Brochure : Fragments de luttes contre le jus de ce monde

Indymedia Nantes / vendredi 2 novembre 2018

Le centre d’enfouissement de déchets atomique à Bure, dans la Meuse, nous donne à toutes et tous de multiples possibilités pour lutter d’une part contre cette poubelle nucléaire, mais plus globalement contre le nucléaire et toutes les entreprises et les humains qui y collaborent. Ce projet de l’Andra n’est qu’une facette de ce monde qui ne cesse d’avoir recours à toujours plus d’énergies pour faire fonctionner cette société du mieux possible. Cette énergie dévastatrice une fois utilisée a, comme tant d’autres, besoin d’une décharge. Et c’est bien sûr avec l’aval des institutions et politiques locaux de la Meuse, en échange de pots de vin pour la région, que ce projet écocide a pu avoir lieu là-bas. Bon nombre d’entreprises y prennent part, que ce soit le géant du BTP Vinci, mais encore Enedis (ancien EDF) et ses avatars de l’énergie. Les ingénieurs d’Ingérop et ses filiales permettent également la réalisation de cette décharge enfouie à des milliers de kilomètres de profondeur. La plupart d’entre elles sont présentes partout, ce qui permet d’étendre le conflit (cf le blog lesmonstresdecigeo.noblogs.org, qui donne de nombreuses infos sur les divers promoteurs et collaborateurs de ce projet). Ce n’est pas qu’à Bure que ça se passe, mais partout.

Des luttes contre les lignes THT dans le Cotentin ou dans les Alpes à celles contre les transports CASTOR de déchets radioactifs de Valognes à Gorleben, les constructions d’EPR et de nouvelles centrales disséminées sur le territoire, toutes ont ce dénominateur commun de lutter contre l’énergie atomique. Mais d’autres luttes contre ce monde énergivore émergent ici et là : à Couflens en Ariège, le projet de réouverture d’une mine de tungstène rencontre une hostilité en mots et en actes (cf Annexe III.), tandis que dans la forêt de Hambach, en Allemagne, les opposant.e.s au projet de mine de charbon occupent la zone, mènent des opérations de blocage et de sabotage du chantier de la société énergivore RWE (cf Annexe II). Comme d’autres entreprises qui se sont impliquées dans les expulsions de la forêt, cette dernière est prise pour cible aux quatre coins de l’Allemagne, partout où elles sont implantées. En Nouvelle-Calédonie, la société Le Nickel (SLN) prévoyait d’étendre la mine de nickel mais elle se heurte à une résistance farouche et déterminée d’une partie de la population locale. Bon nombre de Kanaks – notamment les plus jeunes – qui, contrairement aux chefs de la communauté ne demandent aucune compensation pour les arbres coupés et les terres expropriées, ne négocient pas la dévastation de l’environnement et luttent sans médiation contre la société minière et ses collaborateurs : à la dizaine de sabotages incendiaires qui ont sérieusement perturbé le fonctionnement de la mine en moins d’un an s’est ajouté une opération de blocage de la porte d’accès par les opposant.e.s, empêchant ainsi les travailleurs d’œuvrer à ce projet écocide et mortifère : des centaines de personnes tiennent des barricades à l’entrée et se relaient jour et nuit pour paralyser son activité. SLN a finalement annoncé la fermeture de la mine mi-septembre 2018¹.

A l’heure où à Bure l’État et ses forces répressives multiplient perquisitions et arrestations d’opposant.e.s, les traînant ensuite devant les tribunaux, quadrillent et contrôlent la zone tout en distribuant à la pelle « interdictions de territoire » et « assignations à résidence », il est plus qu’urgent de désenclaver le conflit contre le projet CIGEO, de l’étendre partout dans l’Hexagone et au-delà.

A l’heure où une partie des opposant.e.s érige la destruction du mur de l’Andra en août 2016 dans le bois Lejuc comme principal symbole de la lutte (vantant son caractère d’action de masse et écartant de fait les multiples attaques nocturnes contre Enedis), on n’oublie pas que d’autres personnes sont poursuivies pour d’autres actions destructrices tout aussi belles et efficaces, notamment le saccage du labo de l’Andra ou encore de son hôtel-restaurant.

A l’heure où le site de la lutte vmc.camp a été fermé par ses administrateurs par peur de la répression, nous restons persuadé.e.s que la meilleure façon de rester uni.e.s et solidaires, c’est de continuer à informer des suites judiciaires contre les camarades et compagnon-ne-s, à lutter et à attaquer CIGEO, ENEDIS et ses collaborateurs, à mettre des bâtons dans les roues de la machine énergétique qui alimente ce monde.

L’objectif principal de cette brochure est de se rappeler des actes offensifs contre les installations et (infra)structures de cette société nucléarisée et énergivore, afin de leur redonner un second souffle et de faire en sorte qu’ils se répandent.

Un texte (page 16) datant de juillet 2006, rappelle également à quel point nous devons enterrer toute théorie de composition, toute perspective de lutte menée aux côtés d’anti-nucléaires légalistes et citoyennistes. Qu’elles luttent de leur côté, sans mettre leur nez dans le conflit que nous menons. Nous voyons leur présence dans la lutte comme un problème de fond, car la représentation médiatique, la médiation et le respect des lois sont des choses inconciliables avec nos manières de lutter contre le nucléaire et cette société qui en a besoin.

Si nous luttons contre le nucléaire, c’est à la fois parce qu’il dévaste la planète et empoisonne le vivant, parce qu’il est un parfait outil de contrôle de la population aux mains de l’État, tout en étant la ressource idéale d’un monde qui produit toujours plus d’énergies pour satisfaire toujours plus de besoins (que la domination les appelle « renouvelables » (éoliennes²) ou non, peu importe.). Nos désirs de liberté sont incompatibles avec leur contestation démocratique. C’est pourquoi nous inscrivons notre lutte contre le nucléaire et toute autre ressource énergétique dans notre combat pour la liberté totale.

Quelques Bure à Mater

 

Notes :

¹cf plus d’articles sur la lutte contre l’extension de la mine de nickel en Nouvelle-Calédonie : https://attaque.noblogs.org/post/tag/societe-le-nickel-groupe-eramet.

²Notons les beaux incendies de parcs éoliens dans plusieurs régions de France durant l’été 2018 : les premières flammes saccageuses dévorent une éolienne et endommagent une autre à Marsanne (Drôme) dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Le sabotage, revendiqué sur le net (https://nantes.indymedia.org/articles/41925) aurait coûté plus de deux millions d’euros de dégâts à la société gestionnaire RES. Fin octobre, on apprend qu’elles n’ont toujours pas été remises en marche. Mieux, celle qui s’est fait cramer sa nacelle, les trois pales ainsi que le moyeu (hub), ne sera pas opérationnelle avant mars 2019! Ensuite, c’est une éolienne du parc des Monts d’Ain (Ain) qui est incendiée dans la nuit du 2 au 3 août (communiqué de revendication à lire ici : https://nantes.indymedia.org/articles/42325). Enfin, vendredi 28 septembre vers 8h30, un incendie détruit une machine du parc éolien de Sauveterre, situé près du col de Salettes sur les sommets de la Montagne Noire à près de 1 000 m. d’alt.

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TABLE DES MATIERES

* Editorial p.4
* Chronologie de la répression à Bure et des actions directes en France
(27.07.2006-12.10.2018) p.6-12
* Retour sur la lutte à la fin des années 1980 p.13-15
* Face à la répression et nos faux-amis – fin juillet 2006 p.16
* Pluie de convoc’ pour le saccage de l’hôtel-restaurant de l’Andra p.17
* Lettre de Laura depuis la prison de Nancy p.18-20
* Récit du procès des 3 inculpé.e.s au TGI de Bar-le-Duc (19.03.2018) p.21-22
* Série de perquis’ et d’arrestations à Bure et alentours (20.06.2018) p.23
[+ feux pour Loïc]
* Début du chantier de la voie ferrée – 28.10.2018 p.24

ANNEXES :

1. Lutte anti-THT – Affiche collée dans les Hautes-Alpes (09.2015) p.26-27

2. Sur la lutte dans la forêt de Hambach contre la mine de lignite

* Présentation p.28
* Infos sur les incarcérations et la répression en général (11.2016-10.2018) p.28-29
* Nous avons squatté Mannheim p.30
* Chronologie d’actions directes contre la mine à ciel ouvert et ses défenseurs (oct.2015-oct.2018) p.29-33

3. Conflens (Ariège) : Contre la réouverture de la mine de tungstène p.34-36
* Sur l’incendie de la mine (avril 2017) p.34
* La CGT et les chasseurs unis pour l’exploitation et l’industrie de guerre p.34
* Mine de Salau : Mine de mort (Affiche collée en Ariège) p.35

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