alma apátrida / dimanche 28 mars 2021
« Moi aussi, j’ai un briquet » – compte-rendu de la manifestation en solidarité avec les prisonnier.e.s du 27 février, à Mataró
Le 27 mars 2021, dans la ville de Mataró [à une trentaine de km de Barcelone ; NdAtt.], il y a eu une manifestation en solidarité avec Sara, María, Alberto, Danilo, Jalienne, Emmanuele, Ermano et Luca : arrêtés et emprisonnés (la premier a déjà été libérée, tout en restant inculpée) à la suite d’une opération policière qui a essayé de les relier à une cellule d’anarchistes italiens violents, en tirant parti de toute la sombre légende qui, historiquement, la presse bourgeoise espagnole et catalane a construit autour du mouvement libertaire de ce pays. Tout cela dans le contexte des protestations contre l’emprisonnement du rappeur Pablo Hásel : ce qui nous place, nous les anarchistes qui avons manifesté samedi et/ou qui avons montré notre solidarité d’une autre manière, dans une situation de réponse à la répression aux côtés de celles/ceux qui, à leur tour, montrent elles/eux aussi leur solidarité pour las mêmes raisons. Je dis cela parce que je pense qu’il est nécessaire de réfléchir à cette situation ; il semble en effet que nous soyons déjà tombés dans la dynamique action-répression-action qui indique un moment de reflux dans la lutte. En fait, c’est dans cette position que le système veut nous voir et d’où nous devons essayer de sortir.
Vers 19h, une cinquantaine de personnes s’est sont rassemblée devant la gare de Renfe et, après un moment à attendre l’arrivée éventuelle d’autres manifestants, nous avons occupé la route N-2, en déployant deux banderoles et un drapeau anarchiste. Sur la banderole plus grande il y avait écrit la phrase « Moi aussi, j’ai aussi un briquet » (en référence à l’histoire rocambolesque inventée dans le rapport de police des Mossos, selon laquelle les personnes arrêtées faisaient partie de la même cellule parce qu’ils avaient les mêmes briquets : un objet qui est offert dans les paquets de tabac et qui est d’usage courant) ; l’autre, plus petite, était porté par deux activistes du collectif Movimiento Pro-aministia, créé pour se solidariser avec les personnes victimes de la répression suite aux luttes anticapitalistes et pour demander une amnistie totale.
Suivis de près par des effectifs de la police municipale, nous avons emprunté la route, en criant des slogans comme « Moi aussi j’ai aussi un briquet », « Liberté pour nos compagnonnes, parce que l’État les garde enfermées », « A bas les murs des prisons », « Les taules sont des centres d’extermination » ou « Vive, vive, vive ! Le Maresme [la région de Mataró ; NdAtt.] est anarchiste » jusqu’à quand nous sommes arrivé.e.s à un rond-point et nous avons tourné à droite, où se trouvait le commissariat des Mossos d’Esquadra [la police catalane ; NdAtt.]. Au fur et à mesure que nous approchions, le ton des slogans montait, comme « La police torture et assassine », à cause de toute la rage accumulée contre ces mercenaires du proto-État capitaliste catalan, qui nous attendaient en faisant un cordon, casques sur la tête et matraques dégainées : il y a eu quelques moments de tension, sans qu’ils chargent, et nous nous sommes déplacé.e.s vers la gauche, en entrant dans le centre-ville.
Nous avons continué à crier des slogans et à distribuer quelques tracts aux riverain.e.s qui regardaient le cortège, jusqu’à ce que nous arrivions devant la mairie, où on a déployé les deux banderoles et lu le communiqué de solidarité avec les compas emprisonné.e.s, sous les regards étonnés d’une foule de passant.e.s, dont certain.e.s ne semblaient pas trop comprendre ce qui se passait : il faut dire qu’une personne de la manifestation s’est chargée de l’expliquer à ceux qui, curieux, s’approchaient pour demander. Pendant ce temps, nous étions surveillé.e.s de près par plusieurs membres de la police municipales, postés devant une banque ; un manifestant leur a ironiquement reproché de protéger plus une banque que la Mairie, ce qui a provoqué quelques rires.
Il semblait que la manifestation allait se terminer là, mais ça n’a pas été le cas, car nous avons décidé de continuer, en faisant du bruit avec ce que nous trouvions, comme des clôtures métalliques de chantier, tout en continuant à crier les slogans cités. Enfin, nous sommes arrivé.e.s au point de départ où, pour terminer, pendant un certain temps nous avons à nouveau coupé la N-2, en montrant les banderoles aux véhicules, jusqu’à ce qu’on décide de mettre fin à une manifestation qui, à son début et à sa fin, était discrètement (du moins le pensaient-ils) surveillée par un groupe d’agents du Renseignement. Personnellement, je pense que, malgré le fait que nous n’étions pas très nombreux.ses, il y avait beaucoup d’entrain et de combativité et la manifestation a été plus longue que prévu.
Liberté pour les prisonnier.e.s de la manifestation du 27 février.
À bas les murs
alma apátrida