Une journée contre Lafarge et le monde du béton

Mise à jour du 11 décembre, le communiqué suite à l’action de Val-de-Reuil :

La forêt de Bord se soulève !

Communiqué suite l’envahissement prompt de la centrale à béton de Val de Reuil dans l’Eure

Journées contre Lafarge et le monde du béton / dimanche 10 décembre 2023

Le 10 décembre aux alentours de midi nous avons été plus 100 personnes à émerger de la forêt de Bord, menacée d’être ensevelie sous le béton par le projet d’autoroute A133-134, pour nous introduire sur le site du bétonneur Lafarge situé à Val de Reuil afin de dénoncer les activités de la multinationale et l’artificialisation des terres agricoles et forestières qui disparaissent face à l’avancée du béton.

Sur place des inscriptions ont fleuri pour rappeler à toutes et tous la vérité sur l’entreprise, les conséquences de l’exploitation qu’elle perpétue sur le territoire français et au delà. De multiples banderoles ont été déployées, on pouvait lire sur le site Moins de ciment, Plus de vivant et de paysans.
Si quelques petits désarmements facétieux on bien eu lieu sur le site, on est assurément loin des centaines de milliers d’euros de dégâts annoncés dans la presse. Mais il semblerait que l’antiterrorisme se recycle comme inspecteur, ou voiture balais, de quelques bris de vitre, de quelques locaux administratifs chahutés, de quelques jets de mousse expansive bien ajustés dans des conduits et tuyaux bien choisis, et d’un ravalement de façade tout en couleur.
Évidemment, malgré les calomnies d’autorités qui n’ont plus que le mensonge pour garder la face, personne n’a été « séquestré » durant cette action de 10 minutes montre en main qui ne visait pas des individus, mais une filière industrielle écocidaire, et nous ne sommes pas sans savoir que les gardiens et vigiles ont reçu l’ordre de ne pas intervenir lors des actions de ces journées contre le béton. Les policiers soi-disant bousculés, ont quant à eux tiré des grenades lacrymogènes à bout portant sur des militant.es qui déjà se retiraient du site.
Nous démontrons ainsi notre commune détermination à bloquer, désarmer les multinationales prédatrices, les filières industrielles destructrices qui pilotent le bétonnage des terres par la mega- machine métropolitaine. « Nous revendiquons l’arrêt » définitif « de » l’artificialisation des terres agricoles, des zones humides, des forets. Pas seulement aux abords de la foret de Bord contre l’A133-134. Pas seulement à Briouze contre la D924. Pas seulement en Normandie. Partout ou des collectifs d’habitants se lèvent pour lutter pied à pied sur le terrain contre des projets d’aménagement structurants, pour stopper le ravage « du vivant ». Toutes ces actions disséminées partout sur le territoire préfigurent une remise en cause globale de modèles de production mortifères dont il nous faut précipiter la sortie. Les alternatives en matière de bâtir sont là.
Derrière le petit numéro médiatique du préfet et du directeur du site pour diaboliser les militants, le site sera sans doute bientôt de nouveau en fonctionnement. Mais ce n’est que le début. Le béton, ne passera pas, ni en Normandie, ni ailleurs. Les forces sont là. Cette journée en appelle d’autres. Nous continuerons à leur mettre des bâtons dans les routes.

Les pics mars et les tritons crêtés de la forêt de Bord

*****

Le Monde / dimanche 10 décembre 2023

À Val-de-Reuil

« Laisse béton », « Dindons de Lafarge »… Des manifestants ont décoré, dimanche 10 décembre, de grandes banderoles une unité de production de béton située à Paris en bord de Seine, pour dénoncer l’impact climatique et sociétal de ce secteur, au terme d’un week-end d’actions similaires organisées dans le pays.
Sous le regard de policiers déployés à distance, environ cent cinquante personnes de tous âges, le visage parfois couvert d’un masque de dindon, se sont réunies dans une ambiance bon enfant devant le site du groupe mexicain Cemex, dans le 13e arrondissement, à deux pas de la bibliothèque François-Mitterrand.

« Nous nous réapproprions les lieux occupés par les bétonneurs afin d’ouvrir un espace de parole aux luttes locales qui se battent contre l’accaparement des terres et la bétonisation des projets pharaoniques du Grand Paris ou des JO 2024 », ont expliqué les organisateurs (Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion, Youth for Climate…), dénonçant aussi « les nombreuses dérogations » à l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN) inscrit dans la loi Climat et résilience. Etaient notamment présents des opposants aux projets de double voie rapide dans les Yvelines ou de ligne du Grand Paris Express sur les terres agricoles de Saclay et de Gonesse.

Au même moment, au Teil, en Ardèche, la préfecture a compté cent cinquante manifestants environ, et une portion de la RD86 avait été interdite à la circulation, les organisateurs prévoyant une « course de lenteur ». Dans l’Allier, où une quarantaine de personnes se sont retrouvées, comme dans le Puy-de-Dôme, les préfectures avaient pris des arrêtés d’interdiction de manifester aux abords des établissements du groupe Lafarge.

L’accès au site de Val-de-Reuil (Eure) a, lui, été forcé dimanche en milieu de journée par une centaine de personnes « cagoulées et masquées », selon le sous-préfet de Bernay, Philippe Fournier-Montgieux, ajoutant que le gardien avait été « séquestré » dans une pièce jusqu’à l’intervention de la police une dizaine de minutes plus tard. Les manifestants ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes, a dit le sous-préfet, qui a précisé qu’une enquête était ouverte et que « la centrale pourra redémarrer normalement lundi ».

La veille, dans le Tarn, des personnes ont défilé contre l’autoroute A69, certaines entrant sur le chantier d’une centrale d’enrobés bitumineux qui composeront le revêtement de ce projet.

Des manifestations ont aussi eu lieu devant une centrale à béton du groupe Lafarge (Holcim) à Saint-Barthélémy-d’Anjou (Maine-et-Loire), ou encore à Sainte-Cécile (Saône-et-Loire) contre un projet d’extension d’une carrière, dont l’exploitant est une filiale de Vinci Construction.

La production de ciment et de béton représente 8 % des émissions de CO2 mondiales, plus que le transport aérien et le transport maritime réunis, admettent les professionnels. […]

*****

Val-de-Reuil (Eure) : Des dégâts pour « plusieurs centaines de milliers d’euros »

FranceInfo / dimanche 10 décembre 2023

Les faits se sont produits ce dimanche 10 décembre à 12h30. Le site eurois du cimentier Lafarge a été violemment attaqué par une centaine de militants écologistes cagoulés qui ont ensuite séquestré le gardien et occupé les lieux à l’occasion d’une « journée d’action contre Lafarge et le monde du béton ».
La police nationale est rapidement intervenue pour les disperser au moyen de gaz lacrymogène. Alors que l’exploitant du site a déposé plainte, le préfet de l’Eure, Simon Babre, a déclaré « condamner fermement ces agissements ».

Sur place, les militants ont dégradé les installations de manière « extrêmement importante » selon le sous-préfet de Bernay, Philippe Fournier-Montgieux, sur place.
Des produits ont été introduits dans les silos à béton et des tags liés aux revendications des Soulèvements de la Terre ont été observés sur le site (« Stop Béton »).

Le montant des dégâts pourrait s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros. Au total, 18 salariés sont au chômage technique. Le site ne sera pas en mesure de reprendre une activité normale ce lundi 11 décembre.

Une cinquantaine de policiers ainsi que l’exploitant étaient toujours sur place cet après-midi, rejoints, vers 18h, par une brigade de la SDAT (Sous-direction anti-terroriste).
L’ensemble des militants ayant pris la fuite, aucune interpellation n’a pu avoir lieu, mais l’analyse des bandes vidéo pourrait aider à les identifier. […]







Ce contenu a été publié dans Le climat se réchauffe : insurrection !, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.