extrait du Journal du Dimanche / samedi 13 novembre 2021
Rares sont ses prises de parole à passer inaperçues. Cette semaine, Willy Schraen a encore suscité maints commentaires en affirmant qu’il n’en avait « rien à foutre de réguler » les sangliers ou les cerfs dans les forêts comme le prévoit la loi.
Une provocation « volontaire », assume-t-il, destinée à rappeler que la chasse est avant tout une question de « plaisir ». D’ailleurs, le président de la puissante fédération des chasseurs de France entend profiter du retour du débat sur les dangers de la chasse, à la faveur de l’élection présidentielle.
Il annonce au JDD sa décision de proposer aux élus ruraux lors du Congrès des maires cette semaine un « partenariat » afin de donner aux agents assermentés de sa Fédération des pouvoirs de police dans la forêt, pour lutter « contre la délinquance rurale et environnementale ». […]
Aujourd’hui, on assiste dans les communes rurales à une disparition de la police de proximité concernant la surveillance des espaces agricoles et forestiers. En tant qu’élu rural [il est conseiller municipal de Bayenghem-lès-Éperlecques, petit village du Pas-de-Calais – si quelqu’un.e passe par là… ; NdAtt.], je le constate tous les jours. La gendarmerie s’occupe de la délinquance, l’Office français de la biodiversité a des moyens très insuffisants pour exercer la police de la chasse et de la pêche. Peu de communes peuvent encore se payer des gardes champêtres. Des maires se font agresser pour des histoires de dépôt d’ordures. La délinquance rurale et environnementale augmente. Il manque clairement un maillon au niveau des territoires. Je pense qu’en matière de police de proximité, les fédérations départementales des chasseurs ont un rôle à jouer pour contribuer à la prévention et à la surveillance des territoires en complément des missions régaliennes de l’Etat.
Au sein de la Fédération, nous avons des agents de développement. Ce sont des professionnels formés et assermentés intervenant déjà dans certaines communes qui en ont fait la demande pour la régulation de certaines espèces nuisibles. Ils pourraient, demain, sous le contrôle de l’Etat et des maires, avoir des missions plus larges pour s’occuper des dépôts d’ordure illégaux, de la divagation des animaux domestiques, des problèmes liés à la présence de véhicules motorisés dans la forêt à des endroits sensibles, etc. Il s’agirait de dresser des procès-verbaux et de constater des flagrants délits.
Il ne s’agit pas de donner des armes aux chasseurs pour effectuer ces missions, ni de transformer nos agents en policiers de l’environnement. Ce serait ridicule et ce n’est en aucun cas l’objectif. Ça ne fonctionnera qu’avec les communes rurales qui voudront bien souscrire une convention avec les fédérations départementales des chasseurs pour la réalisation de certains constats. En réalité, beaucoup de maires font déjà appel à nous, mais notre action est limitée pour répondre à leurs attentes. Il s’agirait donc de donner un cadre légal à notre intervention. On a 1.500 salariés capables de le faire. [bref, c’est un peu ce qui font déjà les « chasseurs vigilants » dans l’Oise, mais avec un statut officiel… ; NdAtt.]