En Martinique, le gouvernement essaye de négocier avec les syndicats…
extraits du Monde / jeudi 25 novembre 2021
La situation s’envenime à la Martinique. Au soir du troisième jour de la grève générale, mercredi 24 novembre, les barrages sur les principaux axes routiers de l’île se multipliaient.
Les autorités de Martinique ont invité l’intersyndicale qui a lancé les blocages sur l’île à discuter et envisage de durcir le ton. « Nous avons reçu une invitation à une rencontre jeudi matin à 10 heures [15 heures à Paris] avec le préfet et le président du conseil exécutif [de la collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy] à la préfecture », a annoncé Eric Bellemare, secrétaire général de Force ouvrière Martinique, mercredi après-midi lors d’un point presse. […]
La préfecture de Martinique avait déjà signalé « des événements très violents (…) dans l’agglomération de Fort-de-France » dans la nuit de mardi à mercredi. « Sept policiers et cinq gendarmes ont été légèrement blessés mais ils n’ont pas été hospitalisés », selon la même source.
« Cinq personnes ont été interpellées et se trouvent toujours en garde à vue pour tentatives d’homicide et violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique, dégradations par incendie, port et détention d’armes, participation à des attroupements armés. Ils ont tous été déjà condamnés », a-t-elle ajouté.
A la Guadeloupe, la tension ne redescend pas non plus. La préfecture, qui a prolongé le couvre-feu jusqu’à samedi, a annoncé que deux gendarmes avaient « été légèrement blessés » et que six personnes avaient été interpellées durant la nuit de mardi à mercredi. Le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, a assuré qu’à la Guadeloupe, « la réponse pénale [était] en cours : pratiquement une centaine d’interpellations au moment où je vous parle ». […]
…mais les gens s’en foutent des pacificateurs syndicaux !
France Info / mercredi 24 novembre 2021
L’intersyndicale, à l’origine de l’appel à la mobilisation générale, en Martinique, a tenu une assemblée générale, dans la matinée de ce mercredi 24 novembre 2021. Le leader, Bertrand Cambusy, également secrétaire général de la CSTM, a été contesté : la décision de lever les barrages, annoncée hier soir, par les six représentants des syndicats n’a pas été comprise, ni admise, par nombre des personnes mobilisées. Leur intention a été mal comprise, ont-ils précisé. L’arrêt des blocages n’étaient préconisé que « pour la nuit« , selon le son de cloche exprimé aujourd’hui.
Pourtant hier, il était bel et bien question de débloquer l’île, pour éviter tout nouveau débordement, après des violences tout au long de la journée de mardi.
Au final, choix a été fait de maintenir les points de blocage du territoire, voire de les renforcer, en attendant l’ouverture des négociations, avec l’Etat et la Collectivité territoriale de la Martinique, notamment.
Mais loin de l’apaisement, la situation a été explosive, dans l’île, durant la nuit dernière, les tenanciers des barrages étant bien décidés à maintenir leurs positions.
Au Lamentin, dans les quartiers de Mahault ou de Carrère, pas l’ombre d’un représentant syndical. Des groupes d’individus sont installés dans les ronds-points et y ont incendié des voitures et érigé des barricades de branchages. Ce, au nom des « citoyens« . Maintenant que la goutte d’eau a débordé, ils n’entendent pas quitter les lieux et, encore moins répondre aux injonctions du préfet de lever les barrages. Une fois encore, des coups de feu ont été tirés.
Comme lundi soir, il y a aussi eu des échanges musclés, durant la nuit de mardi à mercredi, entre manifestants et policiers, dans le quartier populaire de Sainte-Thérèse, à Fort-de-France.
Depuis lundi matin, le réseau routier est fortement perturbé, avec des barrages bloquant les principaux axes routiers, notamment aux abords des grands secteurs d’activité du Lamentin, situé au centre de la Martinique, au Sud de Fort-de-France.
Les réseaux de transports en commun étaient totalement à l’arrêt, mardi, mais les personnels soignants et les forces de l’ordre ont malgré tout pu franchir quelques barrages, a constaté une journaliste de l’AFP.
Ces blocages ont également contraint le rectorat à fermer plus de la moitié des établissements scolaires. […]
À la mi-journée, 52% des écoles du premier degré et 61% des établissements du second degré étaient fermés.
Le parquet de Fort-de-France a ouvert une enquête, mardi 23 novembre, après que des forces de l’ordre et des pompiers ont été la cible de tirs par armes à feu, la veille, à Sainte-Thérèse.
Si ces attaques n’ont fait aucun blessé, plusieurs impacts de balles ont été constatés, sur les véhicules des forces de sécurité, selon des sources policières. […]
Ces violences se sont produites en marge de l’appel à la grève générale, qui a débuté lundi en Martinique, pour dénoncer, comme en Guadeloupe, l’obligation vaccinale et les suspensions de soignants, mais aussi le coût de la vie et les prix des carburants. Derrière cette mobilisation, 17 syndicats qui ont signé un préavis, le 15 novembre dernier, en provenance de tous les secteurs économiques de l’île.
La Guadeloupe presque paralysée
France Info / jeudi 25 novembre 2021
On ne peut pas vraiment parler d’amélioration de la situation, ce jeudi matin, 25 novembre 2021, ni sur le terrain, ni sur le plan des négociations. La crise sociale et ses conséquences perdurent, en Guadeloupe.
Le territoire reste globalement paralysé, en ce onzième jour de grève générale illimitée, lancée à l’origine contre la vaccination obligatoire et le pass sanitaire, mais où les personnes mobilisées ont aussi des revendications sociales et économiques.
Les axes stratégiques sont toujours occupés par des blocages et ceux qui les ont érigés.
Pourtant, il y a eu douze levées de barrages, durant la nuit, en Grande-Terre et en Basse-Terre.
Mais, parfois, sitôt les forces de l’ordre parties, les barricades sont remises en place.
C’est le cas à Vieux-Habitants, à Montebello/Petit-Bourg, à La Boucan/Sainte-Rose, Mare-Gaillard/Le Gosier, ou encore à Perrin/Les Abymes.
Sur plusieurs petites routes des Grands-Fonds, des hommes encagoulés coupent, encore à cette heure, des arbres, pour empêcher toute circulation.
Dans le quartier de Bouliqui, aux Abymes, où un jeune homme a reçu une balle à la jambe, hier, on ne passe pas non plus, malgré les opérations de libération de la chaussée menées ce mercredi ; il y a un brasier, sur place, ce matin.
Un feu nous aussi été signalé, sur la route de Zevallos, au Moule. Du côté de Basse-Terre, la circulation est difficile à Rivière-des-Pères, où le barrage avait été complètement nettoyé, hier, par les autorités ; les automobilistes doivent, comme en de nombreux autres points, slalomer entre les détritus.
On note aussi les premiers barrages érigés à Lamentin et à Baie-Mahault (Outre ceux de la semaine dernière, à la Jaille, sur la RN1). Les portes d’entrée du bourg de Baie-Mahault sont obstruées : Fonds Sarail, Beausoleil et Destrellan.
La soirée a été, semble-t-il, plus calme que les précédentes. Des heurts nous ont tout de même été signalés, notamment à Baie-Mahault et à Morne-à-l’Eau. Une poignée de manifestants a tenté de résister, là où les forces de l’ordre se sont attelées à lever les barrages.
« L’intervention, en soutien de l’antenne locale du GIGN, a mis en échec un groupe d’individus qui tentait de s’en prendre à la brigade de gendarmerie de Morne-A-l’Eau' » indique la préfecture, qui ajoute que « dix interpellations ont eu lieu, sur l’ensemble du département et feront l’objet d’un traitement judiciaire« .
Parmi les évènements délictuels survenus, hier, une supérette de Vieux-Habitants a été éventrée, à l’aide d’un engin mécanique. […]
Victimes collatérales de la situation actuelle, plusieurs services publics sont fermés et ne peuvent recevoir les usagers, comme le Département, la sous-préfecture ou encore la préfecture. […]
Les écoles, collèges et lycées ont gardé portes closes, ce jeudi. Le Rectorat fera le point, cet après-midi, pour identifier les établissements où les cours pourront reprendre en présentiel, dès demain.
La Poste fait aussi savoir que plusieurs de ses agences et centres de tri, ne peuvent ouvrir, ce jour. […]