Antifenix / mercredi 27 mars 2019
Les premières accusations sont tombées en avril 2015 : le premier volet de l’opération répressive « Fénix » commençait. En mars 2018, la Court suprême de Prague a laissé tomber toutes les accusations pour toutes les personnes inculpées. Entre-temps, le deuxième volet de l’opération est apparu ; ce texte explique de quoi il s’agit.
Quand la police a commencé l’opération Fénix, certains médias ont déclaré que le SRB (Réseau des Cellules Révolutionnaires) était en déroute. Cependant, les sabotages et les attaques incendiaires ont continué et leur coûts ont augmenté. Cela est devenu bientôt évident qu’il allait devenir difficile de lier les personnes inculpées avec ces actes, du coup la police a commencé à « enquêter ».
Il se sont concentrés sur les interrogatoires, sur les analyses du matériel saisi pendant les perquisitions et aussi sur la filature des gens. Parmi ces personnes, il y avait aussi l’anarchiste Lukàš Borl, qui a décidé de se mettre au vert à la fin de l’été, à cause du harcèlement que lui et ses proches subissaient de la part de la police. Pendant l’hiver 2016, la police a déclaré Lukàš « recherché » et a dit qu’il était armé et dangereux. A partir de ce moment, on peut parler de début de Fénix II.
Le 4 octobre, Lukàš a été arrêté a Most par le policier Zdeněk Prošek, qui avait été son camarade d’école. Il lui a énoncé les chefs d’accusation dont il avait été chargé plusieurs mois plus tôt, en son absence. En ce moment il découve ce qu’ils préparent.
Lukàš a été accusé d’avoir « crée, soutenu et diffusé un mouvement visant à la suppression des droits et de la liberté des gens ». Selon la police, il était à l’origine du Réseau de Cellules Révolutionnaires (SRB), il aurait participé à certaines de leurs actions et écrit certains de leurs communiqués, et il les aurait tous publié sur le site Asociale Alerta. Les enquêteurs prétendent qu’il est responsable de « destruction de bien d’autrui», à quatre reprises. Deux fois pour des incendies de voitures de flics. Une pour l’attaque incendiaire contre une porte de magasin. Et une pour des tags sur un mur de la prison de Ruzyně à Prague. Enfin, la police prétend qu’il a fait du chantage au propriétaire du restaurant Řízkárna, bien connu pour ne pas payer ses employé.e.s. Ensuite, ils ont ajouté l’accusation de fabrication de faux papiers. Plus précisément une carte d’identité polonaise, que Lukàš avait sur soi lors de son arrestation.
Lukàš a passé plus de sept mois en détention provisoire à Litoměřice. Plusieurs semaines après qu’il a été relâché, le 9 juin 2017, la police a mis sous accusation quatre autre personnes, et ce là qu’a commencé Fénix II.
On y trouve Martin Ignačák et Petr Sova, qui étaient inculpés, puis acquittés, dans l’affaire Fénix I. Les autres sont l’anarchiste Lukàš Novak et le militant environnementaliste Tomáš Zeleny. Tous ensemble, ils ont été accusés de seize chefs d’inculpations.
On parle à nouveau de l’accusation de création, soutien et diffusion d’un mouvement visant à la suppression des droits et de la liberté des gens . Cette fois, la police ne dit pas qu’ils font partie des SRB, mais trois d’entre eux sont présumés coupables d’avoir soutenu les SRB et d’en avoir fait la propagande en ligne. Selon la police, Petr Sova aurait publié leurs communiqués sur Facebook et sur la page web Voice of anarchopacifism. Tomáš Zeleny sur le site Green Action et Lukàš Novak sur le site d’Anarchocommunist alternative. Martin Ignačák et Lukáš Novák auraient aussi fait de la propagande pour un mouvement visant à la suppression des droits et de la liberté, en diffusant des publications contenant des textes à propos de l’anarchisme insurrectionnaliste, la FAI, la CCF, et des traductions d’Alfredo Bonanno.
Quelles sont les développements possibles
Toutes les cinq personnes inculpées dans l’affaire Fénix II sont poursuivies pour des délits qui vont de 3 à 10 ans de prison. Lukáš Borl a quelques chefs d’inculpation en plus pour d’autres délits. Nous ne nous faisons pas d’illusions et savons que le système judiciaire peut être aveugle, cruel et arbitraire. Mais même si la police menace des personnes avec des dures condamnations, ils n’ont pas beaucoup d’éléments en main pour exécuter ces menaces. Il semble plus probable que Fénix II se dirige vers le même final de comédie burlesque que la première partie. Avec un petit peu de chance et d’habilité de notre part, les enquêteurs passeront cette fois encore pour des incapables complets. Cela ne sert à rien de décrire les spéculations avec lesquelles ils travaillent et comment les réfuter. Attendons pour cela le procès, qui deviendra sûrement encore un autre théâtre embarrassant.
Si on regarde les grands dossiers et la longueur des investigations, il peut paraître qu’on parle de quelque chose de très gros. Mais parfois les choses ne sont pas comme elles apparaissent. Les dossiers sont remplis de poids morts et les enquêteurs n’ont rien fait pendant des mois. Les procédures de préparation ont été terminée pendant l’été 2018 et en décembre 2018, le Procureur a présenté les accusations au tribunal de Most. Le procès aura lieu le 8, le 10 et le 12 avril. Jusqu’ici, on peut remarquer un dilemme de la police et du Proc’. Cela est probablement la raison pourquoi ils ont choisi à minima la technique de l’usure. Ils savent que, avec ce qu’ils ont, ça sera difficile d’envoyer quelqu’un en taule. Voilà pourquoi ils gardent au moins les inculpés dans le doute, le stress et la tension. Cela crée de la tension, pas seulement sur ceux-ci. Il y a un message démoralisant pour tous ceux qui résistent contre le système politique actuel. Un avertissement qui dit : « Gardez votre tête baissée, sinon vous vous trouverez face aux mêmes désagréments ».