Leipzig (Allemagne) : Liberté pour Benni !

knack[punkt] / samedi 6 janvier 2024

Liberté pour Benni ! – Détention préventive et perquisition domiciliaires, luttons contre la répression

Aujourd’hui, 5 janvier 2024, notre compagnon Benni a été placé en détention préventive à la maison d’arrêt de Leipzig. Que s’est-il passé ?

Le 23 novembre 2023, les flics ont effectué encore une fois une descente de grande envergure contre le milieu autonome de Leipzig (1). Il ne leur a pas suffit de mettre des appartements sens dessus dessous et d’exiger des échantillons d’ADN pour des broutilles. Cette fois, ils augmentent encore la pression, en rendant chaque procès, un moment déjà dégueulasse en soi, encore plus effrayant à l’avenir. Devant la salle de tribunal où avait lieu le procès du squat Luwi71 (2), des « policiers d’élite » en uniforme attendaient, en compagnie de l’infect Karl Keim, un gratte-papier de torchons à sensation (3). C’était certainement pensé comme une démonstration de force, après les émeutes du Jour J, en juin dernier. Le but officiel de ce spectacle était d’effectuer des perquisitions domiciliaires chez deux personnes mises en examen et de leur prélever à nouveau l’ADN, ainsi que de placer le camarade Benni en détention préventive.

L’appartement d’une troisième personne a été fouillé aussi. Là, les flics ont cherché, sans succès, des feux d’artifice, des fringues noires et des revues avec des instructions pour le bricolage et ils ont emporté des appareils informatiques bien chiffrés. Les faits reprochés aux trois personnes ne sont pas liés. Alors que pour deux personnes il s’agit d’inculpations pour des faits distincts, mais dans les deux cas dans le contexte des événements qui ont eu lieu après le rendu du jugement dans le procès Antifa Ost* (4), la troisième compagnonne est accusée de l’incendie de véhicules de DHL, en réaction à des perquisitions domiciliaires, en février 2023** (5). Le fait que toutes les perquisitions aient été menées ensemble est probablement dû à la concentration des forces policières et à leur volonté de créer un scénario plus menaçant.

Benni, le camarade condamné à la détention préventive, n’était pas allé au tribunal ce jour-là, ce qui s’est révélé être un gros coup de chance. Il s’est rendu de lui-même aujourd’hui, le 5 janvier 2024. On ne peut pas parler ici de libre choix, mais plutôt du constat amer que la liberté de quelqu’un.e finit dès que son nom figure sur un mandat d’arrêt – qu’il s’agisse de la peine sans jugement qu’est la détention préventive, d’un procès visiblement imposé par des volontés politiques ou de la prison à ciel ouvert de l’exil.

Le Jour J

Benni est accusé d’avoir lancé un cocktail Molotov sur les forces d’intervention de la police, le 3 juin, sur la place Alexis-Schuhmann. Les uniformes ignifuges de deux agents de la tristement célèbre unité USK Dachau*** auraient pris feu. Mais personne n’a été blessé, seulement une bonne frayeur. Les unités USK, appelées « sniffeurs de coke » dans le jargon interne de la police, se font volontiers remarquer par des scandales liés à l’incitation à la haine raciale et à des viols et ne sont pas considérés comme très impressionnables (6).

Ce fait justifie, selon les enquêteurs, l’accusation de tentative d’homicide. Leurs indices reposent sur tout l’arsenal des méthodes répressives, y compris des perquisitions chez ses parents, sur son lieu de travail et chez des journalistes de gauche, ainsi que la nasse qui a enfermé plus de 1000 personnes pendant 12 heures [le 3 juin 2023 ; NdAtt.] (7).

Le Jour J dont il est question était la mobilisation des antifascistes, le samedi après le rendu du jugement dans le procès politique Antifa Ost, à Leipzig, pour manifester et porter leur solidarité aux condamné.es et pour défendre l’antifascisme autonome. Les quatre inculpé.es ont été condamné.es à des longues peines à cause d’indices cousus de fil blanc et en partie sans que leur participation directe aux faits reprochés ait été prouvée (8).

Apparemment, les autorités répressives de la ville, les tribunaux et la police étant conscients de toute la merde qu’ils ont fait ces dernières années, la panique s’est répandue. Une forte préoccupation devant des antifascistes en colère et un pleurnichement gênant dû au fait que des milliers de policiers auraient été impuissants à faire respecter le droit démocratiques de se rassembler. Car les autonomes tout-puissants seraient impossible à contenir, comme cela est arrivé lors des émeutes du 18 septembre 2021 ou du 12 décembre 2015.
Ce qui, certes, n’est pas tout à fait faux. Le niveau de colère était connu par quiconque aurait pris en compte les dernières années dans cette ville et oui, elle aurait été difficile à contenir. Mais cela a visiblement suffit comme prétexte pour supprimer la démocratie bourgeoise pendant tout un week-end. Des appels à l’émeute publiés anonymement ont été utilisés pour justifier cela, mais il ne faut pas oublier qu’ils auraient interdit la manifestation de toute façon, comme cela était déjà arrivé, entre autre, pour la manifestation contre la répression « Tou.tes ensemble – autonomes, résistant.es, irréductibles » du 23 octobre 2021.

En réponse à la sentence du procès Antifa Ost, le mercredi et le vendredi avant le grand Jour J, il y a eu des moments incontrôlables, où la police a parfois été surprise, parfois en a bien pris pour son compte et parfois la foule a tout simplement pu se défouler. La nasse du samedi, planifié depuis longtemps, a montré que leur objectif principal était d’éviter des émeutes de masse et de retenir, traumatiser et réprimer autant de monde que possible (10).

En avant !

La mobilisation du Jour J était justifiée. Même si le prix à payer pour cette journée a été élevé, cela ne signifie pas qu’on n’aurait pas dû essayer. Des années de répression grandissante et de quotidienne dérive à droite de la société et de ses institutions ont exigé une réponse ou, du moins, une tentative d’y faire face. Tous les trois mois, des perquisitions domiciliaires aux allures de harcèlement (et pour la plupart illégales) ont lieu dans le quartier de Connewitz, qui font de chacun.e de nous des victimes indirectes. Le sentiment d’être seul.es dans la lutte contre les activités fascistes et d’être ensuite « récompensé.es » avec de la surveillance et de la prison. La triste réalité est que l’État, en plus de l’organisation quotidienne de notre exploitation, peut désormais, avec l’assouplissement de l’utilisation de l’article 129 du code pénal [association de malfaiteurs ; NdAtt.], punir les dernières choses qui nous restent : la solidarité et l’amitié. Qui ne ressent pas de colère ou arrive juste à regarder ailleurs ?

Il est beau de voir que certains signes de solidarité ont déjà été envoyés, de différents endroits du monde. La lutte continue, même en période de persécution et de détention préventive. Ensemble, contre leur société d’exploitations, de matraques, de frontières et de taules !

Liberté, bonheur et force pour ceux/celles en cavale !

Amour et confiance pour tou.tes les antifascistes.

Liberté pour Benni !

Soligruppe Freiheit für Benni
[groupe de soutien Liberté pour Benni]

Les informations sur le compte pour le soutien financier et l’adresse pour les lettres suivront sous peu. Voilà, déjà, notre adresse émail : free_benni(at)riseup.net

 

Notes :
[1] https://knack.news/7433
[2] https://leipzigbesetzen.noblogs.org/
[3] https://m.bild.de/regional/leipzig/leipzig-news/leipzig-razzien-gegen-linksextreme-86196818.bildMobile.html
[4] https://tagxantifaost.noblogs.org/
[5] https://knack.news/4816
[6] https://amnesty-polizei.de/polizei-skandal-in-muenchen/https://www.br.de/nachrichten/bayern/polizist-wegen-vergewaltigung-verurteilt-revision-beantragt,TkYW9nLhttps://www.sueddeutsche.de/bayern/kriminalitaet-muenchen-prozess-um-polizeiskandal-angeklagter-bestreitet-vorwuerfe-dpa.urn-newsml-dpa-com-20090101-230308-99-878668
[7] https://www.mdr.de/nachrichten/sachsen/leipzig/leipzig-leipzig-land/razzia-polizei-linksextremismus-tag-x-djv-kritik-100.html
[8] https://www.soli-antifa-ost.org
[9] https://allezusammen.noblogs.org/
[10] https://www.freexantifas.org/

 

Notes d’Attaque :
* une affaire répressive par laquelle la justice du Land de Saxe (où se trouve Leipzig) accuse quatre antifascistes d’une série d’agressions contre des nazis, entre 2018 et 2020. Le procès en première instance s’est soldé, en mai 2023, avec des peines allant de deux ans et demi à cinq ans et trois mois de prison.
** En réalité, l’attaque a eu lieu la nuit du 15 au 16 janvier 2023, les perquisitions le vendredi 13.
*** Une des unités de la police anti-émeute bavaroise venues en renfort à Leipzig ce jour-là.

*****

Mise à jour du 26 février :

extrait de knack[punkt] / mercredi 21 février 2024

[…] Nous, le comité de soutien de Benni, essayons d’organiser sa vie dans la taule et tout ce qui va avec.
Mais nous avons besoin de soutien aussi ! Si vous avez quelque chose à proposer pour nous soutenir, écrivez-nous à l’adresse : free_benni@riseup.net (clef PGP disponible sur demande). Ainsi, on pourra coordonner les choses et mettre en contact les gens, le cas échéant.

[…] Il faut de l’argent pour les frais d’avocat, la vie derrière les barreaux et les activités solidaires !
Titulaire du compte : Rote Hilfe Leipzig
IBAN: DE88 4306 0967 4007 2383 05
Référence : Free Benni

[…] En maison d’arrêt, Benni n’a aucun contact avec le monde extérieur. Lui écrire des lettres est, avec les courts parloirs qu’il a, la seule façon de le faire participer à notre vie ici dehors. Il est donc heureux de recevoir des lettres et des cartes postales. […]

Son adresse :
Joris Ben Jonas
JVA Leipzig
Leinestraße, 111
04279 – Leipzig (Allemagne)

Encore une fois, on vous demande explicitement de faire attention à ce que vous écrivez (les lettres sont lues).

Ce contenu a été publié dans Antifa, International, Nique la justice, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.