reçu par mail / mercredi 29 décembre 2021
On flânait dans les rue sombres et humides le soir de Noël, et on discutait consumérisme, classes sociales, injustices.
On se disait que la différence fondamentale dans ce monde, celle qui marque nos vies à toustes est la position de chacun·e sur l’échelle de la richesse et du pouvoir (ils vont souvent ensemble). Il y a des riches et il y a des pauvres. Puis il y a aussi des tas d’autres caractéristiques identitaires plus ou moins artificielles, plus ou moins volontairement choisies, plus ou moins acceptées, plus ou moins marginalisées ou condamnées. Mais au fond il y a toujours les riches en haut et les pauvres en bas. Et le plus souvent les pauvres acceptent cet état de choses comme juste et naturel.
Dans les ruelles humides et sombres de la Butte aux Cailles, on se disait que les villes aussi, depuis toujours, ont été façonnées par le pouvoir et le pouvoir de l’argent. Paris peut-être encore plus que d’autres villes. Ce quartier nous rappelle les derniers jours de résistance des Communard·es, leur tentative de vivre l’utopie avant d’être écrasé·es par la force de l’État.
Notre rage aurait pu en rester là, à des mots. C’est d’ailleurs souvent le cas. On se disait justement qu’avec des mots on ne change rien.
Et on a vu cette voiture de grand luxe garée là. Plaque étrangère, peut-être des touristes friqué·es qui profitent du charme parisien pour les fêtes. Ce charme construit sur le sang de celleux qui ont été écrasé·es. Celleux dont les idées n’ont jamais été vaincues.
Ça coûte combien une Maserati S04 ? Cette ostentation de richesse et de réussite dans cette société ? Probablement pas loin du prix de ces cages à lapin qu’on nous a appris à appeler maison. Mais pendant qu’on se tirait et que les flammes prenaient sous le capot on s’est dit que pour cette fois un bourgeois aurait ses fêtes de gâchées.
Faisons en sorte que cette ville devienne un enfer pour les riches !
Quelques arrière-petits-enfants des Communard·es