a2day / samedi 28 décembre 2019
Les sites internet anarchistes nous informent du fait que, ces derniers mois, à Donetsk et dans la région de Kiev, des stations de base (appelées aussi antenne-relais) de téléphonie mobile ont été attaquées à quatre reprises. Derrière ces attaques il y a essentiellement des anarchistes.
La première attaque a été l’explosion contre une antenne-relais de l’opérateur Phoenix. Ensuite, il a été relatée que deux antennes de Lifecell ont été incendiées. Le 10 décembre 2019, on a fait état de l’incendie criminel de l’antenne-relais de Vodafone Ukraine.
Lors de l’attaque des antennes-relais de Lifecell, des anarchistes ont par exemple déclaré que la raison principale de leur attaque était la solidarité avec la Fédération démocratique de Syrie du Nord et de l’Est (Rojava), la lutte du peuple kurde pour la libération de l’occupation turque.
En souhaitant donner de l’intensité à ces attaques, nous, une cellule de la Fédération Anarchiste Informelle, avons incendié une autre antenne-relais, à Kiev. Contrairement aux attaques mentionnées plus haut, nos motivations et notre point de vue sur les cibles attaquées sont différents. Nous suggérons d’aborder le sujet des antennes-relais sous un angle plus large.
Les opérateurs de téléphonie mobile veulent attirer le plus grand nombre d’abonné.e.s possible. C’est un fait. En Ukraine, il y a trois opérateurs principaux : Kyivstar, Vodafone Ukraine et Lifecell. Ces sociétés font tout pour placer leurs antennes partout, pour obtenir plus d’argent et plus de contrôle. Elles ne se soucient guère de ce que nous en pensons. Mais la chose la plus importante est que ces opérateurs coopèrent complètement avec la police, en lui donnant accès à toutes les données des abonné.e.s. Chaque opérateur de téléphonie mobile reçoit chaque année plus de 20 000 réquisitions judiciaires, pour un accès temporaire à des informations ou des documents.
Nous voulons attirer l’attention de ces personnes confiantes qui acceptent aveuglément toutes les découvertes et les innovations technologiques encouragées par les autorités publiques et les entreprises. Nous savons depuis longtemps que l’État, sous couvert de l’amélioration technologique, pose des pièges supplémentaires pour avoir un accès facile à nos informations personnelles et pour une surveillance ininterrompue. Il y a plusieurs façons de les éviter et nous, anarchistes, on les utilise dans notre vie quotidienne. Cependant, les autorités publiques et les entreprises progressent dans leurs efforts pour contrôler chaque pas que nous faisons par le biais des télécommunications et continuent de renforcer le système de contrôle numérique. Ceux qui essaient de nous contrôler ont plus de pouvoir, mais grâce à des connaissances et à un système de sécurité adéquat, à plusieurs niveaux, nous pouvons rester anonymes. Même si, avec ces sabotages, nous ne détruisons pas leurs plans, nous espérons attirer l’attention sur cette question et susciter un débat public.
Il est important de souligner ces observations, faites par le passé par nos compas :
– L’infrastructure des télécommunications est aujourd’hui l’un des piliers de la domination technologique moderne, puisque elle fournit le réseau nécessaire à d’autres dispositifs et structures technologiques, qui font également partie d’un réseau complexe, dans lequel chaque élément dépend de l’autre. La nature autoritaire du système est clairement exprimée par cette interdépendance technologique.
– Les téléphones mobiles sont intégrés dans le réseau dense de contrôle qui nous enveloppe de tous côtés. Ce n’est plus un secret que le téléphone est non seulement un moyen pratique de communication d’urgence, mais aussi une grande opportunité pour les agences de renseignement afin de surveiller leurs propriétaires. Les téléphones continuent d’être les témoins silencieux de nos activités et les ennemis d’une culture de la sécurité.
– Au jour d’aujourd’hui, les enquêtes policières sont principalement basées sur des enregistrements vidéo et des écoutes téléphoniques, qui peuvent être montés et modifiés à volonté. La répression et le contrôle augmentent avec chaque développement technologique, ce qui constitue à son tour une activité rentable pour les entreprises qui coopèrent avec les gouvernements. Cette tendance n’est pas politique, mais de nature structurelle, car le système se développe par lui-même et, grâce au prétexte de la sécurité, justifie tout.
– Un téléphone, surtout un smartphone, est un excellent outil pour obtenir une carte de vos déplacements. La technologie moderne permet de suivre votre position à quelques dizaines de mètres près.
– Grâce au dispositif S.O.R.M. (« système pour activité d’enquête opératoire » [infrastructure technologique installée par le FSB, les services russes, chez tous les opérateurs de téléphonie et d’internet, lui permettant un accès direct et immédiat aux télécommunications dans la pays et dans les pays voisins; NdAtt.]), via les téléphones portables, c’est facile et rapide pour la police de calculer votre position, d’écouter vos appels et d’établir la liste de vos coups de fil.
– Un téléphone peut être mis sur écoute. Chaque opérateur dispose d’un équipement d’enregistrement des connexions et des appels, qui stocke les données pendant une longue période – jusqu’à plusieurs années. Les conversations sont enregistrées pendant une courte période et sont rapidement copiées pour un examen détaillé.
L’infrastructure des télécommunications sert en premier lieu les intérêts des autorités et du capital, qui la développent et l’adaptent avant tout à leurs exigences. Les avantages prévus pour notre pauvre quotidien n’ont que peu d’importance. Il s’agit de pouvoir, d’argent et de contrôle sur nous. Ce n’est donc pas un hasard si les médias mentionnent le fait que les opérateurs de téléphonie mobile sont des contribuables importants et que l’État est intéressé à les protéger et à enquêter sur les attaques. Nous nous fichons de l’indignation des médias et de la rage vue à la télé. Nous, anarchistes, serons toujours intéressé.e.s par la continuation des attaques contre le pouvoir et le capital, parce que nous nous en tenons à l’idée d’une vie complètement différente et nous voulons détruire ce monde de domination et de contrôle. Nous déclarons fermement : là où il y a le pouvoir, là où il y a le désir de profit et de contrôle, notre feu brûlera toujours !
P.S. :
Nous faions rentrer cette action dans le projet de la Fédération Anarchiste Informelle (FAI) et comme contribution au Décembre Noir, une campagne internationale de solidarité anarchiste. Nous, les membres de la cellule qui signe cette action, voulons déclarer que celle-ci pourrait être notre dernière revendication sous l’acronyme FAI. Par cette décision, nous suspendons notre contribution à la FAI, que nous avons apporté pendant 3 ans depuis le territoire de la soi-disant Ukraine.
Nous étions fier.e.s d’utiliser le cadre et les outils de la FAI pendant cette période, et même avant nous avons suivi le développement du projet de l’extérieur, avec une attention et un respect particuliers. Dans les moments difficiles, nous avons étudié des attaques destructrices dans le but de les mettre en œuvre, nous avons lu des communiqués combatifs et inspirants d’anarchistes du monde entier, ce qui a permis de développer et de renforcer notre théorie. Les individus et les groupes de compas qui ont agi sous cet acronyme ont chaque fois rappelé au mouvement anarchiste du monde entier que l’anarchisme ne peut être que combatif et illégal. Nous avons beaucoup appris en participant à ce projet. Les pratiques d’attaque, la propagande par l’action et les principes de l’organisation informelle qui viennent de la FAI, nous les avons adoptés et maintenant ils resteront avec nous jusqu’à la victoire de la révolution sociale.
Rien n’est fini, tout continue !
L’odeur de la poudre noire, l’anarchie noire, les explosions, les coups de feu, le sabotage […] !
Solidarité immuable avec les ennemi.e.s de l’État emprisonné.e.s !
Vive l’anarchie !
Cellule « Misha Zhlobitsky » de la FAI
Décembre 2019