Round Robin / jeudi 2 juillet 2020
Aux ami.e.s et aux amours de ma vie, à mes compas de lutte et d’aventure, aux anarchistes et à tou.te.s celles/ceux qui s’intéressent à ma situation : j’écris ces quelques lignes pour vous donner des nouvelles de moi et de l’affaire répressive qui m’a touché.
Mon arrestation a eu lieu chez mes parents, tôt le matin de vendredi 12 juin, par les agents du ROS de Rome, secondés par les Carabinieri de la caserne du coin. Après une longue perquisition, qui s’est focalisée surtout sur des écrits qui se trouvaient dans le fourgon où je dormais et dans la chambre que j’utilise dans cette maison, ils ont saisi une grande quantité d’affiches, de livres, de revues (dont certains « leur manquaient », ils m’ont dit), du courrier personnel, des agendas, des carnets de notes et différents manuscrits, tous les ordinateurs et les mémoires externes qui étaient dans la maison, deux téléphones, une carte SIM, un appareil photo numérique, en plus des chaussures que je portais, d’un paire de gants, d’un cache-cou et d’une masque anti-gaz militaire. Ils m’ont notifié une ordonnance de détention préventive pour participation à une association avec finalité de terrorisme et de subversion du système démocratique. En plus, je suis accusé, à des niveaux différents, de dégradations, dégradations par tags, manifestation non autorisée, vol, provocation à crimes et délits ; la plupart de ces délits est en lien avec la solidarité avec les inculpé.e.s et les prisonniers de l’opération Panico. L’opération qui me concerne (nommée « opération Bialystok ») est le résultat des enquêtes poussées qui ont suivi une action signée par la FAI/Cellule Santiago Maldonado, ayant eu lieu à Rome le 7 décembre 2017, en plus que de la préoccupation causée aux autorités répressives par certaines actions directes qui ont eu lieu dans la capitale ces dernières années (dans l’ordonnance sont listés des incendies de voitures de l’entreprise d’autopartage Enjoy, appartenant à ENI, l’incendie d’une antenne-relais de Vodafone, tandis que les médias parlent même de faits qui remontent à il y a dix ans, comme les attaques à l’explosif contre une caserne des Carabinieri, en 2010, contre une banque, en 2012, contre le tribunal de Civitavecchia, en 2016 et contre le siège d’ENI en 2017) ainsi que par la période de possible agitation sociale qui suivra l’urgence Covid-19. Dans les documents que j’ai pu voir on parle également de liaisons internationales, avec la Grèce (à cause d’un voyage que j’ai fait en novembre-décembre 2018), le Chili (à cause de la visite d’une compagnonne chilienne au Bencivenga Occupato, en septembre 2018) et avec Berlin (apparemment seulement à cause d’une action signée FAI qui a eu lieu là bas en octobre 2018), en plus des liens idéologiques avec Alfredo Cospito, anarchiste emprisonné à cause des tirs dans la jambe de l’ingénieur Adinolfi et de différentes actions signées par la Fédération Anarchiste Informelle.
J’ai donc été enfermé dans une section d’isolement de la prison de Rieti, pour y passer la période de 14 jours de quarantaine que l’AP a mis en place pour freiner la propagation du virus Covid-19 dans les prisons. Les arrivants, on a été enfermés dans des cellules d’environs 3,5 mètres x 2,5, au rez-de-chaussée du coin sud-ouest de la taule. Depuis mercredi 17 juin, on nous permet enfin de passer 40 minutes chacun dans la cour de promenade. La section est remplie et on arrive à se tenir compagnie et à s’aider les uns les autres, dans la mesure du possible. Je vais bien, je garde un bon moral et pour l’instant je n’ai besoin de rien. Dimanche dernier j’ai entendu les salutations depuis l’extérieur et j’ai reçu beaucoup de télégrammes et de lettres, des choses qui m’ont donné de la force pendant ces longues journées. Je remercie tout le monde pour le courrier.
Je pense que je vais être transféré dans une autre prison, avec des sections de Haute surveillance, avant la fin des 14 jours de quarantaine. Avant 15 environs à partir d’aujourd’hui devrait avoir lieu l’audience du Tribunal des libertés, qui donner son avis sur l’ordonnance de détention préventive pour moi et 6 autres inculpé.e.s détenu.e.s. Je profite de cette lettre pour leur envoyer une salutation chaleureuse, ainsi qu’à vous tou.te.s.
Mon cœur est avec vous.
Prison de Rieti,
19 juin
Nico
Pour lui écrire (il a été transféré depuis) :
Nico Aurigemma
Casa Circondariale di Terni
Strada delle Campore, 32
05100 – Terni (Italie)
NdAtt. : on pourra trouver les adresses pour écrire aux autres compas emprisonné.e.s lors de l’opération Bialystok ici. Et n’oublions pas d’écrire à Juan, lui aussi enfermé à Terni.