Le Parisien / lundi 15 octobre 2018
Depuis ce lundi, les militaires de la compagnie de Senlis ont accès en temps réel aux 19 caméras de vidéoprotection de Verberie depuis leurs smartphones. De quoi optimiser l’efficacité des interventions.
Elle est gratuite mais devrait rapporter gros. L’application mobile gDmss (ou iDmss) est le nouvel outil de la gendarmerie. Grâce à elle, les 170 militaires de la compagnie de Senlis vont pouvoir accéder aux images des 19 caméras de vidéoprotection de Verberie, en temps réel. Une première nationale en milieu rural que le groupement de gendarmerie de l’Oise souhaite étendre.
Car les avantages de ce « centre de supervision mobile » sont nombreux. « Cela permet de sécuriser nos interventions pour un coût zéro, souligne le chef d’escadron Mickaël Petit, commandant de la compagnie de Senlis. Nous allons pouvoir adapter nos effectifs en fonction de ce que l’on voit et orienter nos recherches en direct. On augmente la probabilité d’arrêter des délinquants, notamment en flagrant délit. »
Les gendarmes ont reçu une note de service ce week-end leur expliquant les démarches à suivre pour installer l’application sur leur smartphone personnel. Sur leur écran, ils pourront visionner jusqu’à 4 caméras en même temps, puis zoomer sur les images qui les intéressent. « Nous allons l’utiliser uniquement pour du visionnage, pas pour de l’extraction ou de la vidéoverbalisation », précise l’adjudant-chef Stéphane Berlemont.
Pour lui, cette technologie est « un argument supplémentaire » pour faire adhérer les communes à la vidéoprotection, qui participe à la baisse de la délinquance. Michel Arnould, le maire (SE) de Verberie n’a pas eu à se faire prier. En 2016, il a installé 19 caméras et souhaite désormais en « tirer un maximum d’efficacité pour la sécurité et la tranquillité des habitants ».
« On va soumettre ce dispositif à l’ensemble des communes qui ont de la vidéoprotection, précise le chef d’escadron Mickaël Petit. Des communes sont déjà intéressées. » C’est le cas de Rully et Béthisy-Saint-Pierre, qui vont prochainement proposer à leur conseil municipal de signer une convention tripartite avec la préfecture et la gendarmerie.
« A Chantilly, il y a également des contacts, se réjouit le colonel Brémand, le patron des gendarmes de l’Oise. Le département compte 1 200 caméras en zone rurale. Si elles étaient toutes utilisées en réseau, ce serait démentiel ! Ça ne laisserait plus beaucoup de trous dans la raquette pour les délinquants. »
Si l’utilisation de l’application est en phase de rodage, des ajustements techniques sont déjà espérés. « Les gendarmes utilisent l’application sur la base du volontariat car il s’agit de leur téléphone personnel. L’idée à terme, ce serait de l’avoir sur notre téléphone professionnel », confie le colonel Brémand. D’autant que les forfaits mobiles ne permettent pas à tous une connexion Internet illimitée et un réseau de bonne qualité.
Une chose est sûre, le système se veut sécurisé. La mairie a fourni des codes d’accès aux gendarmes qui avaient été préalablement répertoriés. « Il ne pourra pas être détourné à un usage privé, rassure l’adjudant-chef Stéphane Berlemont. Notre adresse IP est enregistrée, nous sommes donc tracés. »
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Les yeux de l’État et les balances à la campagne : l’exemple de l’Oise
extraits du Parisien / jeudi 19 octobre 2017
Elles ne cessent plus de pousser. Dans l’Oise, les caméras de vidéoprotection ne fleurissent plus uniquement à Beauvais (69 caméras) ou à Compiègne (une cinquantaine) [ces deux villes sont en « zone police », NdAtt.], mais aussi en zones rurales. Des petits villages sont prêts à débourser plusieurs milliers d’euros dans des systèmes de vidéosurveillance, dans l’espoir de mettre fin aux cambriolages […] et aux incivilités.
La demande serait telle que le conseil départemental de l’Oise va lancer l’an prochain un centre de supervision unique pour les communes rurales. Un centre inédit en France, sans doute plus grand que celui qui existe déjà pour l’agglomération de la région de Compiègne (480 000 €) ou que celui de Beauvais (660 000 €).
Saluée par les forces de l’ordre, l’installation de caméras est subventionnée par l’Etat et, pour un tiers de la somme, par le département. Ce dernier voit les deux-tiers des demandes de subventions émaner de communes rurales. Actuellement, on compte environ 150 municipalités équipées, notamment dans le Beauvaisis, le Compiégnois et le Sud Oise. […]
Et le chef des gendarmes du coin, Colonel François Brémand [sa tête de connard ci-dessous; NdAtt.] explique : « il faut les installer de manière intelligente. Aux entrées et sorties de ville par exemple. Aujourd’hui, on tend à réduire le nombre des caméras. Il vaut mieux en avoir cinq éparpillées sur une commune, que dix pointées sur un bâtiment public comme c’était le cas auparavant. […] Il ne sert à rien de poser des caméras à l’entrée d’un village si on peut le quitter par des chemins de terre. Des chemins doivent être canalisés, des alarmes posées sur quelques bâtiments… […] Il y a actuellement 1 155 caméras dans le département. C’est une force de frappe indéniable. Ce centre évitera aux enquêteurs de faire le tour des villages pour récupérer les images en mairie. Surtout, nous pourrons faire des flagrants délits, nous connecter sur des zones qui nous intéressent en temps réel. Si on sait vers où se dirigent des malfaiteurs, c’est un plus indéniable. A cet égard, je rappelle aussi l’efficacité des dispositifs « voisins vigilants ». La majorité des flagrants délits résultent de signalements. »