Kontrapolis / lundi 5 juillet 2021
Même si la fumée s’est un peu dissipée, après l’inspection du squat Rigaer 94, cela ne signifie pas que les luttes pour des logements abordables et décents ait cessé, à Berlin et ailleurs. De nombreux.ses autres locataire.trice.s s’inquiètent chaque année pour leur logement et donc pour le centre de leur vie. Les chances de trouver un appartement à peu près abordable dans cette ville tendent au zéro, pour la plupart des personnes ayant un salaire moyen.
La mort de Peter Hollinger, le 31 mai 2021, montre que cette peur peut aussi avoir des conséquences mortelles. Après trois ans de procédure judiciaire infructueuse contre une procédure d’expulsion pour des raisons personnelles, ce musicien de 67 ans, bien implanté à Kreuzberger, s’est suicidé.
Ce n’est pas le premier décès lié à une expulsion. On se souviendra aussi de la mort de Rosemarie F., morte à Berlin, dans un centre d’hébergement pour sans abris, deux jours après son expulsion.
Dans les deux cas, il était clair, même avant l’expulsion, à quelle pression immense et à quel poids psychologique les personnes concernées avaient été exposées et, dans les deux cas, il a été déconseillé d’urgence, pour des raisons médicales, de procéder à l’expulsion. La conséquence mortelle a été acceptée pour une question de propriété privée.
Lorsque, au début de la pandémie de 2020, des voix se sont élevées pour demander aux propriétaires d’être « accommodant.e.s » face aux difficultés de paiement à cause du Coronavirus et pour une suspension des expulsions, nous ne nous sommes pas fait d’illusions sur ce qui allait réellement se passer.
L’expulsion des squats et lieux autogérés Meuterei, Liebig34 et Syndicat, ainsi que les expulsions prévues de la librairie Kisch&Co, du Köpi et du Potse parlent un langage clair. Ce qui est présenté dans les médias comme une lutte des autonomes contre la ville est en réalité la logique d’un marché immobilier dont les victimes ne sont pas sélectionnées en fonction de leur identité politique, mais en fonction de leur valeur économique.
Le fait que le logement soit devenu une marchandise et un objet de spéculation pour des sociétés d’administration de biens cotées en bourse laisse dans une peur permanente pour leur existence toutes les personnes qui sont dans l’incapacité financière de payer des loyers qui augmentent constamment.
C’est la raison pour laquelle la nuit dernière nous avons incendié une voiture de Vonovia, sur Einsteinufer, dans le quartier de Tiergarten.
La pandémie n’a pas nui au marché du logement. En particulier, des entreprises comme Vonovia ont continué à augmenter régulièrement les loyers. Le loyer moyen des appartements de Vonovia est en 2021 presque 3,5 % plus cher qu’il y a un an.
On s’en fiche des beaux discours avec lesquels des entreprises comme Vonovia essayent de dissimuler leur politique de logement inhumaine et orientée vers le profit.
Tant que des sociétés immobilières privées, cotées en bourse et donc orientées vers le profit décideront sur nos logements et donc sur nos vies, nous les attaquerons.
Chaque personne a besoin d’un logement !
Contre la ville des riches !
En mémoire de toutes les personnes qui ont perdu leur vie à cause de cette logique inhumaine de profit !