Nantes, 25 février 2017 : Contre les fascistes, contre le capital ! [MAJ – lundi 27 février]

Sam. 25 fév. à Nantes, plusieurs milliers de personnes contre le FN et son monde !

Indymedia Nantes / dimanche 26 février 2017

Alors que s’achève une semaine de discussions qui ont eu lieu dans toute la ville sur des sujets aussi divers que le résistance kurde, les pratiques policières ou le Mai 68 nantais, des milliers de personnes convergent à Nantes contre le meeting du FN. « 2200 dont 800 ultras » dira la police. 3000 pour les organisateurs au moment où le cortège démarre, et près du double à l’arrivée confiera un syndicaliste. Vraisemblablement autour de 5 à 6000. Les chiffres importent peu. Malgré les menaces répétées de la préfecture, le quadrillage policier du centre-ville et les articles anxiogènes dans la presse, les rues sont bondées, et le cortège est solidaire. Pari réussi. D’entrée de jeu, au point de rendez-vous avant le départ, des dizaines de policiers tentent de voler un grand char de carnaval, représentant un candidat aux cinq visages – ceux des candidats à la présidentielles – dans un bateau à la dérive. La provocation des forces de l’ordre est repoussée par l’action conjointe de jeunes en kway et de militants de la CGT. Le char restera au milieu des manifestants.

Elsa avec nous ! (mais elle a loupé trop de jours d’école ;-)

La force du défilé réside alors dans sa diversité. Il y avait bien un cortège d’ingouvernables vêtus en noir, particulièrement massif, capable de déployer une force impressionnante et de tenir la police en respect pendant des heures. Celui ci est entouré de photographes et de caméras toute l’après-midi. Mais il y avait aussi un long défilé syndical, avec des poussettes, des personnes de tous les âges, qui reprennent en cœur le slogan : « tout le monde déteste le FN ». C’est cette multiplicité qui a déjoué les pièges tendus par le gouvernement, cette diversité que les articles de presse voudraient occulter. Tout au long du parcours, pourtant particulièrement court, la police met une pression intense sur le cortège. Gaz, grenades, charges de la BAC suivies de ripostes musclées. Le cortège, scindé plusieurs fois, parvient toujours à se recomposer, et à opérer une jonction entre les différentes composantes dans la rue.

C’est un déluge de peinture, de feu et de lacrymogène qui jalonne la rue de Strasbourg. Les murs reprennent la parole, les locaux de Vinci, sont dévastés, la mairie est repeinte en rouge, des feux d’artifice crépitent à chaque coin de rue. Toujours au complet, la manifestation arrive au miroir d’eau où doit avoir lieu une série de discours. La police profite de ce temps mort pour installer un étau, et tirer à échéance régulière des salves de grenades. La première prise de parole est interrompue par une série d’explosions. Un syndicaliste commence par saluer de cette manifestation festive, et s’en prend aux provocations policières. Un autre, au moment d’une confrontation particulièrement tendue avec la BAC suivie de charges et de gaz adresse aux forces de l’ordre un « merci pour ce moment » ironique au micro ! Le camion sono reste sur la place. Une autre intervention aborde les liens entre la police et le FN, alors que des escarmouches continuent aux quatre coins de l’esplanade. Fin du premier tour de la manifestation.

Après un moment de flottement, un nouveau cortège s’agrège, et repart vers le Cours Saint Pierre. Nouveau gaz. Le char présidentiel est enflammé. Une barricade est montée à la hâte. Une rumeur court, le GUD serait dans les parages, désorganisant le défilé entre ceux qui souhaitent retourner dans le centre et ceux qui veulent repousser l’extrême droite. Ce temps perdu permet à l’énorme dispositif policier de se repositionner, et de barrer l’accès au Cours. Les manifestants sont encore plusieurs centaines, et longent le Chateau. Retour rue de Strasbourg, nouveaux tags, nouveaux bris. Montée en tension. Une langue de feu approche une ligne de gendarmes mobiles. Pendant que l’avant du cortège est encore noyé sous les gaz, la BAC charge l’arrière. Tirs de balles en caoutchouc, rafales de grenades à hauteur de tête. Plusieurs blessés, dont certain au visage. Panique. Le moment de la dispersion à sonné.

Des charges se poursuivront dans les petites rues, alors qu’on apprend qu’une autre partie de manifestation continue autour du Lieu Unique. Après deux heures de répit, une centaine de personne se retrouve sur la Place du Bouffay. Un feu est allumé avec les plaques de bois qui protègent les banques de la place. Un repas chaud et ses boissons sont servis. La fête continuera tard dans la nuit, avec des airs de Nuit Debout.

Cette manifestation contre le grand meeting présidentiel de l’extrême droite est un succès numérique et politique. Les manifestants se sont tenus ensemble dans leur diversité. Il y avait plus de monde dans les rues de Nantes que dimanche dans un Zénith bunkerisé. Les autorités vont chercher à détruire les connexions qui se sont constituées contre l’extrême droite et ses idées. Comme lors de la loi travail et après les manifestations anti-aéroport. A nous de déployer notre propre récit de cette journée, pour construire ensemble les résistances nécessaires dans les semaines et les mois qui viennent.

Dimanche 26 février : opération escargot autour du Zénith. En parallèle, une barricade a été enflammée sur la route qui va de Rennes vers Nantes, et des cars de militants FN ont été intégralement repeints. [voir ci dessous; NdAtt.]

 

Nantes Révoltée

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Blocage du FN: communiqué des coloristes sur voie rapide

Indymedia Nantes / dimanche 26 février 2017

Aujourd’hui, dimanche 26 février, pour perturber la tenue du meeting de Marine Le Pen à Nantes et en réponse à l’appel à blocage lancé par l’assemblée nantaise « A l’abordage », nous avons réservé une petite surprise aux militants frontistes entassés dans les bus en provenance de Rennes.

Dans le calme, la bonne humeur et sans aucun heurt, nous avons bloqué deux bus sur la 4 voies, qui furent au passage copieusement repeints parce que dans la vie, il y a bien d’autres couleurs que le bleu marine.

Comme à son habitude, le Front National ne manquera pas de se poser en victime, invoquant la « démocratie » et la « liberté d’expression ». Nous le répétons, dans une France sous état d’urgence, où la police ratonne dans les banlieues et rafle les migrants, nous ne laisserons pas fleurir le racisme et la xénophobie au prétexte de « liberté ». Nous n’avons pas oublié comment les régimes fascistes d’hier furent institués par des voies parfaitement démocratiques et légales (élection d’Adolf Hitler au suffrage universel, vote massif des pleins pouvoirs à Pétain par le parlement…).

A travers le Front National, c’est à la politique classique dans son ensemble que nous nous attaquons, à tous les partis de gauche comme de droite qui font mine de combattre l’extrême droite tout en pillant ses idées et appliquant son programme sécuritaire.

Aujourd’hui comme demain, dans la rue comme dans les luttes, soyons ingouvernables !

Des coloristes sur voie rapide.

 

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Le Monde / Dimanche 26 février 2017

Samedi 25 février, 2 200 manifestants (selon la police, 3 000 selon les syndicats), ont défilé dans le centre de Nantes pour protester contre la venue dans la ville, dimanche, de Marine Le Pen. La candidate du Front national (FN) à l’élection présidentielle doit y tenir un meeting, au Zénith, à 15 heures.  Dans un climat tendu, les manifestants, fortement encadrés par la police, brandissaient des pancartes proclamant « FN imposture sociale » ou « Le fascisme ne passera pas », selon une journaliste de l’Agence-France-Presse. Les participants – appartenant à divers mouvements de la gauche et de l’extrême gauche – se sont retrouvés à la croisée des trams, place du Commerce, au cœur de la cité des ducs. Sur les quelque 2 200 manifestants, environ 800 appartenaient aux mouvements anarchistes d’extrême gauche, selon des sources policières.

Réunis à l’appel du « Collectif nantais de refus des extrêmes droites », de la CGT, de la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame des Landes (Loire-Atlantique), sous le slogan « Nantes debout, soulève toi », les protestataires se sont dirigés vers une esplanade située au pied du château des ducs de Bretagne, où devaient être prononcées des allocutions. Des pancartes proclamaient : « Je ne voterai plus jamais », « FN l’imposture sociale au service du patronat, discrimination des immigrés : recul des droits pour tous les salariés ». « Bretagne antifasciste. Funérailles na-z-ionales ». « Nous sommes là pour dire à Marine Le Pen qu’elle n’est pas bienvenue du tout dans l’Ouest et à Nantes en particulier. On est une terre de solidarité et de progrès social, d’histoire ouvrière, et on ne veut pas se faire voler par des gens qui mentent aux salariés », a déclaré Anthony Lemaire de la CGT 44.

Des personnes qui s’étaient jointes au cortège ont alors lancé des projectiles en direction des forces de l’ordre. Celles-ci ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. Dans l’échauffourée qui a suivi, onze policiers et gendarmes ont été blessés, dont un qui a été brûlé au deuxième degré aux jambes ; il a été hospitalisé. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a « condamné avec la plus grande fermeté les violences commises », dans un communiqué. Huit interpellations ont également eu lieu, a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique ; quatre ont débouché sur une garde à vue. Le rassemblement s’est finalement dispersé vers 17 h 30. Seuls quelques petits groupes sont restés un moment sur place, cherchant à en découdre dans les rues avec les forces de l’ordre, avant de se disperser à leur tour.

Des banques et des arrêts de bus avaient été protégés dès le matin par des panneaux de bois. Mais selon des images partagées sur Twitter par des journalistes présents, des vitrines ont été brisées le long du parcours de la manifestation.

Parmi les dégradations, la porte d’entrée principale de l’hôtel de ville de Nantes a été taguée, du mobilier urbain a été endommagé, notamment de nombreux abris de tramway. Des devantures de magasins ont également été saccagées par divers projectiles et par des pots de peinture.

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