Sans Attendre Demain / jeudi 21 juin 2018
Mercredi 20 juin au matin, au moins neuf lieux ont été perquisitionnés à Bure, dans les villages alentours et en région parisienne. Sept personnes ont été placées en garde-à-vue, dont l’un des avocats du mouvement, fait plutôt rare qui marque la montée en puissance de la répression contre la lutte anti-nucléaire.
Mercredi 20 juin dès 7h, des perquisitions ont eu lieu à la Maison de Résistance à Bure (deux arrestations), ainsi que dans des maisons à Ancerville, à Chennevières, à Cirfontaines-en-Ornois (une arrestation), Verdun (une arrestation), Montier-sur-Saulx, Commercy (deux arrestations) et Biencourt-sur-Orge. Le domicile d’un avocat du mouvement à Paris a aussi été perquisitionnée, avant qu’il soit placé en garde-à-vue.
Les perquisitions sont effectuées «dans le cadre d’une commission rogatoire d’un juge d’instruction» portant sur trois faits commis en 2017″, a indiqué à l’AFP le procureur de la République à Bar-le-Duc, Olivier Glady. Les trois faits concernés sont : un départ de feu en juin dans l’hôtel-restaurant du laboratoire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), des dégradations sur l’écothèque, bâtiment appartenant également à l’Andra, et la manifestation du 15 août. « Plus de 200 gendarmes, enquêteurs et militaires destinés au maintien de l’ordre » ont été mobilisés pour mener les perquisitions.
[Voir le fil info de cette journée de répression]
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Par ailleurs, à la suite de la manif saccageuse de samedi 16 juin à Bar-le-Duc, deux personnes ont été envoyées en taule (6 mois ferme) à l’issue de leur comparution immédiate lundi 18 juin: l’une, âgée de 38 ans, a écopé de six mois d’emprisonnement ferme, assortis d’une interdiction de se présenter en Meuse et en Haute-Marne. Elle était accusée d’avoir jeté des projectiles sur les CRS et de s’être opposée à son arrestation. L’autre, âgée de 30 ans, avait été interpellée vers 19 heures pour avoir « adressé des doigts d’honneur aux CRS qui étaient en situation de retrait », d’après le proc, Olivier Glady. Elle s’était débattue et son arrestation avait suscité un regain de tensions avec les bleus. Elle a été condamnée à six mois de prison dont trois avec sursis et incarcérée.
Un homme âgé de 35 ans a également été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 140 heures de travail d’intérêt général pour avoir jeté des projectiles sur les CRS.
Un quatrième homme, âgé de 19 ans, interpellé pour « violences sur agent de la force publique, outrages et rébellion » sera convoqué devant le tribunal correctionnel le 16 octobre prochain.
Dans la nuit de dimanche à lundi, deux autres personnes (un homme de 30 ans et une femme de 19 ans) ont été arrêtées près de la Maison de Résistance à Bure. L’homme est poursuivi pour « violence sur agent de la force publique » (d’avoir prétendument donné un coup de pied dans le bouclier d’un flic) et la femme pour des « insultes contre les militaires ».
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Communiqué sur la situation en cours
Aujourd’hui, mercredi 20 juin 2018, une vague de perquisitions et d’arrestations s’est abattue sur la lutte contre le projet CIGEO. A 7h00 du matin, à Bure (55), la Maison de la Résistance a été perquisitionnée. À l’écriture de ce communiqué la perquisition est toujours en cours. Huit autres lieux d’habitation ont été simultanément perquisitionnés dans la même matinée. Dans ces lieux, les motifs des perquisitions ont été peu ou pas présentés ; les commissions rogatoires n’ont souvent pas été présentées non plus. Selon une dépêche AFP reprenant les déclarations du procureur Glady, ces perquisitions sont en lien avec « trois affaires de 2017 ». En septembre dernier, des perquisitions avaient déjà eu lieu pour ces mêmes motifs. A l’heure actuelle, au moins 8 personnes sont en garde-à-vue dont certaines à la suite d’arrestations ciblées. Une procédure exceptionnelle de perquisition a été engagée contre un avocat, qui a été arrêté. Ces opérations sont toujours en cours et nous redoutons toujours que ce bilan s’alourdisse.
Nous souhaitons préciser que ce déploiement judiciaire et policier exceptionnel visant la lutte anti-CIGEO est la suite d’une semaine de répression. Il vise nos rassemblements et notre vie sur ce territoire. Durant cette semaine, la présence militaire entre les villages de Bure et de Mandres-en-Barrois a été constante, s’accompagnant de nombreux contrôles d’identité et fouilles de véhicules. Durant la journée de mobilisation et le weekend, du 16 et 17 juin, au moins 19 interpellations ont eu lieu. Ce lundi, 3 personnes ont été lourdement condamnées suite à la manifestation du 16 juin, dont 2 camarades qui sont actuellement en prison. Depuis le début de la semaine, 6 personnes ont été interpellées dans Bure et ses alentours. Cette intimidation est permanente mais les moyens mis en œuvre sont toujours énormes (centaines de militaires de la gendarmerie mobile, drônes, ULM, caméras en tout genre…). Malgré cette large opération d’intimidation de l’État, nous restons déterminé-es dans notre lutte contre le projet CIGEO, contre l’ANDRA et son monde. Nous appelons largement en France et dans le monde à des rassemblements ce soir, 18h, devant les préfectures, les ambassades ou les consulats pour montrer notre soutien à cette lutte, aux personnes actuellement en garde-à-vue et en prison.
Quelques chouettes hiboux qui suivent la situation.