de.indymedia.org / vendredi 13 décembre 2024
Attaque contre le ministre pour l’Environnement de la ville de Hambourg
Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024, nous avons incendié la pompe à chaleur de sa villa, au 16, Sichter, dans le quartier hambourgeois de Bergedorf, à l’aide d’un engin incendiaire à retardement composé de bouteilles d’essence et d’allume-feux.
L’une des thèses les plus aimée de l’ancien président des Verts, Nouripour, est : « Nous sommes fiers d’être un parti qui soutient l’État ». Pour lui, cela n’avait pas une connotation historique négative, mais représentait une caractéristique positive. Le passage du parti des Vert de l’opposition à des responsabilités de gouvernement n’a pas pris beaucoup d’années. Joschka « baskets » Fischer a été l’un des premiers Verts à occuper des postes ministériels au niveau des Länder, en Hesse, et il a aussi conduit les Verts dans la première coalition au niveau fédéral avec le SPD, sous Gerhard Schröder. Peu de temps après, l’armée allemande a participé, avec l’accord explicite des Verts, à des missions de combat à l’étranger ; ils ont organisé, avec ce que l’on appelle l’« Agenda 2010 », l’une des attaques les plus étendues contre le système de sécurité sociale allemand et les Verts ont prouvé qu’ils avaient compris ce que signifie l’expression « qui soutient l’État ». Maintenant encore, des ministres Verts comme Annalena Baerbock [ministre fédérale des Affaires étrangers ; NdAtt.] et Robert Habeck [vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et du Climat ; NdAtt.] montrent de manière exemplaire ce que la Realpolitik « qui soutient l’État » des Verts provoque : des livraisons d’armes dans les zones de guerre, 100 milliards de fondes spéciaux pour l’armée, des milliards de subventions pour l’industrie des semi-conducteurs, des contrats d’importation de gaz naturel liquéfié passés avec les pires dictateurs-tortionnaires de la planète, l’abolition du droit d’asile, des expulsions vers des régions en guerre, le refoulement des réfugié.es aux frontières…
Le projet politique des Verts est de gouverner, peu importe dans quelles conditions, peu importe avec qui. Parce que seulement celui qui obtient des responsabilités de gouvernement a le pouvoir de faire quelque chose de la société, n’est-ce pas ? La vérité est plutôt que celui qui obtient des responsabilités de gouvernement doit d’abord servir les intérêts des fonds d’investissement et des grands groupes industriels. Ceux qui, jusqu’ici, n’ont pas encore voulu le faire devront l’apprendre très vite. Et ce qu’il y a des super chez les Verts, c’est que quand le système est, une fois pour toute, en crise, ils apportent aussi des idées sur la façon dont on peut moderniser de manière encore plus durable le cycle éternel du pillage des ressources naturelles, de l’exploitation de la main-d’œuvre, de l’augmentation des profits et de la destruction de toutes les bases de vie : avec des énergies renouvelables au lieu des combustibles fossiles, avec des voitures électriques au lieu des moteurs à combustion, avec des pompes à chaleur et des éoliennes au lieu des centrales électriques à charbon.
Ce projet est bien visible aussi à Hambourg, depuis des nombreuses années : en 2008, les Verts de Hambourg ont organisé la première coalition avec la CDU [le parti chrétien-démocrate ; NdAtt.]. Le chef de l’époque du groupe des Verts au gouvernement était Jens Kerstan. Anja Hajduk, aujourd’hui conseillère en chef du ministre de l’Économie Robert Habeck et secrétaire d’État dans son ministère, était sénatrice (c’est-à-dire ministre de la ville-Land) pour le Développement urbain et l’Environnement. Lors de la précédente campagne électorale, les Verts de Hambourg avaient promis d’empêcher la réalisation du projet de centrale à charbon Vattenfall, dans le port de Hambourg. Après les élections, la situation a rapidement changé : la construction de la centrale électrique a été autorisée par le nouveau gouvernement noir [la couleur de la CDU ; NdAtt.] et vert de la ville-Land et elle a fonctionné de 2015 à 2021.
Depuis 2015, Kerstan est ministre pour l’Environnement et l’Énergie dans le gouvernement de la ville-Land, entre-temps devenu rouge [la couleur de la SPD, le parti social-démocrate ; NdAtt.] et vert. Et, pour les vestiges de la centrale à charbon de Moorburg et l’avenir du port de Hambourg, de plus en plus en crise, Jens Kerstan, le maire Tschentscher et Robert Habeck ont développé une vision : Hambourg doit devenir la principale plaque tournante de l’« hydrogène vert ». Une gigantesque installation d’électrolyse doit être construite sur le site de l’ancienne centrale à charbon. À partir de 2027, elle devrait produire 10 000 tonnes d’hydrogène vert et atteindre une puissance de 800 mégawatts. Ensuite, en 2028, le premier terminal de transport d’ammoniac « vert » devrait être opérationnel à Hambourg (pour transporter plus facilement l’hydrogène, celui-ci sera transformé en ammoniac). Le contexte : le ministère fédéral de l’Économie estime qu’au moins 70 % des futurs besoins allemandes en « hydrogène vert » devront être importés. Ainsi, Habeck et son cortège ont fait le tour du monde, à la recherche de fournisseurs de gaz liquéfié ; ils ont signé des contrats et stimulé des projets : au Brésil, au Maroc, en Égypte, aux États-Unis, au Canada, en Australie, au Chili, en Namibie…
L’histoire se répète comme farce.
En Namibie, ils prévoient de monter une gigantesque production d’hydrogène, dans le parc national de Sperrgebiet, sur la côte sud-ouest. Les aménagements portuaires, les installations de dessalement et celles d’électrolyse, les parcs éoliens et solaires prévus à cet effet détruiront les écosystèmes locaux. Les endroits qui rappellent la politique d’extermination du colonialisme allemand doivent disparaître, mais pas sans avoir impliqué dans cette planification les gens qui y vivent. Hahaha ! Au final, à partir de 2030, jusqu’à deux millions de tonnes d’ammoniac « vert » seront exportées vers l’Allemagne et transbordées dans le port de Hambourg. Exactement là où, il y a 120 ans, les soldats et les colonisateurs allemands embarquaient pour mener le génocide des Nama et des Herero et où l’on déchargeait des soutes des bateaux des armateurs de Hambourg qui revenaient les richesses minières volées.
Avec l’hydrogène « vert » importé à Hambourg, on satisfera surtout la soif sans fin d’énergie des aciéries et des usines d’aluminium, ainsi que de l’usine de cuivre Aurubis. Aurubis, par exemple, est une entreprise qui, depuis plus de 100 ans, exploite des mines de cuivre au Chili, dans des conditions inhumaines. L’ ammoniac « vert » du Chili en direction de l’Allemagne viendrait, quant à lui, de la région de Punta Arenas, où il existe également un projet de Porsche et Siemens Energy pour produire des « e-carburants », notamment pour le modèle préféré par les amateurs de moteurs à combustion, la Porsche 911.
Mais revenons aux bas-fonds de la politique locale de Hambourg. Ici, les Verts de Hambourg avalent beaucoup de couleuvres, depuis qu’ils siègent au gouvernement. Parmi celles-ci, il y a avant tout les grands projets infrastructurels, qui s’accompagnent de gigantesques destructions environnementales. En plus de la réhabilitation de la centrale à charbon de Moorburg, déjà mentionnée, il y aurait par exemple le dragage récurrent, tous les deux ans, de l’Elbe, de façon que des porte-conteneurs toujours plus grands puissent encore accoster aux terminaux de Hambourg. Une quelque résistance du ministre pour l’Environnement Jens Kerstan, qui vient de la famille de grands armateurs propriétaires de la compagnie TT-Lines ? Rien du tout ! S’agit-il de loyauté envers sa famille ou simplement de la prise de conscience de la réalité des rapports de force ? Ou bien, au final, de toute façon, tout est de la merde ? Ou encore l’extension de l’autoroute A26 Est, un projet à plusieurs milliards d’euros, qui génère encore plus d’émissions de CO2 et qui ne peut être réalisé qu’en bétonnant des très grandes surfaces de terrain, en détruisant des tourbières, en déboisant des forêts…
Mais pour les Verts de la ville hanséatique, qui ont des responsabilités de gouvernement, tout cela n’est qu’un détail. Ainsi, avec le maire SPD Tschentscher, après le succès des « Jeux de la démocratie » (le sommet du G20 de Hambourg, en 2017), ils ont décidé de créer à Hambourg un tout nouveau événement international : la Hamburg Sustainability Conference (HSC). Cette pompeuse conférence, soi-disant sur le développement durable et réunissant 1000 décideurs du monde entier, doit offrir au gouvernement régional rouge et vert le contexte pour se présenter comme un lieu important de la « transformation durable ». La première édition de la HSC a déjà eu lieu, en octobre 2024 et, selon les idées du maire Tschentscher et du Ministre pour l’environnement Kerstan, des répétitions annuelles doivent désormais suivre et le tout devrait devenir un théâtre de guignols du même acabit que la conférence sur la sécurité de Munich, la MSC, sauf qu’il ne s’agit pas de guerre, mais d’écologie.
Et Jens Kerstan ? Il attend avec impatience sa retraite politique, après les prochaines élections municipales de mars 2025. Lui qui, pour compenser ses vols privés réguliers vers le domaine familial de Majorque, a acheté un terrain au Panama pour y reboiser la forêt tropicale. Il nous fait gerber ! Notre cadeau d’adieu pour lui :
Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024, nous avons incendié la pompe à chaleur de sa villa, au 16, Sichter, dans le quartier hambourgeois de Bergedorf, à l’aide d’un engin incendiaire à retardement composé de bouteilles d’essence et d’allume-feux.
Switch off the system of destruction!
Switch off la « modernisation verte » !
« La mort de certains a plus de poids que le mont Tai… » Rest in power, Kyriakos!
Liberté pour Marianna, Dimitra, Dimitris et Nikos !
Liberté pour Hanna, Maja, Nanuk, Johann et Daniela !
Des ami.es des nuits claires de Berlin