas Versailles ici !

Loin d’être inatteignables, on se demande plutôt comment ils vont faire lorsque tous les citoyens, qui, à cause d’eux, ne peuvent plus boire l’eau du robinet et voient leurs cours d’eau s’assécher, vont se mettre à les prendre pour cible.

Au détour de cette enquête nous avons constaté qu’en Vienne certains se mobilisent ce 25 mai pour une épreuve de défense de l’eau. Par notre travail d’enquête nocturne nous nous joignons à ces actions. Ce n’est qu’en faisant cesser les activités destructrices d’une agriculture industrielle que nous pourrons construire de justes usages de la plus précieuse des ressources, l’eau.

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