Ielles n’ont été Ni acteur Ni actrices. Retour sur le procès du Lundi 19 Mars de 3 copaines.
vmc.camp / mercredi 21 mars 2018
Ce Lundi 19 mars le théâtre de l’injustice était en représentation une nouvelle fois à Bar, voici les déclarations de deux copaines qui comparaissait ce jour , l’un-e pour « faits de rébellion et refus de se soumette aux opérations de relevés signalétiques commis lors de l’expulsion du bois Lejuc », l’autre pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens » (si ça vous parait incompréhensible et ridicule c’est normal):
Déclaration de L. (condamné à 4 mois de prison avec sursis):
« Mes amies, ma famille que j’affectionne,
Je me sens détachée de toute identité, n’en déplaise au procureur et à son « dieu »,je suis un être multiforme et une réalité complexe et donc irréductible à cet artifice.
Comme vous le savez la racine du mot a donné aussi idem, identique. Aucune identité ne peut me figer car je suis une réalité vivante et mouvante. INDISCERNABLE.
Je me defends aux yeux d’une institution dont je rejette l’autorité. Sur 1 acte, j’affine mes perceptions en me référant à mes propres critères, à mon vécu, à mon sens critique.
On se retrouve réunies ici (et je pense ne pas me tromper en disant ça) parce qu’on est à la recherche permanente de source de joie et de beauté.
Parce qu’on nourrit un lien intelligent, sensible et subtil au monde.
Et quand ce rapport est brutal, insensé, c’est un amas d’immonde, qu’on s’acharne à étaler.
Nos corps tiennent en cage uniquement par coercition.
Comme a dit Ibn Arabî , bien avant les premières chasses massives aux errants et aux sorcières,
« Sois toujours en vol, ne te choisis pas de nid déterminé, car c’est au nid que l’on capture l’oiseau »
Quoiqu’il arrive, on continuera à partager du pain avec les compagnon-nes à plumes. »
Déclaration de Cristal Antem (condamné à 3 mois de prison ferme):
« Je suis CRISTAL ANTEM, CRYZ pour les intimes. Je n’ai pas d’autres identité à donner.
Je ne représente personne si ce n’est moi-même. Rien ni personne ne me représente.
On va me demander si je souhaite être jugé aujourd’hui. OK, faites. Mais je ne participerais pas au procès.
Je rejette les codes/normes/règles/rôles du spectacle. Je ne serais ni acteur/collaborateur – ni martyr/victime – ni coupable/innocent.
J’espère que mes amis comprendront que je fais ce choix pour restez moi – même. Qu’iels ne m’en voudront pas pour cette absence imprévu et sûrement trop longue.
Je ne me soumettrai pas moi-même au contrôle de l’État.
Je refuse de me défendre. »
Cette déclaration fuit suivi du refrain d’une chanson reprise par la salle malgré les injonctions du juge au silence et Cristal a été sorti de la salle à ce moment en continuant à chanter , la salle a continuer à fredonner la chanson après sa sorti! « Ça ne vaut pas la peine… »
Voici le lien (le refrain chanté dans la salle dure de 1:04 à 1:44).
Cristal ferait donc sa peine de prison sans avoir donné son identité!
Cristal a souhaité rendre son numéro d’écrou publique si vous souhaitait lui envoyer des lettres ou lui rendre visite! (ça permettra pour ielle que le temps soit moi long en prison et lui rechauffera le coeur)
Cristal Antem
n° écrou: 14341
Centre pénitentiaire Nancy-Maxéville
300 rue de l’Abbé Haltebourg
54320 Maxéville
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Une saine rage face à la Justice
L’Est Républicain pleurnicheur / 20 mars 2018
Ce matin, la consternation pouvait se lire sur de nombreux visages de fonctionnaires croisés au tribunal de Bar-le-Duc. La veille au soir, à l’issue d’une audience très tendue en présence de quelque 80 militants anti-Bure venus en soutien de trois des leurs poursuivis par la justice, ces derniers ont accueilli les jugements sous les huées et les invectives à l’égard de l’institution judiciaire.
En quittant la salle d’audience dont l’accès avait été interdit aux journalistes de L’Est Républicain menacés de représailles [cf. ci dessous; NdAtt.], des militants ont commis des dégradations au tribunal. Inscriptions véhémentes et ciblées sur les murs, tableau jeté à terre, toilettes dégradées, chaises et bancs de la salle d’audience renversés avec fracas, poubelle vidée de son contenu sur le sol, alarmes incendie déclenchées et un buste de Marianne, symbole de la République, jeté à terre et brisé. Des événements qui vont faire l’objet d’un rapport auprès du procureur général de Nancy.
Les débats de l’audience, eux, « se sont mal passés », selon le représentant du ministère public, avec « des interruptions régulières assorties de provocations », notamment au moment des peines de prison ferme prononcées à l’encontre de deux prévenus, et des insultes à l’annonce des jugements à l’égard du procureur et des magistrats.
Poursuivi pour des violences (coup de pied et crachat) sur un gendarme commises le matin de l’expulsion du bois Lejuc le 22 février à Mandres-en-Barrois, un militant d’une vingtaine d’années, en détention provisoire depuis le 23 février, a été condamné à 8 mois de prison dont 5 mois assortis d’un sursis et mise à l’épreuve pendant 18 mois, ainsi qu’à une interdiction de séjour dans la Meuse et d’un maintien en détention.
Une femme d’une vingtaine d’années également, non identifiée à ce jour et placée sous mandat de dépôt depuis le 23 février, a été condamnée à 3 mois de prison ferme, assortis d’un maintien en détention. Elle était poursuivie pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens ». Le procureur avait requis 10 mois de prison ferme dont 5 mois avec sursis et interdiction de séjour dans la Meuse. Une dernière peine qui n’a pas été retenue par les magistrats.
Enfin, une troisième militante anti-Bure, âgée d’une trentaine d’années, a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour des faits de rébellion et refus de se soumette aux opérations de relevés signalétiques commis lors de l’expulsion du bois Lejuc, le 22 février dernier.
depuis un autre article du même torchon :
Les partisans de deux militants anti-Bure qui comparaissaient hier devant le TGI de Bar-le-Duc ont interdit aux journalistes d’assister à l’audience.
« Dégagez ! Les deux jeunes ne veulent pas de médiatisation de leur affaire. Si vous restez, on vous retrouvera à la sortie. Ça ne vous a pas encore suffi votre voiture siglée détruite à Bure… » Des propos menaçants, ponctués d’insultes diverses. C’est ainsi qu’hier, des journalistes de L’Est Républicain qui venaient couvrir une audience correctionnelle ont été repoussés. […]
Le journaliste de L’Est Républicain qui devait couvrir l’audience était rapidement identifié et encerclé. Insulté, menacé et quasiment fouillé pour trouver son appareil photo, on lui ordonnait de quitter les lieux sous peine de représailles. Devant la menace, il s’exécutait ; suivi de près durant une centaine de mètres par un militant. Deux policiers positionnés à l’entrée du tribunal observaient… sans intervenir. Quelques minutes plus tard, le directeur départemental de la Sécurité Publique intervenait et organisait l’accès sécurisé à la salle d’audience de deux autres journalistes décidés à rendre compte du procès. Dans la cour intérieure, une dizaine de policiers en tenue patrouillaient et, autant dans le hall. En revanche, pas l’ombre d’un uniforme aux abords et dans la salle d’audience, pleine comme un œuf. C’est alors que les deux journalistes étaient violemment pris à partie et sommés de dégager par quatre individus postés près de la porte d’entrée.
Ce n’est pas la première fois que des activistes de Bure s’opposent par la force à la presse.
Cette fois, un cap a été franchi. En interdisant l’accès à la salle où devait se tenir une audience publique, les zadistes ont imposé leur loi. C’est la liberté d’informer qui a été bafouée. [pauvres petits… NdAtt.]
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Le Monde / mardi 20 mars 2018
Trois personnes ont comparu lundi devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc. Deux d’entre elles ont été condamnées à trois mois de prison ferme et incarcérées.
Violences lors de l’évacuation du bois Lejuc [le 22 février; NdAtt.], dégradations ultérieures : le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a condamné à trois mois de prison ferme et incarcéré, lundi 19 mars, deux opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse).
La condamnation d’un homme âgé de 24 ans à huit mois de prison dont cinq avec sursis avec une interdiction de territoire en Meuse et en Haute-Marne, a été accueillie par les vives protestations de la centaine de personnes qui ont assisté au procès. Il était poursuivi pour des faits qui se sont produits le 22 février, jour de l’évacuation du bois Lejuc – épicentre de la contestation au projet de Bure – par 500 militaires. Il était accusé d’avoir jeté un bidon d’essence enflammé en direction des gendarmes, ce qu’il conteste, et d’avoir incendié le bivouac où il se trouvait.
Le prévenu a reconnu avoir donné un coup de pied à un militaire, puis craché sur un second « par dégoût et mépris » lors de son interpellation. « Je venais de perdre une partie de ma vie dans les flammes de cette cabane et dans les ruines de tous les lieux habités, rasés ce matin-là », a-t-il expliqué.
Une femme, qui a refusé de se lever, de décliner son identité et de s’exprimer, a elle été condamnée à trois mois de prison ferme et incarcérée, conformément aux réquisitions du procureur. Elle faisait partie d’un groupe qui avait jeté des pierres, près du bois Lejuc, sur le véhicule d’un pépiniériste et de deux employés, ces trois personnes étant mandatées par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui porte le projet de stockage. Six autres personnes seront jugées pour ces faits ultérieurement.
Une autre femme, âgée de 30 ans, a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis pour rébellion lors d’une perquisition à la « maison de résistance », à Bure. Non assistée d’un avocat, elle a refusé de s’exprimer sur les faits.
Les trois opposants étaient également poursuivis pour avoir refusé de se soumettre au prélèvement ADN. Trois autres personnes, interpellées lors de la perquisition de la « maison de résistance », seront jugées le 12 juin pour outrages et – ou – rébellion sur agent dépositaire de l’autorité publique.