Le Monde / 22 Décembre 2016
Des graffitis injurieux ont été écrits sur un bâtiment du centre d’engraissement bovin, critiqué par des associations de défense du bien-être animal. La préfecture de la Creuse signale qu’un « incendie criminel » s’est déclaré jeudi 22 décembre dans un bâtiment de la ferme dite « des mille veaux », un centre d’engraissement bovin controversé situé à Saint-Martial-le-Vieux, dans le sud du département. L’incendie, qui n’a fait aucune victime humaine ou animale, a été maîtrisé dans la matinée. Le parquet de Guéret est saisi de l’enquête.
Signalé vers 5 heures du matin, l’incendie a fortement endommagé le bâtiment de 1 500 m2 renfermant notamment de la paille et du matériel, situé à l’écart des installations abritant les veaux du centre d’engraissement.
« Il s’agit de toute évidence d’un incendie volontaire et criminel puisque des tags ont été retrouvés sur le bâtiment », selon la préfecture. Sur le mur étaient inscrits des graffitis injurieux à l’endroit de l’entreprise Jean Rozé et de Ségolène Royal, tandis qu’au sol étaient peints les mots « non aux camps de concentration », a précisé la préfecture.
Filiale viande des magasins Intermarché, la SVA Jean Rozé a signé en juillet 2015 un contrat par lequel elle est devenue le client unique de la société Alliance Millevaches, qui regroupe quarante-cinq exploitations agricoles au sein du centre d’engraissement bovin.
La ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a été critiquée la semaine dernière par des opposants de longue date à la « ferme des mille veaux » pour un décret, paru le 6 décembre, qui double le seuil d’animaux pouvant être accueillis dans une installation classée avant autorisation. « Cela veut dire que l’usine des mille veaux va pouvoir tourner à huit cents bêtes sans enquête publique, ni étude d’impact, en déposant simplement un dossier d’enregistrement en préfecture », s’indignait le 15 décembre l’association L-PEA (Lumière sur les pratiques d’élevage et d’abattage), annonçant son intention d’attaquer ce décret en justice.
Avec d’autres associations de défense de l’environnement et du bien-être animal, L-PEA a organisé au cours des deux dernières années de nombreuses manifestations pour s’opposer à ce centre d’engraissement. Le centre, d’une capacité de mille places, est soutenu et subventionné par l’Etat (au titre notamment de la reconversion d’un ancien site militaire) et des collectivités locales. Il doit accueillir des « broutards », veaux de 8-9 mois, engraissés sur place plusieurs mois avant d’être envoyés à l’abattoir. Les premiers veaux sont arrivés cet été.