Rennes : Des bus en route pour la vie ?
Expansive / dimanche 21 janvier 2018
Dimanche 21 janvier à 14h30, une « Marche Pour la Vie » et contre l’avortement était organisée à Paris. Des départs en bus était prévu dans différentes villes. Une cinquantaine de personnes, en Bretagne, comptaient y accéder en prenant un bus qui s’arrêtait entre autre à Beaulieu sur un parking de Rennes 1.
Le 18 janvier, les anti-choix s’en sont pris au Planning Familial de Rennes en recouvrant les vitres du local de leurs ignobles affiches et tags. […]
Un groupe d’environ 40 personnes bien déterminées a rejoint le lieu de rendez-vous afin d’empêcher le départ du bus qui est arrivé à 8h.
Empêcher le départ de ce bus, c’est bien ce qui nous a motivées à nous lever aux aurores ce dimanche matin. Un couple de « marcheurs », pensant que nous allions prendre le bus pour la marche, nous accompagne pour trouver leur route jusqu’au lieu du rendez-vous. Eux décident de monter. De notre côté, nous nous sommes simplement positionné.es à l’avant et à l’arrière du véhicule. Nous avons déployé la banderole « AVORTEMENT ACCESIBLE ET GRATUIT POUR TOU.TES ». Le groupe de percussions commence à jouer, et nous scandons les slogans : « A Paris, vous n’irez pas ! Mon corps, mon choix, ça n’vous regarde pas ! » ; « Gouines, bi.es, trans et pédé contre l’hétéronormativité » « Ah, Ah, Ah, antipatriarcat ». Nous chantons, dansons pour se réchauffer, et pour égayer le tout, nous ajoutons de la couleur avec quelques fumigènes.
Des jeux s’improvisent sous les yeux et caméras des « marcheurs » ratés planqués à l’intérieur du bus et d’un pauvre RG de permanence un dimanche matin. Au lever du jour, des camarades nous apportent thé, café et viennoiseries.
Il est 10h30, et le car n’a toujours pas démarré.
A l’intérieur du bus, les occupants sont moins rigolos. Une personne du bus a tenté d’arracher le masque d’une camarade, déséquilibré par son geste, il s’effondre sur la barrière ainsi que sur elle. Quelques insultes ont fusé, puis ils se sont tous réfugiés dans le bus.
Plus tard, une fervente chrétienne s’impatiente, pointe son chapelet vers nous. Malheureusement, nous n’avons pu éviter ses bénédictions.
Espérant rejoindre la marche, les réseaux sociaux les occupent. C’est ce que nous avons pu constater sur leurs comptes twitter.
Pourquoi nous définissent-ils spontanément comme des « antifas » et non comme des féministes ? Se considéreraient-ils comme des fascistes ?!?
Les marcheurs pour la vie ont appelé la police. Une voiture est arrivée, puis un flic est venu nous parler afin de nous dire que nous avions bien joué notre coup. En effet, puisque nous ne gênions pas la circulation, nous pouvions rester. Il a ensuite rassuré les marcheurs immobilisés en leur disant que nous n’étions pas un black block ! Après nous avoir demandé à quelle heure nous comptions partir, il a conclu ironiquement « ah, ça va, vers 10h30 ils vont rater la messe ».
À 11h15, deux voitures arrivent, de la brigade cynophile et de la sécurité départementale. Pas très matinaux et certainement habillés à la va-vite : mi-uniforme mi-civil, ils ont permis au bus de repartir. Après être resté 4h, le moteur allumé, le bus est donc parti puis s’est arrêté, à l’abri des regards, pour déverser des « marcheurs » ratés rennais qui sont retournés à leurs voitures. […]
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et la version des journaflics :
Le Télégramme / dimanche 21 janvier 2018
Un car affrété par l’association familiale catholique a été bloqué pendant trois heures à Rennes par une cinquantaine de manifestants. Il acheminait vers Paris des Vannetais qui devaient participer à la marche pour la vie. Deux personnes ont eu leurs vêtements brûlés.
Le car était parti de Vannes à 6 h du matin et avait fait une première halte à Ploërmel pour embarquer d’autres personnes. Tout se passait bien jusqu’à la halte à Rennes, vers 7 h 45 près de l’école de Chimie à Beaulieu, où le car devait embarquer les derniers passagers, ceux de l’AFC de Rennes.
« On attendait le car, témoigne un passager rennais. Quand il est arrivé, on est monté à bord et le car a été encerclé par une cinquantaine de manifestants. Visiblement, ils savaient qu’on allait embarquer à cet endroit ».
Les manifestants, pour la plupart encagoulés ou portant un foulard, posent immédiatement des barrières à l’avant et à l’arrière du car pour le bloquer. L’un d’eux jette un fumigène à l’intérieur du car. La fusée incandescente rebondit sur une vitre et atterrit sur un siège occupé par un homme. Celui-ci parvient à se dégager mais son manteau est brûlé. Le pull-over d’une jeune femme est également brûlé tout comme le siège, très endommagé.
Les passagers parviennent heureusement à rejeter le fumigène à l’extérieur au bout d’une quinzaine de secondes ! Une personne fait alors un malaise et est contrainte de sortir pour respirer un peu d’air frais avant de reprendre sa place à bord.
Pour les passagers, âgés de 15 à 75 ans, l’attente est longue et angoissante. « Au début, il faisait nuit. Ils jouaient du tam-tam, lançaient des cris de haine, dansaient autour du car et nous prenaient en photo. Ils ont même réussi à prendre une des feuilles de présence, raconte un responsable de l’AFC. Des passagers sont descendus pour parlementer avec eux. En vain ».
La police, appelée à la rescousse, arrive environ 30 minutes après l’épisode du fumigène. La patrouille tente de raisonner les opposants, sans grand succès. Finalement, les opposants acceptent de laisser partir le car vers 10 h 30. Une annonce qui ne sera pas suivie d’effets.
Ce n’est que lorsque les renforts de police sont arrivés que les barrières ont pu être enlevées. Les manifestants ont alors laissé partir le car. Il était environ 11 h. Le véhicule a été escorté sur quelques centaines de mètres par la police et a pu prendre l’autoroute. Ils sont arrivés à Paris vers 16 h 15, soit une heure et demie après le début de la marche pour la vie.