Le Parisien / vendredi 10 mars 2017
[…] Peu après 16 heures, ce vendredi, les petits groupes d’adolescents dispersés aux alentours du lycée Frédéric-Mistral de Fresnes (Val-de-Marne) remontent tous précipitamment la rue du même nom en direction de la rue Emile-Zola. La vingtaine de policiers postés à l’autre bout de la rue, côté avenue de la Paix, est en effet en train de les charger, grenades de désencerclement à l’appui, après que l’un des jeunes a lancé un engin explosif vers eux.
Foulards plaqués sur le visage, pour échapper aux gaz lacrymogènes, Anastasia, Tristan et Kévin, tous trois élèves du lycée Mistral, se réfugient sur un trottoir, quelques dizaines de mètres plus loin. «Tout a commencé aux alentours de midi, raconte la première. Des gens de Cachan – où des affrontements entre lycéens et policiers ont eu lieu dans la matinée, NDLR – sont venus, et ont jeté des œufs et des cailloux contre les vitres. Beaucoup d’élèves sont sortis, mais à partir de 13 h 30, plus personne n’a eu le droit de quitter l’établissement.» «Certains manifestants ont cherché les policiers, reconnaît Tristan. Ils les ont insultés, leur ont lancé des projectiles… Mais j’ai l’impression que la police ne cherche pas à savoir qui a fait quoi, ils ont gazé la foule, tout le monde pleurait.» «Ils ne font rien si on ne les provoque pas, analyse Kévin. Mais si on avance, ils nous chargent, c’est automatique.»
Si les lycéens n’étaient qu’une centaine à manifester à Fresnes dans l’après-midi, ils étaient beaucoup plus nombreux – 500 selon eux-mêmes, 200 selon la police – à Cachan, devant les lycées Gustave-Eiffel et Maximilien-Sorre, quelques heures plus tôt. «C’était la guerre, comme dans Call of duty, résume Yanis, 16 ans, élève de seconde de ce dernier établissement. Ça a commencé à 8 heures, et ça a duré toute la matinée. Au début, avec l’adrénaline, j’étais content, mais après, j’ai reçu un tir de flash-ball dans le pied. Je vais porter plainte !» Sur place, des voitures et du mobilier urbain ont été endommagées.
En fin d’après-midi, le bilan était de 5 interpellations à Cachan, et 3 à Fresnes. Deux blessés étaient à déplorer du côté des lycéens, tous deux après des tirs de flash-ball, aucun du côté des forces de l’ordre. Quant au mot d’ordre de ces manifestations, il n’est pas des plus clairs. « Franchement, la plupart de ceux qui y participent sont surtout contents de ne pas avoir cours, sourient Victoria, Chloé et Sophia, 17 ans, en terminale au lycée Mistral. Nous, on devait avoir notre spé maths, qui compte pour coefficient 12 au Bac, et on ne l’a pas eue. » Certains affirment pourtant s’être rendus au rassemblement pour protester contre les violences policières, suite aux affaires Théo à Aulnay-sous-Bois, et Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise. « Les policiers ne sont pas assez punis, par rapport à ce qu’ils font, pense ainsi Mohamed, 18 ans. Quand même, une matraque dans le cul… Il faut bien les assumer, ces bavures. » « Le problème, c’est surtout que ça vire à la compétition entre les lycées de Cachan et Fresnes, conclut une adolescente. Mardi dernier, les manifestants étaient plus nombreux à Mistral qu’à Sorre. Ce vendredi, c’était l’inverse. Il va y avoir revanche. »
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Ouest-France / vendredi 10 mars 2017
Cinq jeunes ont été placés en garde à vue à la suite de heurts vendredi devant trois lycées de Cachan et Fresnes (Val-de-Marne), où des projectiles ont notamment été lancés contre des policiers, a-t-on appris de sources concordantes.
En début de matinée, quelque 150 adolescents se sont regroupés devant les établissements Maximilien-Sorre et Gustave-Eiffel, à Cachan.
« Il y a eu des jets de projectiles contre des policiers, sans trop de gravité », a indiqué la préfecture du Val-de-Marne. Des dégradations de véhicules et de mobilier urbain ont également été constatées, selon la police de ce département.
Dans l’après-midi, 200 adolescents se sont réunis devant le lycée Mistral de Fresnes, en provoquant de nouveaux incidents, qui ont cessé en fin d’après-midi. Les établissements sont restés ouverts.
Cinq jeunes ont été interpellés puis placés en garde à vue.
La semaine dernière, les accès à plusieurs lycées à Paris et en région parisienne ont été bloqués ou perturbés par des jeunes qui protestaient contre « les violences policières ».
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Fresnes : Le lycée avait déjà été bloque mardi, mais les récupérateurs étaient là
extrait du Le Parisien / mardi 7 mars 2017
Plus de 300 lycéens ont bloqué le lycée Frédéric Mistral, à Fresnes, mardi matin, pour dénoncer les violences policières. Le blocus a été organisé alors que se tient cette semaine, le procès en appel du gardien de la paix qui avait abattu Amine Bentounsi, un fugitif armé.
Tout est parti de quelques élèves du lycée Frédéric Mistral. L’agenda judiciaire bien en tête, quelques lycéens ont décidé de se mobiliser contre les violences policières, alors que se tient cette semaine le procès en appel du gardien de la paix qui, en 2012 avait tué Amine Bentounsi à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). En une soirée, l’idée a fait son chemin sur les réseaux sociaux, et ce mardi matin, plus de 300 lycéens ont bloqué leur établissement.
Dès 7h30, ils s’étaient donné rendez-vous devant les grilles du premier lycée public du département, accueillant leurs camarades de discours militant à coups de mégaphone. Le lycée a été fermé pour toute la matinée, tandis qu’à midi les jeunes manifestants étaient toujours là. Une «initiative citoyenne», insistent quelques-uns alors que des membres des jeunes communistes étaient venus en soutien [sic !]. […]