Indymedia Nantes / lundi 1er février 2021
Ce texte concerne la situation de Dimitri Koufoudinas qui, en grève de la faim depuis le 8 janvier, a décidé d’entreprendre cette forme de protestation suite à son transfert en début janvier de la prison rurale de Kassevetia à celle de Domokos.
Une loi adoptée au début du mois, une de celles qui font empirer la vie dans les pénitenciers, a établi que les condamnés pour terrorisme ne peuvent pas avoir accès aux prisons rurales, ces institutions pénitentiaires plus « ouvertes » auxquelles peuvent accéder les prisonniers de longue date. L’adaptation de cette loi, qui est aussi rétroactive, a immédiatement mis en route le processus bureaucratique nécessaire au transfert de Dimitri. Le même texte du gouvernement établi que les détenus n’ayant plus le droit de rester dans les prisons rurales devront retourner dans la dernière prison où ils étaient, ce qui aurait dû être, pour Koufoudinas, la prison athénienne de Koridallos. L’administration pénitentiaire a tout de même décidé de l’envoyer dans celle de Domokos. En théorie, il n’existe pas en Grèce de distinction des circuits pour les prisonniers, et cela grâce aussi aux vastes protestations menées il y a quelques années par les détenus – comme à l’extérieur – lorsqu’il y a eu la tentative d’y introduire ce principe de distinction des régimes (protestations dans lesquelles Koufoudinas avait été un des protagonistes). Mais dans les dernières années, la tentative de l’administration pénitentiaire a été celle de transformer, de fait, la prison de Domokos en un institut avec des normes plus rigides pour les détenus « spéciaux » : ici ont été enfermés certains des prisonniers condamnés pour association criminelle lors du procès qui a vu à la barre les fachos de Aube Dorée, mais aussi les compagnons Nikos Matsiotis et Yannis Dimitrakis (eux aussi en grève de la faim, en solidarité à Koufoudinas, depuis le 16 janvier).
Pour donner un semblant de légitimité au transfert du compagnon, l’administration pénitentiaire a même falsifié les documents, écrivant qu’il aurait été amené de Kassevitia à Koridallos et puis de là à Domokos, chose qui ne s’est jamais vérifiée.
Devant ces faits, Koufoudinas a décidé de réagir de la seule manière qui lui paraissait opportune, commençant la grève de la faim sans limite et demandant à être transféré dans la prison de Koridallos, en conformité avec le texte de loi. Les jours passent, il a 64 ans et cette grève de la faim est sa cinquième depuis qu’il est en prison, c’est-à-dire depuis 2002. À l’hôpital de Laima, où il est sous stricte surveillance, il est inconscient la plus part du temps. Les médecins disent qu’il pourrait à tout moment lâcher prise et tomber dans le coma, mourir.
Ici en Grèce on essaye de mettre en place des initiatives qui soient les plus amples possible et qui aient le plus d’impact, pour ainsi faire pression sur l’exécutif et sur l’administration pénitentiaire. Vu la situation très répressive dans le pays hellénique, avec la difficulté objective de descendre dans la rue, il est maintenant plus que jamais important de mener des initiatives qui fassent œuvre de témoignage et de « dénonciation », aussi dans d’autres pays.
Le temps presse…