L’union – L’Ardennais / lundi 17 mars 2014
Jetée d’une tour, un haltère a perforé le toit d’un véhicule de police. L’auteur présumé, 17 ans, a été écroué pour « tentative de meurtre ». Des pavés, des boules de pétanque, des plaques d’égout, des cocktails Molotov et même des réfrigérateurs ! Dans les cités hostiles de banlieue parisienne, longue est la liste des objets jetés des étages en direction de policiers, à tel point que dans ces quartiers-là, une règle élémentaire de prudence observée par les patrouilles est de ne jamais progresser à découvert le long des immeubles. Comme en temps de guerre.
À Reims, le phénomène reste heureusement marginal – quelques cas limités à des jets de bouteilles – mais un cran vient d’être franchi avec une affaire sans précédent : un haltère lâché sur un véhicule de police.
Une chute d’au moins dix mètres
Les faits se sont produits à Croix-Rouge, dans la nuit du 28 février au 1er mars (on vient seulement de l’apprendre). Vers 0 h 30, alors qu’ils se rendaient sur un feu de poubelle rue des Savoyards, trois policiers de la section d’intervention du commissariat ont perçu un choc, un bruit sourd qui a fait trembler leur Citroën Berlingo. S’arrêtant plus loin, ils ont alors découvert sur le toit du véhicule un haltère et un trou de cinq centimètres de diamètre.
« Tombée à la verticale, d’une hauteur d’au moins dix mètres selon les constatations, la pointe de l’haltère est arrivée avec une telle force cinétique qu’elle a perforé le toit », explique un enquêteur. « Elle s’est enfoncée jusqu’à l’extrémité de la doublure interne qui a servi d’amortisseur final. Sans cette doublure, le métal du toit se serait ouvert sur toute sa profondeur et l’on aurait pu se retrouver avec un mort dans le véhicule. »
Ce week-end a été particulièrement difficile pour les forces de l’ordre en France. A Nancy, un policier a été attaqué à coup de sabre tandis qu’à Alès les policiers ont été visés par un tir d’arbalète.
Tentative de meurtre
Une plainte contre X. fut déposée par le préfet. Bénéficiant de moyens supplémentaires depuis le classement de Croix-Rouge en zone de sécurité prioritaire (lire par ailleurs), l’enquête menée par la sûreté départementale de Reims s’est rapidement orientée vers un mineur de 17 ans déjà connu pour une trentaine d’affaires, notamment de violences sur des policiers : son ADN a été retrouvé sur l’haltère. De plus, il habite dans l’immeuble d’où l’objet est tombé.
Arrêté en fin de semaine, le jeune homme a pourtant nié les faits, avançant des alibis démontés par l’enquête. Concernant l’haltère imprégné de son ADN, il explique s’en être débarrassé il y a un mois dans une poubelle. C’est quelqu’un d’autre qui l’aurait récupéré et jeté de l’immeuble.
Ses dénégations n’ont pas convaincu. Présenté au parquet, il a été écroué après avoir été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire sur agents de la force publique, crime passible de la perpétuité. L’excuse de minorité aurait pu ramener le maximum à vingt ans mais en raison de précédentes condamnations, lui ne peut plus en bénéficier.