Sud-Ouest / jeudi 18 juin 2020
« Brûlez les banques« , « un flic, une balle« , « à bas le capitalisme« , « la propriété, c’est du vol« , « les élus ne pensent qu’à eux-mêmes« , « stop féminicides« , voilà un petit florilège des soixante tags que les Rochefortais avaient découvert sur de nombreux murs de la ville (dont la façade de la mairie), le 8 mai dernier au matin.
La police, qui a enregistré dix-huit plaintes, a mené l’enquête et a pu confondre une jeune femme du milieu d’extrême gauche, grâce à la caméra d’une banque qui l’avait filmée sur le vif. Car l’auteure des tags, qui n’était peut-être pas seule, avait choisi avec précaution, de se livrer à ses graffitis dans les seules rues dépourvues de caméras municipales… Les enquêteurs ont comparé l’image obtenue avec celles qu’ils conservent après les manifestations de rue et ont pu repérer la trentenaire, grâce à ses chaussures et à son manteau !
Elle a été interpellée mercredi matin à son domicile à La Rochelle, avant sa garde à vue à Rochefort pendant laquelle elle est restée bouche cousue. Âgée de 30 ans, sans profession, elle est convoquée devant le tribunal de La Rochelle le 20 août 2020.
Solidarité !
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Mise à jour du 31 octobre : relaxée !
ActuLaRochelle / vendredi 29 octobre 2021
Dossier plutôt fragile que celui présenté le jeudi 28 octobre à la barre du tribunal judiciaire de La Rochelle. Même le ministère public, reconnaissait que la seule photo de vidéosurveillance prise de la caméra d’une agence bancaire de Rochefort ne permettait pas d’identifier formellement la jeune femme âgée de 31 ans.
Du petit-lait pour son conseil Me Alexandra Dupuy, avocate tout aussi engagée que sa cliente lorsqu’il s’agit de défendre ce type de dossier.
L’avocate Rochelaise avait été au soutien de nombreux gilets jaunes lorsque ceux-ci avaient eu maille à partir avec la justice.
Concernant Valentina, ce sont des tags, « une balle un flic ; ah bas le capitalisme ; ACAB » (tous les flics sont des salauds N.D.L.R), inscrits à la bombe de peinture dans la nuit du 7 au 8 mai 2020 à Rochefort.
Au total, une soixantaine de tags, tous ne sont pas reprochés à la prévenue, dessinés sur les murs de la mairie, du commissariat, d’agences bancaires, voire d’immeubles de particuliers.
La jeune femme ne nie pas avoir été présente cette nuit-là à Rochefort, comme le bornage de son téléphone le prouve d’ailleurs, « j’étais dans mon véhicule. Je ne pouvais plus rester à La Rochelle ».
Valentina ne s’en cache pas, « je suis connue pour participer à de nombreuses manifestations d’extrême gauche ».
Pour autant, « je ne reconnais pas les faits. J’ai passé 23 heures en garde à vue. Je ne suis pas coupable. C’est ma première affaire. Je fais officiellement de la politique. Cela faisait un petit moment que les policiers voulaient me faire tomber. Ils m’ont à l’œil. Depuis 5 ans j’ai souvent été contrôlée. Ma liberté c’est une conviction politique. La première fois que j’ai été contrôlé c’est lorsque Macron est venu à Rochefort ».
L’accusation repose sur cette simple photo extraite de la vidéosurveillance d’une banque ciblée par les tags. On y voit une femme de la même corpulence que la prévenue, dont seul le haut du visage n’est pas masqué, « ce n’est pas moi ! ».
Seul fait que ne peut pas nier Valentina : son refus de se soumettre au prélèvement ADN lors de sa garde à vue. Pour l’avocat des parties civiles, « ces explications sont fumeuses. Les extrêmes ont parfois tendance à déraper ».
Pour le ministère public, « cette action est à visée politique. Elle est plutôt du type de l’extrême gauche.
Les services des renseignements territoriaux connaissent la prévenue ». Une peine de 70 heures de travaux d’intérêts généraux est requise pour les tags et une amende 300 euros pour ne pas avoir accepté de se soumettre au prélèvement ADN.
La défense monte au créneau, « il n’y a pas de preuve dans ce dossier. Vous venez de passer 20 minutes à lui demander ce qu’elle faisait à Rochefort. Sur la photo, on ne la reconnaît pas. Ce qu’elle faisait à Rochefort, ça la regarde. Elle a peut-être un amant. Je ne sais pas. Ce n’est pas le sujet. C’est au procureur de vous convaincre. Le dossier est vide. Bien sûr que je plaide la relaxe ».
Concernant le refus de se soumettre au prélèvement ADN, une amende avec sursis est plaidée.
Valentina a été relaxée pour les tags, mais condamnée à une amende 300 euros pour s’être opposée au prélèvement ADN. Les parties civiles ont été déboutées de leurs demandes.