Le Nouvelle République / Lundi 5 novembre 2018
Les voitures ont continué à brûler au cours du week-end. Depuis Halloween, vingt-six véhicules ont été incendiés dans ce quartier de Joué-lès-Tours.
Ce n’est pas une vingtaine de gamins qui vont faire la loi. La population n’a pas à être prise en otage, la République doit être respectée, ici comme ailleurs. Depuis trois jours, Frédéric Augis dort peu. Le maire de Joué-lès-Tours explique être sur le terrain toutes les nuits, avec les pompiers, la police nationale et municipale ainsi qu’avec un médiateur.
C’est que depuis la nuit de Halloween, les choses ne sont pas arrangées. On se souvient que huit véhicules avaient alors été incendiés, du matériel urbain détruit, une voiture de police caillassée.
Ces actes de vandalisme ont été réitérés au cours des nuits qui ont suivi. De jeudi à vendredi, toujours à la Rabière, quatre véhicules ont été incendiés, dont un près d’une école. Par précaution, Fil bleu avait suspendu en fin d’après-midi la desserte des quartiers sud de la ville.
Rebelote au cours de la nuit de vendredi à samedi avec neuf autres véhicules détruits auxquels il faut ajouter quatre feux de poubelle et encore deux départs de feu se communiquant à cinq voitures au cours de la nuit de samedi à dimanche.
« On joue au chat et la souris avec ces délinquants. Hier soir (NDLR : samedi soir) tout avait pourtant l’air calme.» Frédéric Augis affirme que des plaintes seront systématiquement déposées pour chaque voiture brûlée et rappelle que les parents des jeunes déjà identifiés (ils sont âgés de 12 à 15 ans) seront convoqués la semaine prochaine à la mairie.
Des événements qui ont suscité des réactions diverses. Sans surprise, le Rassemblement national parle de guérilla urbaine et de «voyoucratie». « Avant d’être un territoire perdu de la République, la Rabière est un quartier d’une commune française et il doit être considéré et traité comme tel. »
Dans un communiqué, les élus jocondiens membres du groupe d’opposition La Ville au cœur, « condamnent avec la plus grande fermeté les actes de violence et de destruction de biens publics et privés qui ont eu lieu à Joué-lès-Tours. »
Ils estiment que la fête de Halloween n’a pas à servir d’alibi : « Au-delà de cette soirée, cela fait plusieurs semaines que les incendies de véhicules se multiplient dans notre ville. Cela doit tous nous interpeller. »
Et d’en appeler au calme et à la responsabilité de chacun pour que la raison se fasse entendre et que la loi soit respectée.
En dépit de ces événements, l’ambiance semblait cependant assez sereine, hier matin, sur le marché de Joué-lès-Tours. Les conversations portaient sur des sujets moins anxiogènes et les commerçants interrogés affirmaient que « les gens ne parlent pas de ça quand ils font leurs courses ». Hormis un Jocondien venu acheter ses œufs, victime à deux reprises « d’incendie de voitures déjà anciennes et donc mal indemnisé par les assurances. »