Indymedia Nantes / lundi 20 mai 2019
Cela fait maintenant un an que deux personnes sont inculpées et placées sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une instruction criminelle, accusées d’avoir tenté de brûler un véhicule d’Enedis à Ambert en juin 2017. Ce CJ les empêche notamment de rentrer en contact l’un avec l’autre ainsi qu’avec 5 autres personnes, les contraint à ne pas quitter le département et à pointer deux fois par semaine.
Sortir de prison, ne pas attendre le jour du procès en détention provisoire est réjouissant. Mais assez logiquement, en tant qu’alternative à la prison, le contrôle judiciaire est loin d’être une partie de plaisir, surtout lorsqu’il s’accompagne d’effets insidieux : la pression des flics lors du pointage ou la surveillance dans la rue… mais aussi la stigmatisation de l’entourage, le rejet ou la fuite de celleux qui ont peur d’avoir leur blaze dans le dossier d’instruction, l’injonction à avoir une vie rangée… Autant d’éléments qui vont du désagréable à l’insupportable suivant les jours et qui participent de cet outil mis en place par la justice pour tenir en laisse et isoler, le tout à ciel ouvert.
Récemment, les deux compagnons ont demandé la levée de leur contrôle judiciaire. La juge d’instruction vient de leur refuser, avec des motifs assez significatifs. Elle leur reproche le silence au moment de l’enquête sociale, le peu de garantie de représentation qu’ils offrent, des comportements suspects (éviter d’être tracé, utiliser des alias), le fait de ne pas travailler, et pour finir, leur refus de collaborer aussi bien avec elle qu’avec les enquêteurs-rices.
Il est évident que la justice s’accommode mal du silence et de la résistance des personnes qu’elle cherche à mater. En avril 2018, alors que les deux compagnons assistaient à l’audience pour l’appel de leur mise en détention, le procureur avait déjà mentionné dans son réquisitoire qu’ils resteraient en prison jusqu’à qu’ils choisissent de parler (un des OPJ disait que les juges cherchent à « attendrir la viande »). Heureusement, la suite lui prouva que non.
S’il n’est pas question ici de se plaindre d’un traitement injuste, il nous semblait important de rappeler quelles peuvent être les conséquences de l’absence de collaboration. De récents exemples de longues détentions préventives, de contrôles judiciaires stricts et de refus de demandes de mise en liberté suite à des choix de ne pas discuter avec les flics et la justice sont parlant (eux). Ce choix du silence sur le long terme, bien que probablement dur à assumer au vu de ses conséquences, est une belle épine dans l’œil de la répression. Bien sur il permet de donner le moins de billes possible à ces ordures, qui arrivent déjà suffisamment à nous mettre dans la merde grâce aux outils et aux quelques informations dont elles disposent. Et si parfois la tentation d’ouvrir la bouche se fait sentir – parce qu’on nous fait comprendre que ça peut être dans notre intérêt ou qu’on bouillonne devant l’absurdité de la situation – gardons à l’esprit qu’en face de nous se tient un.e ennemi.e dont le seul objectif est de nous faire rentrer dans le rang, la tête basse et le regard éteint.
Il ne s’agit pas de se plaindre donc, mais juste de transmettre des éléments sur une pratique (parmi d’autres) dont on s’imagine bien que les baveux.ses elleux-mêmes ne font pas trop la promotion. Pour que le choix du silence se fasse en connaissance de cause et qu’il s’assume ainsi avec fermeté et détermination.
Que crève la justice !
On ne bavarde qu’avec nos potes !
Liberté pour tou.te.s !
Miaouss oui la guerre !