Round Robin / vendredi 27 septembre 2019
(“On renvoie à procès les anarchistes pour ce que les anarchistes sont : des ennemis de l’État”)
Il y a peu plus d’une semaine, est tombée l’ordonnance du tribunal de Milan, avec les motivations données par le Juge des libertés et de la détention pour confirmer la détention préventive de Natascia, dans l’attente du procès. Cela avait été le cas aussi pour Robert et Beppe, eux aussi arrêtés le 21 mai, avec l’opération répressive « Prometeo ». Un fatras de raisons réparties en paragraphes dont les titres vont de « degré de dangerosité des engins artisanaux envoyés » à « exigence de la détention préventive », en passant par l’« existence de graves indices de culpabilité » et la « qualification juridique du délit dans la perspective du manque de certains éléments constitutifs, aussi du point de vu psychologique ». Cependant, ces raisons convergent toutes dans la direction de ce que les inculpés représentent, en tant qu’individus, plutôt que se baser sur des preuves irréfutables et incontestables. Même le paragraphe sur le « degré de dangerosité des engins artisanaux envoyés » termine ainsi : « ceci dit, même si on veut considérer que les engins ne pouvaient pas mettre en danger la vie des destinataires, […] ce jury pense que le délit et ses potentialités […] dénotent en tout cas – par les personnalités des inculpés, leur comportement et le contexte dans lequel ils se situent – une forte dangerosité, ce qui rend non relevant, d’un point de vue strictement préventif, la possibilité effective que les engins portent atteinte à la vie des personnes ». Et même si, dans le paragraphe à propos de l’ « existence de graves indices de culpabilité », le tribunal lui-même déclare que « c’est certainement vrai, comme maintenu par la défense, que sur la base des preuves disponibles ça n’a pas été possible d’établir avec certitude ce que les deux inculpés ont acheté », le fait que deux anarchistes se trouvent ensemble dans un magasin donné à un moment donné devient un indice de culpabilité.
On passe ensuite aux écoutes téléphoniques, et la même ordonnance dit : « en général, le tribunal, comme la défense, note qu’aucune conversation touche explicitement les faits qui leur sont imputés, et qu’il n’y a pas non plus des références précises à la crainte d’une arrestation, en rapport aux faits dont il est question. Cependant, les conversations écoutées n’ont pas donné non plus des éléments en faveur des inculpés ; d’autre côté, le contenu de certaines discussions, même si parfois fragmentaires (caractérisées par des passages incompréhensibles ou pas toujours simples à comprendre), donne des clairs éléments de contexte, qui vont dans le sens de l’accusation ». C’est à dire : aucune écoute prouve leur culpabilité. « CEPENDANT », ils sont anarchistes, donc ennemis de l’État. Et si leurs conversations ne prouvent pas leur culpabilité, elles ne prouvent pas non plus leur innocence. Du coup, entre des mots sortis du reste de la phrase et décontextualisés du fil du discours, coups de gueule et discussions personnelles utilisés au bon gré du tribunal, on renvoie à procès les anarchistes plus pour ce qu’ils représentent, que pour « des graves indices de culpabilité ». Et c’est de cette manière que la phrase d’une amie et compagnonne qui, au téléphone, en réponse à un coup de gueule (d’ordre politique) de Nat, disait « toute cette tension sociale va, tôt ou tard, exploser (en devenant conflictuelle) », a été coupée pour devenir dans le dossier, « va, tôt ou tard, exploser » et a même été relayée, avec d’autres passages des écoutes, par les journaux, accompagnée par le nom et prénom de l’amie et compagnonne. De même, on retranscrit des conversations où des opinions personnelles et des positons politiques sont d’emblée transformées en « allusions », pour devenir ensuite des « indices de culpabilité » à tous les effets, tout comme les affiches collées sur le mur d’une pièce, à la maison, la solidarité et le courrier échangé avec des prisonniers et le réseau de relations et d’amitiés avec d’autres compagnons et compagnonnes anarchistes. Rien de nouveau, enfin.
D’autres nouvelles suivront.
Il s’agira d’un procès très coûteux, parce que la défense aura recours aussi à la collaboration de plusieurs techniciens et experts. On demande donc à groupes et individus affins et solidaires de soutenir Natascia, Robert et Beppe en participant aux frais de procès, en utilisant ces coordonnées :
Compte au nom de Vanessa Ferrara
IBAN: IT89W0894616401000024400978
N’ARRÊTONS PAS DE BRISER L’ISOLEMENT DE NAT, ROBERT ET BEPPE
Les lettres, les cartes postales, les livres et la musique sont de l’oxygène, quand on est enfermés !
(Nat nous informe que pour l’instant elle préfère lire des BD et des romans)
C’est mieux d’utiliser des courriers suivis, pour éviter que les lettres se « perdent », comme cela arrive souvent.
Pour leur écrire :
Natascia Savio
C. C. di Piacenza
Strada delle Novate, 65
29122 – Piacenza (Italie)
Giuseppe Bruna
C. C. di Pavia
Via Vigentina, 85
27100 – Pavia (Italie)
Robert Firozpoor
C. C. di Sassari – Bancali
Strada provinciale 56, n. 4
Località Bancali
07100 – Sassari (Italie)