Il Rovescio / samedi 2 mai 2020
Hier, 1er mai, une vingtaine de compagnons e compagnonnes sont sortis dans les rues, pendant environs une heure, avec des discours à l’ampli au milieu des immeubles de l’Itea [les HLM de la région Trentino ; NdAtt.], dans le quartier populaire des Fucine.
Comme cela avait déjà été le cas le 25 avril [fête national en Italie pour célébrer la fin de la Deuxième guerre mondiale et de la dictature fasciste ; NdAtt.] dans le quertier Brione, ça a été une occasion pour parler des causes structurelles de l’épidémie – toutes reliées à la manière dont le capitalisme exploite et pille la nature – et de comment le gouvernement et les industriels l’ont affrontée, en causant un massacre. Cette fois aussi, on a invité les habitants des HLM qui ont des difficultés économiques à s’organiser pour ne pas payer le loyer (les dirigeants des HLM régionaux ont annoncé une moratoire sur les loyers pour les commerçants, mais pas pour les particuliers) .
On a souligné que l’interdiction, qui restera en vigueur même après le 4 mai [la date de fin du confinement en Italie ; NdAtt.] de se rencontrer en groupes de plus de trois personnes, à l’air libre, a pour but de nous garder isolés et passifs, face à ce qu’ils nous préparent : les prêts que le gouvernement va demander à l’Union européenne et aux créditeurs italiens (banques, assurances, fonds d’investissement) seront remboursés par l’intensification de l’exploitation des couches les plus pauvres de la société, quelque chose à propos duquel tout le monde, « européistes » et « souverainistes », est d’accord. Pour résister à tout cela – et à l’introduction de la 5G – il faut violer, de manière responsable, les mesures de confinement social. Quelques habitants – surtout des jeunes – se sont rapprochés de notre rassemblement. Deux voitures de la police, par contre, sont restées à distance.
Voici l’affiche collée dans le quartier :
Maintenant ça suffit
Est-ce que l’on fait face aux causes de l’épidémie (déforestation, élevage intensif d’animaux, pollution de l’air et des sols)? Non. Est-ce que l’on arrête de dilapider en armements, hélicoptères, drones, l’argent qui pourrait servir à des millions de chômeurs et de précaires ? Non. Est-ce que l’on change un système sanitaire toujours plus privatisé, qui a envoyé ses salariés au casse-pipe ? Non.
On redémarre. Fini, le langage de la guerre. Commence celui de l’empathie (oui, on vous comprend, c’est difficile pour nous aussi, soyez patients).
Avec la remise en marche de la machine économique – des rassemblements de personnes dans les usines et dans les transports en commun, pour atteindre les lieux de travail – on crée les conditions pour des nouvelles contagions (surtout dans les zones industrialisées et urbanisées, où le nombre de cas est toujours très élevé).
Mais, même après le 4 mai, sera interdit de se rencontrer en groupes de plus de trois personnes, à l’air libre!
Avant que nous pussions nous rencontrer et nous organiser, patrons et gouvernement veulent avoir déjà mis en place quelques petits trucs :
– les dettes des banques et des grandes entreprises seront transformés en dette publique (Euro-obligations ou Mécanisme européen de stabilité), qui sera encore une fois payée par les travailleurs et les plus pauvres
– numérisation de la société (automation, caméras à reconnaissance faciale, capteurs de contrôle, internet des objets).
Nous avons vu comment le coronavirus a été géré. Maintenant c’est le tour du Remède.
Seulement des miettes de prévues pour des millions de chômeurs, travailleurs au noir, précaires. L’on n’efface pas les « dettes privées » de ceux qui n’arrivent ou n’arriveront plus à payer le loyer, le prêt, les factures. L’on transforme en « dette publique » (en le déchargeant sur les épaules des générations actuelles et futures) les profits du grand capital. La « normalité » rendra encore plus clair ce qu’on a vécu pendant l’ « urgence » : la division entre personnes qui peuvent être sacrifiées et personnes à sauver.
Le décret « Cura Italia » (à l’art. 82) contient le plan structurel pour accélérer et imposer la technologie 5G, que tous les études – sauf ceux financés par les compagnie de téléphonie mobile – disent être très cancérigène. Les radiofréquences les plus dangereuses pour les êtres vivants qui aient jamais été produites sont insérées dans un décret émané au nom de la Santé. Pas mal. Et ici aussi la course – du Partito Democratico au Movimento 5 Stelle – est entre ceux qui veulent déployer les moyens numériques le plus vite, en faisant même recours à la force contre les habitants qui ne veulent pas d’antennes sur leur bâtiments.
Tandis que nous avons l’autorisation de faire quelques balades et un peu de sport (aller travailler et consommer, ça oui, on est autorisés), ils veulent nous imposer, par une blitzkrieg, une restructuration économique, technologique et sociale impitoyable, productrice de nouvelles épidémies à venir.
Si nous ne commençons pas à violer les mesures de confinement – en adoptant par nous-mêmes les précautions nécessaires – et à nous organiser, la reprise sera pire encore que l’arrêt.
anarchistes
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