La Nemesi / samedi 14 janvier 2023
Aucune reddition.
Leur lutte est notre lutte.
Dans un monde où le profit est le moteur universel qui fait bouger et détermine les événements de la planète, nous ne sommes pas surpris du fait que la guerre soit chaque jour plus présente dans nos vies.
Une guerre combattue aux frontières de l’Europe, une guerre contre-insurrectionnelle contre l’ennemi interne : la guerre démultiplie les profits, toujours ceux des mêmes personnes, et sévit sur les couches les plus pauvres de la population, sur la nature, sur la vie elle-même.
Partout, les buts sont les mêmes : dominer, exploiter, piller.
Les conséquences, elles aussi : vie chère, souffrances et exploitation.
Ceux qui opposent leur résistance à tout cela, qu’il s’agisse de mouvements populaires de lutte ou d’organisations et d’individus révolutionnaires qui osent conjuguer idées et action, tombent dans les engrenages répressifs.
Les mêmes mécanismes d’isolement et d’aliénation qui se répandent dans la société, nous rendant seuls et faibles, sont reproduits et deviennent extrêmes à l’intérieur de la prison, un pilier incontournable du système capitaliste, par l’isolement, la dispersion et l’application de régimes différenciés.
Et si, depuis toujours, les prisons et les tribunaux sont des instruments féroces de la lutte de classe, dans les taules il y a des personnes qui ne se soustraient pas à cette bataille. Aujourd’hui, c’est le cas de ces compagnons et compagnonnes qui ont choisi d’entreprendre une grève de la faim illimitée, jusqu’à la mort.
En Italie, Alfredo Cospito, en grève depuis le 20 octobre pour l’abolition du régime d’isolement 41-bis et de la peine de perpétuité avec période de sûreté illimitée et en solidarité avec tous les prisonniers révolutionnaires.
En France, Ivan Alocco, en grève de la faim pour la deuxième fois (mais non de façon illimitée), pour soutenir la lutte d’Alfredo Cospito.
Dans les territoires occupés par Israël, Nidal Abou Aker, Ghassan Zawahreh, Salah Hamouri, Ziad Qaddoumi et des dizaines d’autres prisonniers, en grève contre la détention administrative, possiblement illimitée.
En Turquie, des militants, des journalistes et des représentants du parti philo-kurde HDP, emprisonnés avec des fausses accusations de terrorisme et condamnés à des dizaines d’années de prison. Depuis des années, les prisonniers kurdes mènent une bataille, avec les instruments de la résistance et de la grève de la faim, contre la prison spéciale et pour la libération de la ségrégation d’Abdullah Öcalan et de tous les prisonniers politiques.
Ceux qui luttent avec détermination n’ont jamais perdu : mettre en jeu sa propre vie pour affirmer ses valeurs révolutionnaires est en soi une victoire.
Mais parfois la lutte paye dans le sens le plus empirique du terme. Il y a quelques jours, la nouvelle est tombée de la libération sous caution de dix des onze prisonniers et prisonnières révolutionnaires turcs détenus en Grèce, en grève de la faim depuis le 7 octobre. Ces camarades demandent la révision de leur procès, ils refusent l’accusation de terrorisme et la renvoyant à l’expéditeur, en faisant remarquer la collaboration impitoyable entre les États turc, grec et états-unien, qui a mené à leur arrestation.
En Grèce, le combattant anarchiste Thanos Hatziangelou, en grève de la faim et de la soif, contre son transfert punitif dans la prison de Nigrita, suite à sa participation aux luttes des détenus, a gagné cette lutte, en obtenant l’acceptation de ses requêtes.
Ce que les États veulent obtenir, par la torture et l’isolement, ce sont le repentir, la capitulation, l’abjure. Ces camarades refusent l’hypothèse de se rendre et de collaborer, ils refusent d’être enterrés vivants. La grève de la faim est leur instrument de lutte, leur corps est leur dernière tranchée.
La résistance de ces prisonniers est grande, généreuse. Ils payent un prix extrêmement élevé, afin de soutenir la possibilité et la nécessité de la révolution. Quelle que soit la tendance politique à laquelle ils appartiennent, ils sont une partie précieuse du mouvement de libération.
Comme le disent les prisonnières et les prisonniers turcs qui ont lutté par une longue grève de la faim :
« Notre résistance nous réunit. Notre résistance est le fondement de l’internationalisme. Notre résistance renforce l’unité de nos peuples ».
Nous appelons à une mobilisation internationale et internationaliste, jeudi 19 janvier 2023, pour l’abolition du 41-bis et de toutes les formes d’isolement et de torture, pour que, depuis chaque endroit de la terre, puissent se lever les lueurs de prisons en flammes.
[…]
Assemblée en solidarité avec les prisonniers en lutte [Athènes].