IAATA / mercredi 18 septembre 2019
REPRESSION DANS LE CADRE DU SOMMET DU G7 DE BIARRITZ RASSEMBLEMENT EN SOUTIEN AUX « 3 DE L’AUTOROUTE » LE 27 SEPTEMBRE 2019 A 8:30 A LA COUR D’APPEL DE PAU
Le 21 août 2019, trois personnes sont interpellées sur une autoroute du Sud-Ouest alors qu’elles roulent en direction de l’Espagne. Leur voiture est arrêtée par les forces de l’ordre, qui procèdent à un contrôle. A cet instant précis, on ne sait pas ce qui motive le contrôle, si ce n’est la sécurisation du sommet du G7 qui a lieu à Biarritz.
En tout état de cause, il semblerait que les trois de l’autoroute, d’origine allemande, ont été balancés par les services de police allemands à leurs homologues français. Il semble qu’ils seraient catalogués « ultra gauche », alors même qu’ils n’ont jamais été poursuivis en France. C’est dire combien la police politique travaille, à travers les frontières aussi…
Dans leur voiture, la police prétend avoir trouvé un arsenal et des écrits radicaux. Placés en garde-à-vue pour « port d’arme » et « groupement en vue de commettre des dégradations et des violences », les trois comparaissent le surlendemain, à l’issue de 48 heures de détention, devant le Tribunal Correctionnel de Bayonne. Mais surprise, ils sont relaxés des faits de « port d’arme » : juridiquement, il n’y avait donc pas d’arme dans leur voiture, qu’on se le dise.
Pour autant, ils sont condamnés à 2 et 3 mois de prison ferme, assortis de 5 ans d’interdiction du territoire français pour « groupement formé en vue de commettre des dégradations et des violences ». Donc ces trois jeunes allemands désarmés dans une voiture à plusieurs dizaines de kilomètres de Biarritz se regroupaient pour, la police l’imagine, commettre des violences. Sachez donc que commettre un covoiturage en ayant dans sa voiture quelques brochures anarchistes, c’est déjà « être susceptible d’avoir l’intention de peut-être commettre des violences ». Cela mérite bien quelques mois de prison.
Les trois jeunes sont donc incarcérés le soir même dans trois maisons d’arrêt différentes, à Mont-de-Marsan, Gradignan et Agen. C’est évidemment une stratégie de l’administration pénitentiaire pour fragiliser les incarcéré-es.
Précisons qu’il a été refusé aux trois de bénéficier des avocat-es désigné-es par leurs familles et que les commis-es d’office qui ont été envoyé-es pour les remplacer ont refusé les garanties de représentation amenées par les proches pour faire obstacle à un éventuel placement en détention provisoire.
Jusqu’à dix jours après leur placement en détention, il a été très difficile pour les avocat-es de l’équipe juridique du contre-sommet de les défendre. Pour autant, il-les ont pu interjeter appel de la décision, qui est particulièrement inique au regard des faits et de la faiblesse du dossier.
Cette justice expéditive et d’exception est lourde de symbole à l’issue de plusieurs mois d’une répression féroce à l’égard des Gilets Jaunes, au cours de laquelle l’adoption de la loi « anticasseur » a clairement permis la généralisation des arrestations préventives et des poursuites judiciaires pour des « groupements » imaginaires.
Le 27 septembre 2019 à 8h30, les trois seront jugés en appel devant la Cour d’Appel de Pau.
Leurs soutiens appellent à venir nombreux-ses devant le tribunal, pour qu’ils soient libérés IMMÉDIATEMENT et SANS SUITES !
Trois touchés, tou-tes concerné-es : la solidarité est notre arme !
Le collectif antirep du G7, ABC Paris – IDF et des soutiens.
LETTRE DE L’UN DES TROIS DE L’AUTOROUTE
L’original en allemand avec les coordonnées du Secours Rouge (Rote Hilfe) qui les soutient en Allemagne est ici : https://de.indymedia.org/node/37366
Vendredi, 30.09.2019
A tous ceux qui me soutiennent / ou qui nous soutiennent
Cela fait maintenant près d’une semaine et demie que nous, c’est-à-dire les trois de l’autoroute, sommes captifs de la justice de classe française.
Tout a commencé lorsque la gendarmerie nous a sorti de l’autoroute et a contrôlé notre voiture avec la collaboration de la police fédérale allemande. À la suite de ce contrôle, nous avons été arrêtés pour des objets jugés dangereux par les autorités françaises.
Ensuite, après avoir été interrogés à la gendarmerie, nous avons été conduits au centre de rétention administrative de la police nationale, spécialement aménagé pour les prisonniers du G7.
Après plusieurs interrogatoires scandaleux, en partie à quatre heures du matin, avec prise d’ADN par le service d’identification, etc. Après environ 40 heures de détention, nous avons été jugés en comparution immédiate.
Il convient de noter encore que jusqu’à ce jour, pour l’État bourgeois normal, aucun délit n’a été commis ! Mais en raison de l’énorme pression exercée par la machine de propagande de l’État français pour légitimer les lois anti-démocratiques, néofascistes, néolibérales et racistes, nous avons appris le 23.8. 2019 devant le tribunal de Bayonne qu’il nous était reproché les faits suivants :
- Détention illégale d’armes, en espèce d’un spray au poivre trouvé dans la voiture, ce qui est tout à fait légal en Allemagne ;
- Groupement formé en vue de venir en France pour commettre des violences à l’égard de personnes et / ou de biens.
À l’issue du procès ont été prononcées des peines de deux à trois mois de prison pour rien.
Nous avons été menottés immédiatement après le verdict et emmenés sans possibilité de s’entretenir avec nos avocats.
Le point culminant de ce jugement absurde réside dans le fait de nous avoir emmenés dans trois taules différentes pour nous priver de la dernière étincelle d’espoir. Mais ils ne réussiront pas !
Nous devons être conscients de la période dans laquelle nous vivons et de la volonté des dirigeants de nous emprisonner et de nous opprimer dans le monde entier.
Partout dans le monde, des forces réactionnaires montent en puissance, partout où elles tentent d’affaiblir le mouvement révolutionnaire ou progressiste par l’arbitraire grandissant des États, le durcissement de lois fascistes, des méthodes de déportation racistes et un recul patriarcal. Mais ils ne réussiront pas !
La résistance germe partout dans le monde. De Biarritz au Pays basque, en passant par Hambourg, le Rojava et Hong Kong.
Les gens du monde entier se battent pour une société libérée. Et partout dans le monde, les systèmes capitalistes essaient de se protéger en augmentant la répression et en supprimant les forces progressistes. Mais ils ne réussiront pas ! Même si nous traversons des moments difficiles, même s’ils veulent nous emprisonner à grande échelle, ils ne briseront jamais notre conscience politique de la possibilité d’un autre monde. Des prisonniers du sommet de Biarritz et de Hambourg aux milliers de camarades au Kurdistan qui sont détenus ou en raison de la répression grandissante à Hong Kong. Nous allons traverser tout cela ensemble, tous ensemble !
Merci à tous ceux qui ont fait tant de travail de solidarité et qui l’ont fait ces dernières années ! United we stand ! Essayons au moins de surmonter nos principaux points de clivage ! Tous ensemble contre le fascisme ! Notre solidarité contre leur répression !
Cette fois, ça nous a frappé, il y a quelques semaines, c’étaient les trois de Parkbank ! Et encore une fois, nous devons nous rappeler que quelques individus ont été touchés, mais nous sommes tous concernés ! Liberté pour tous les prisonniers politiques.
Merci à tous ceux qui s’occupent de nous à l’extérieur, envoyez-nous des livres et du courrier et solidarisez-vous avec nous !
Salutations de la prison française ! Pour la révolution sociale ! Vive la société libérée !
Un des « trois de l’autoroute »
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