Métropole de Grenoble : Attaques coordonnées d’antennes-relais

Indymedia Nantes / mardi 19 mai 2020

Attaques incendiaires autour de Grenoble

Sous-vie ou insoumission ?

Chaque jour de ta vie, ton corps dit des choses. Et ton corps ne peut pas mentir.

Entends-tu le bruit des moteurs, le vrombissement des drones, des hélicoptères ? la tention électrique des néons, des lampadaires ?
Combien d’heures par jour passées face à un écran télé, un écran d’ordinateur ? de tablette ? de smartphone ? derrière une fenêtre ? un pare-brise ?
Est-ce que cela t’ennuie quand les fenêtres ne s’ouvrent pas ? Est-ce que l’air conditionné résout le problème ?
Est-ce que des programmes, des applis, des algorithmes guident ta vie ?
Combien d’heures par jour dors-tu ? et surtout de quelle qualité est ton sommeil ?
As-tu encore conscience des stimulis qui t’entourent ?
Comment réagis-tu au son ? à la lumière ? à la chaleur ? au toucher ?
Est-ce que la musique est un moyen de combler le silence ou de provoquer des émotions ?
Combien de tes émotions ont besoin d’alcool ou d’autres drogues pour s’exprimer ?
Effectues-tu beaucoup de mouvements différents avec ton corps ? En découvres-tu des nouveaux, des nouvelles amplitudes ?
Comment te sens-tu affecté par les situations de passivité forcée ?
Comment te sens-tu affectée par les assauts incessants de sons ? de voix artificielles ? de vidéos ? d’annonces ? de slogans publicitaires ?
Quels sentiments perpétuels d’urgence créent-ils ?
As-tu besoin de moments de contemplation ? Te souviens-tu de la sensation que cela procure ?
Jusqu’où peut porter ton regard ? Si ce n’est qu’à quelques dizaines de mètres quel état d’esprit crois-tu que cela engendre ?
Comment te sens-tu affecté par la foule ? De combien d’espace ton corps a-t-il besoin ? Comment te sens-tu affectée par la taille de la pièce dans laquelle tu vis ? par son nombre d’angles droits ? de lignes parallèles, de formes carrées, géométriques ?
As-tu besoin de voir le ciel ? de voir de l’eau ? de voir des arbres ? des animaux ?
Es-ce que c’est pour cela que tu as un chien ? un chat ? des plantes en pots ? un balcon ? que tu vas au parc ?
D’où provient ta nourriture ? quel est ton rapport à elle ? Penses-tu que ce que tu ingères est bon pour toi ?
Te souviens-tu de la dernière fois que tu as mangé quelque chose qui ne provenait pas d’un supermarché ?
Combien de temps arrives-tu à passer sans savoir l’heure qu’il est ?
Comment te sens-tu affecté par l’attente ? Attendre dans la file, attendre dans les bouchons, attendre pour pisser, attendre pour apprendre à discipliner tes besoins ?
Comment te sens-tu affectée par la répression de tes désirs ? par le formatage, le déni ou la frustration sexuelle depuis l’enfance ? la peur ou la compétition avec les gens du même sexe que toi ? la sexualité comme moyen de reproduction/de contrôle ?
Est-ce que le plaisir est dangereux ? Est-ce que le danger peut être joyeux ?
Ressens-tu parfois encore en toi une nature sauvage ? une vie animale ?
Ressens-tu un vide, un manque de sens si fort que les mots peinent à l’exprimer ?
Te sens-tu parfois au bord de complètement partir en vrille ?
Ne penses-tu pas que ça aurait dû être le signal ?

Dans la nuit du 17 au 18 mai 2020, nous avons incendié l’antenne-relais de Haute-Jarrie.
Au moins deux autres antennes-relais ont été attaquées simultanément autour de Grenoble.

Les antennes-relais figurent parmi tous les intrus qui défigurent les paysages. Elles servent à la communication de masse, bientôt jusque dans les endroits les plus reculés. Actuellement les installations de la 5G sont déployées dans ce but.
Les babillages et bavardages des masses et le matraquage publicitaire perpétuel révèlent le véritable vide communicationnel autant que l’absence de communications véritables. Mais il ne peut exister de communications véritables sans « relations sociales » véritables. Les simulacres de relations sociales des réseaux sociaux en atteste sans surprise.
Le vide existentiel d’une époque peut ainsi se mesurer, notamment, à l’incessant vide communicationnel qui l’emplit.
Mais nous ne voulons pas d’un monde où la garantie de pouvoir communiquer à distance sans cesse et partout, s’échange contre le fait de pouvoir être surveillés et contrôlées constamment.
Hors les imbéciles qui se réjouissent d’un monde et d’une vie « augmentés » ne s’aperçoivent pas – ou l’acceptent – qu’ils échangent une quantité de contraintes continuellement croissante contre une qualité de vie constamment plus consternante. Ce n’est rien d’autre que l’existence habillée des haïssables haillons de la sous-vie.

Dans le monde de la sous-vie, en plus d’être colonisée par les êtres humains, d’être couverte de balafres bitumées, en plus de la destruction de tant d’autres formes de vie qu’elle abrite, etc., la terre, à travers toutes ses étendues, est équipée et quadrillée (parmi beaucoup d’autres) par les installations de télécommunications. Même à travers le ciel, de toute part tailladé par tant de trajets en transports aériens, ce n’est plus seulement des constellations d’étoiles mais des constellations de satellites qui sillonnent l’espace.
La radioactivité, les ondes électromagnétiques, les pollutions et virus en tous genres sont l’oxygène toujours davantage vicié du XXIe siècle.

Qu’avec la conscience de tout ça ce monde fasse penser à une prison à ciel « ouvert », ceci n’a rien d’étonnant. D’autant moins quand la pandémie en cours a permis et permettra encore à l’Etat de nous mettre, par le confinement, au mitard – certes personnalisé pour la plupart.
Pour les personnes qui en doutaient encore, le système carcéral est donc bien l’aspect punitif de cette organisation gouvernementale de la vie. Organisation qui bientôt induira surveillance et contrôle généralisés des masses grâce à l’intelligence artificielle, aux caméras et smartphones avec reconnaissance faciale, le tout via l’étroit maillage d’internet.
Le confinement a assez montré que les télécommunications sont centrales dans la vie des « gens » au point d’accepter de s’autoenfermer.
Alors que certaines personnes, avec leurs fumisteries de fenêtres (« cortège », « manif »…), ont choisi son simulacre, d’autres ont (continué à) propagé(r) la révolte en taggant, brisant, collant sabotant, incendiant…

Car quels choix reste-t-il dans ce monde-ci ?
Celui de la sous-vie dont les préoccupations sont le nouveau gadget à acheter, la nouvelle appli à télécharger… ?
Ou celui de l’insoumission et de la révolte dont les préoccupations sont les expériences sensibles vécues selon ses idées, l’épanouissement individuel épuré d’un maximum de contraintes sociétales… ?

S’insoummettre c’est se soustraire à cette sous-vie.

Des chauves-souris transmettant le feu

 

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Note d’attaque, 29 mai : ici,  la revendication de l’incendie de l’antenne de la Tour sans Vénin, à Sayssinet-Pariset.

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