France Bleu / mercredi 5 février 2020
Un tagueur en série, qui sévissait depuis quelques semaines dans le centre-ville de Dax, a été arrêté ce mardi par la police. Il sera jugé en mars par le tribunal correctionnel de Dax.
[…] La police a compté 89 tags pour 6.000 euros de dégâts. Précisément, 87 tags « Amour » avec le A anarchiste et deux tags anti-force de l’ordre : un « mort au vache » et un « nique les CRS ».
Les policiers dacquois ont confondu ce tagueur en série qui sévissait depuis début janvier grâce à la vidéosurveillance de la ville. Il a été filmé en pleine action sur une place de centre-ville. Les policiers ont donc pu faire son signalement aux patrouilles qui ont fini par tomber sur lui.
Un jeune homme de 27 ans, cultivé selon le parquet et inconnu des services de police jusque-là. Il est revenu à Dax il y a seulement un mois et demi après ses études en sociologie à l’Université de la Sorbonne à Paris.
Il a donc été interpellé ce mardi et lors de la perquisition de son domicile, les enquêteurs ont trouvé de quoi le confondre : des pochoirs, des bombes de peinture et de la littérature anarchiste. Le jeune homme a reconnu avoir fait les tags « Amour », mais pas ceux insultant les forces de l’ordre. Il a été placé sous contrôle judiciaire et sera convoqué devant le tribunal correctionnel de Dax en mars prochain.
mise à jour de samedi 28 novembre 2020
France Bleu / jeudi 26 novembre 2020
Amour avec le « A » de « anarchiste ». Un jeune homme de 27 ans a été condamné ce jeudi par le tribunal judiciaire de Dax pour une série de graffiti réalisée en début d’année. Durant un mois, entre janvier et février 2020, il a peint au pochoir une dizaine de fois ce graffiti sur les murs de la ville de Dax. La mairie de Dax avait porté plainte.
Si le tribunal judiciaire de Dax a condamné ce doctorant à science po Paris à 2000 euros d’amende avec sursis, c’est qu’il a jugé que ces graffiti correspondaient à un délit de dégradation. L’avocat du prévenu a de son côté tenté d’expliquer que c’était de l’art. L’art peut-il être un délit ? C’est un peu autour de ce débat philosophique que s’est tenue l’audience de ce jeudi.
Si l’audience a parfois tourné au débat philosophique dans cette affaire de graffiti à Dax, c’est aussi en raison de la personnalité du prévenu. Un jeune homme de 27 ans, doctorant à l’université de la Sorbonne à Paris, auteur d’une thèse sur le mouvement Hip-Hop américain, référence européenne sur des sujets comme « l’art contestataire« , décrit son avocat en listant les interventions de son client lors de conférence en Europe. Le jeune homme a un casier judiciaire vierge.
Quand la présidente du tribunal revient aux faits et à l’enquête, évoque l’audition par les policiers du prévenu après son interpellation, le jeune homme au look un peu dandy répond : « on a eu des débats philosophique intéressants avec les forces de l’ordre, parce qu’on était pas d’accord« . « C’est bien la première fois que j’entends un prévenu dire cela« , sourit la présidente. La première fois également que, quand elle évoque son expertise psychiatrique réalisée pour ce procès, le doctorant conteste : « comment un psychiatre peu m’expertiser en 10 minutes avec une psychanalyse freudienne contestée depuis les années 80 ? « .
« On est pas là pour faire de la philosophie, on est pas là pour parler de Freud« , rétorque la procureure de la République dans son réquisitoire avant de concéder elle aussi : « on a pas l’habitude d’avoir un érudit avec un QI de 129 à la barre« . Mais dans son développement, le ministère public se veut pragmatique en s’adressant au prévenu : « _Monsieur avec son QI important, il peut comprendre que nettoyer des graffiti cela coûte cher_. Peu importe le message du graffiti, ici on parle de dégradation, c’est un délit« .
Délit de dégradation ? C’est ce qu’a essayé de démonter Maître Renaudie, l’avocat du jeune homme. « En droit, il faut un élément intentionnel. Ici, l’intention de mon client, c’était de susciter une expression artistique. Je ne vois pas d’élément de dégradation mais une démarche artistique« , tente l’avocat. Son client n’avait pas l’intention de dégrader mais de faire du beau, de l’art soutien maître Renaudie qui se demande : « ce tribunal a-t-il la compétence pour juger de l’esthétisme ?« . Il plaide la relaxe pour son client.
La présidente du tribunal ne sera pas insensible à l’argumentaire mais retiendra bien les dégradations. Avec une peine symbolique de 2000 euros d’amende avec sursis, bien moins lourde que ce qu’avait demandé le ministère public.
Ce dernier avait en effet requis 140 heures de travaux d’intérêts général car le jeune homme était également accusé d’avoir tagué des messages anti-policier sur des murs de Dax contre lesquels la police municipale de Dax avait porté plainte. Mais pour ces tags là, il a été relaxé. Il n’a pas été prouvé qu’il en était l’auteur.