Ils tirent sur les bleus
Le Parisien / lundi 25 juillet 2016
Un jeune debout épaule son fusil de chasse au milieu de la cité, entouré par une dizaine d’émeutiers et ouvre le feu. Des tireurs, tapis derrière des bosquets, tirent sur les véhicules de gendarmerie ou de police qui passent devant eux à une dizaine de mètres, et s’enfuient aussitôt en disparaissant dans l’obscurité. Les enquêteurs de la section de recherche de Versailles sont à la recherche des individus armés de fusils de chasse qui ont visé les forces de l’ordre ces derniers jours à Persan et Beaumont-sur-Oise.
Huit véhicules (police, CRS et gendarmerie) ont été ainsi ciblés au cours des émeutes qui ont marqué Persan et Beaumont-sur-Oise depuis la mort d’Adama Traoré le mardi 17 juillet. Les forces de l’ordre ont été la cible de tireurs armés de fusils de chasse. Une violence inédite dans le Val-d’Oise depuis novembre 2007 et les émeutes de Villiers-le-Bel pendant lesquelles 90 policiers avaient alors été blessés par des tirs. […]
Pendant les émeutes de Beaumont et de Persan, une quarantaine de policiers et gendarmes ont ainsi essuyé des coups de feu, selon nos informations. Des tirs opérés souvent à hauteur de visage avec des fusils de chasse de calibre 12, chargé de plombs pour le petit gibier.
Dix policiers et gendarmes ont été légèrement blessés par les plombs, malgré leurs protections, casques et gilets pare-balles. Un policier et un gendarme ont reçu un plomb au visage, à quelques millimètres d’un œil.
Au total, 25 coups de feu ont été comptabilisés au cours de la première soirée de violences, dans la nuit de mardi à mercredi, principalement dans la cité de Boyenval à Beaumont, où vivait Adama Traoré. Puis cinq tirs dans la nuit de vendredi à samedi, surtout au Village, à Persan. Des tirs qui n’ont pas fait l’objet de ripostes de la part des forces de l’ordre, avec leurs armes de service.
Pour retrouver les tireurs, les enquêteurs disposent de douilles récupérées sur place, ainsi que d’une des armes probablement utilisées qui vont être analysées. Le fusil a été découvert par les gendarmes dans une planque à Boyenval, avec ses cartouches. Les enquêteurs ont également trouvé toute une série de caches où étaient rassemblés des engins incendiaires ou des cailloux, traduisant une action coordonnée des émeutiers.
D’autres procédures ont été ouvertes pour menace de mort contre les gendarmes, et même leur famille et leurs enfants. Un jeune a été dans ce cadre déféré devant la justice ce dimanche et placé sous contrôle judiciaire. Il devrait comparaître devant le tribunal le 25 août.
La situation s’est notablement calmée au cours du week-end pendant lequel aucun affrontement avec les forces de l’ordre ne s’est produit, aucune confrontation directe. Cependant, la gendarmerie maintient toujours un important dispositif sur les deux communes ce lundi soir.
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Cinquième nuit : la révolte faiblit, la présence policière se fait étouffante
La Parisien / dimanche 24 juillet 2016
Pour la cinquième nuit consécutive, dès 23 heures, des violences ont éclaté dans la cité de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise, d’où était originaire Adama Traoré, décédé mardi dernier après son interpellation par des gendarmes. Selon nos journalistes présents aux alentours de 23 heures, une voiture de la gendarmerie a été la cible d’un tir de chevrotine. Des tirs de mortier ont ensuite retenti dans le quartier et trois véhicules ont été incendiés. Des violences moins importantes que les nuits précédentes, et qui n’ont fait aucun blessé.
Vers 1 heure du matin, la situation semblait toutefois s’apaiser alors qu’une intervention des forces de l’ordre était en cours. Un hélicoptère survolait la zone.
Quelque 265 militaires de la gendarmerie et fonctionnaires de police, ainsi que 65 pompiers, étaient déployés à Beaumont, et dans la commune voisine, Persan. Une présence massive des forces de l’ordre qui a permis de maintenir le calme dans les deux communes pour le restant de la nuit, d’après la préfecture du Val-d’Oise. « La situation est extrêmement calme, se félicitait vers 3 heures du matin, le directeur de cabinet du préfet Jean-Simon Mérandat. Le dispositif mis en place a permis de contenir la colère dans ces quartiers. » La préfecture précise que trois personnes ont été interpellées au cours de la soirée, dont deux ont été placées en garde à vue. Elle annonce d’ores-et-déjà que la présence des forces de l’ordre sera « maintenue à un haut niveau » la nuit prochaine, afin de « confirmer ce retour au calme. » […]
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Quatrième nuits : les gendarmes visées avec des tirs de chevrotine
Le Parisien / samedi 23 juillet 2016
De nouvelles violences ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi, à Beaumont et Persan, communes du Val-d’Oise touchées par des émeutes depuis la mort d’Adama Traoré, un jeune homme de 24 ans décédé mardi soir suite à une interpellation. Quatre militaires de la gendarmerie ont été légèrement blessés par des tirs de chevrotine. Les forces de l’ordre ont procédé à dix interpellations.
Les violences se sont de nouveau concentrées sur la cité du Village, à Persan, et sur le quartier Boyenval, d’où était originaire Adama, à Beaumont. La commune de Bruyères-sur-Oise a également été touchée. En tout, dix voitures et six poubelles ont été incendiées sur les trois villes et de nombreux tirs de mortier ont été recensés. 150 militaires de la gendarmerie et fonctionnaires de police avaient été déployés en début de soirée, mais le dispositif est progressivement « monté en puissance avec des renforts de police » d’après la préfecture du Val-d’Oise. […]
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Troisième nuit : situation encore tendue. Et vendredi une marche silencieuse pour enterrer la soif de vengeance
Le Parisien / vendredi 22 juillet 2016
[…] Quelque 180 policiers et gendarmes étaient sur le qui-vive jeudi soir à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise). Selon l’entourage du préfet, la situation restait «très tendue», deux jours après le décès d’Adama Traoré, 24 ans, lors de son interpellation. Les premiers résultats de l’autopsie, révélant qu’il souffrait d’une grave infection [oui, on y croit bien sûr; NdAtt], n’ont pas calmé son quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise.
A minuit, quelque deux cents personnes traînaient encore dans les rues des quartiers Village de Persan et Boyenval, à Beaumont. « Avec une volonté encore plus forte d’en découdre avec les forces de l’ordre », selon les informations qui remontaient du terrain, soulignait la préfecture.
A 0h30, un premier départ de feu était signalé à Beaumont. Deux pompes à essence de la station service du magasin Intermarché ont été incendiées. Les pompiers ont maîtrisé le sinistre assez facilement.
Après 1 heure du matin, les forces de l’ordre recherchaient des individus cachés sur le chantier de la piscine de Beaumont et dans le secteur. L’hélicoptère des gendarmes survolaient la ville avec le projecteur allumé.
A 1h45, la préfecture annonçait cinq interpellations sur Beaumont, et trois voitures incendiées.
A L’Isle-Adam, le quartier de l’Abbé-Breuil, où vit une importante communauté malienne à laquelle appartenait la victime, des incidents « de faible intensité » ont éclaté dans la soirée, notamment des jets de pétards. Deux voitures ont été incendiées, et autant de poubelles. Des renforts ont été envoyés sur place.
Vers 3 heures, le directeur de cabinet du préfet du Val-d’Oise, Jean-Simon Mérandat, annonçait que la situation était «beaucoup plus calme» que les deux nuits précédentes. Au total, on déplorait six véhicules incendiés sur les communes de L’Isle-Adam, Champagne-sur-Oise, Bernes-sur-Oise et Beaumont-sur-Oise. Les gendarmes ont essuyé deux «tirs à plomb», sur un véhicule dans la ville de Persan, a préciséé le cabinet du préfet. Cinq personnes ont été interpellées, sans être placées en garde à vue.
A Champagne-sur-Seine, où vit la famille de la mère d’Adama Traoré, une vitre de la bibliothèque a été brisée. Le camion frigorifique de la ville a été incendié devant la cantine du centre de loisirs. Il sert à livrer les repas aux seniors et aux enfants des centres de loisirs. Le feu a endommagé le bureau du cuisinier.
Par ailleurs, la préfecture a annoncé dans la soirée de jeudi qu’elle ne s’opposera pas à la marche organisée par la famille ce vendredi [en effet, quelle meilleur façon de brider la soif de vengeance pour cet énième meurtre policier, qu’une marche silencieuse, respectueuse et citoyenne? On espère que, malgré les appels au calme, les prochaines nuits portent encore des soucis aux assassins en uniforme; NdAtt.]. Cette marche partira à 17 heures du terrain de Boyenval.
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Deuxième nuit d’affrontements
Le Parisien / jeudi 21 juillet 2016
De nouveaux incidents ont éclaté mercredi soir, vers minuit, à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), au lendemain de la mort d’Adoma Traoré lors d’une interpellation. Des incidents ont touché aussi Bruyères-sur-Oise. Aucun blessé n’était à déplorer au milieu de la nuit.
A 4H30 jeudi, la situation était «calme», selon le directeur de cabinet du préfet du Val-d’Oise, Jean-Simon Mérandat. Au cours de la nuit, neuf personnes ont été interpellées et placées en garde-à-vue pour des faits «d’attroupements armés, incendies volontaires et jets d’objets incendiaires sur les forces de l’ordre», a indiqué ce dernier.
Toujours selon la préfecture, on déplorait 15 véhicules incendiés et 35 feux sur la voie publique, ainsi que deux tentatives d’incendie, contre la mairie et une école maternelle de Beaumont-sur-Oise. Les violences ont impliqué environ 200 personnes sur les trois communes concernées.
A minuit, des jeunes ont tenté d’attaquer un transformateur électrique. Redoutant qu’ils plongent dans le noir le quartier de Boyenval, à Beaumont, les gendarmes sont intervenus pour les repousser. Selon notre journaliste présent sur les lieux, des tirs de mortiers ont retenti. Selon le colonel Thomas, patron des gendarmes du Val-d’Oise, la situation était alors tendue mais «sous contrôle». Ce dernier notait moins de débordements que la nuit précédente, malgré des voitures brûlées et des caillassages à Persan. C’est un peu le jeu du chat et de la souris dans les deux quartiers. Les forces de l’ordre étaient très tendues et ordonnaient aux habitants de rentrer chez eux.
Les feux de voitures se multipliaient dans les deux communes. Au moins cinq voitures ont notamment été incendiées vers 1 heure devant la mairie de Beaumont-sur-Oise.
Depuis la fin de journée, quelque 180 gendarmes étaient mobilisés dans la cité Village de Persan et le quartier Boyenval à Beaumont-sur-Oise, où habitait Adoma, 24 ans. Les autorités étant prêtes à mobiliser d’autres renforts de police en moins de trente minutes. La préfecture redoutait en effet ces nouveaux débordements, alors que 200 jeunes se trouvaient dans les rues des deux quartiers.
A Persan, l’avenue Jean-Jaurès avait été bouclée de part et d’autre pour empêcher l’accès à la gendarmerie. Un dispositif déployé après le rassemblement d’une quarantaine de personnes venues protester un peu plus tôt devant le bâtiment. Les proches d’Adama Traoré étaient notamment venus pour demander à voir le corps du jeune homme, et pouvoir constater eux-mêmes qu’il ne portait pas de trace de coup comme l’assure le procureur de la République. Les manifestants avaient été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène.
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Le garage de la mairie incendié, la mairie échappe aux feu
La Gazette du Val d’Oise / jeudi 21 juillet 2016
La préfecture du Val-d’Oise a dressé le bilan des incidents survenus au cours de la nuit de mercredi à jeudi à Persan et Beaumont-sur-Oise. A 4h30 du matin, il était ainsi fait état de quinze feux de véhicules dont un véhicule de la police municipale de Bruyère-sur-Oise et un utilitaire de la police municipale de Persan. Le local garage de la police municipal a également été enflammé. Trente-cinq feux de voie publique (poubelles et déchets) ont également été recensés. Par ailleurs, des vandales ont tenté d’incendier la mairie de Beaumont ainsi qu’une école maternelle de Beaumont.
Au total, les forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation de neuf individus pour des faits d’attroupement armés, incendies volontaires et jets d’objets incendiaires sur les forces de l’ordre. Saisie de nombreux projectiles et engins incendiaires à Beaumont.
La préfecture a parlé d’une “situation tendue mais maîtrisée grâce a un dispositif robuste et réactif entre 22h et 4h30″. 180 policiers et gendarmes avaient été mobilisés.
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La Gazette du Val d’Oise / mercredi 20 juillet 2016
La tension était forte cette nuit à Beaumont-sur-Oise, dans le quartier de Boyenval. Des incidents ont éclaté à la suite de la mort d’un homme de 24 ans, originaire du quartier. Des coups de feu sur les forces de l’ordre, des tirs de mortier qui retentissent, tandis que dans le ciel l’hélicoptère de la gendarmerie survole la zone. Des incidents ont éclaté dans la nuit mardi à mercredi à à Beaumont-sur-Oise. Tout le quartier de Boyenval avait été bouclé par les gendarmes déployé en nombre. Une situation qui fait suite à la mort d’un jeune homme de 24 ans, domicilié à Champagne-sur-Oise, mais originaire du quartier de Boyenval, où sa famille réside toujours, après son interpellation.
Adama avait été emmené par les militaires vers 18h, à la suite d’une affaire d’extorsion de fonds et d’agression, selon le parquet de Pontoise. Dans la voiture, le Beaumontois aurait été victime d’un malaise cardiaque. Immédiatement alerté, les secours n’ont pu que constater son décès. Une enquête a été ouverte.
Dans le quartier de Boyenval, les jeunes amis de la victime évoquent toutefois un agression. Son frère Baguy raconte : « On a été interpellé avec mon petit frère. Ils l’ont coursé, ils l’ont frappé, je l’ai vu. Il était pour mort, il était encore menotté. Mon frère ne bougeait plus et de 18hh jusqu’à 1h du matin son corps est resté à la gendarmerie. J’ai vu le gendarme, il est parti avec un t-shirt tout blanc et il est revenu avec un t-shirt plein de sang. Il a pas de plaie, c’est le sang de mon frère qu’il a sur le t-shirt. Il n’y a pas de crise cardiaque, ce sont eux qui l’ont frappé. »
Durant la nuit, plusieurs voitures et poubelles ont été incendiées. La tension était également vive à Persan. Le poste de police municipale a également été visé par des incendiaires. Le feu a rapidement été maîtrisé par les pompiers.
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Des importants dégâts et six gendarmes blessés
Le Parisien / mercredi 20 juillet 2016
Le calme est revenu ce mercredi matin dans le Val d’Oise où six gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs lors de violences qui ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi à Beaumont-sur-Oise, et dans la ville voisine de Persan, après la mort d’un homme d’une vingtaine d’années au moment de son interpellation. Une personne aurait été interpellée lors de ces heurts entre jeunes et gendarmes. […]
Le jeune homme, suspecté dans une affaire d’extorsion de fonds et d’agression à domicile, est décédé mardi en fin d’après-midi peu après 18 heures à Persan, dans le nord du département, «à la suite d’un malaise» au moment de son interpellation par les gendarmes, a affirmé Yves Jannier.
«Une fois l’information de son décès connue», des échauffourées ont éclaté sur les communes limitrophes de Beaumont-sur-Oise et Persan, a expliqué le directeur de cabinet de la préfecture du Val d’Oise, Jean-Simon Mérandat.
«Une centaine d’individus se sont livrés à des dégradations, des incendies volontaires et des tirs à l’encontre des forces de gendarmerie»», a-t-il ajouté, précisant que les tirs, «a priori d’armes à feu potentiellement au plomb», visaient les gendarmes qui intervenaient à Beaumont-sur-Oise, dans le quartier Boyenval où habitait le jeune Adama. Selon France Info, six gendarmes ont été légèrement blessés et une personne a été interpellée.
Un témoin, qui a préféré rester anonyme, a raconté avoir entendu plusieurs explosions sans pouvoir déterminer leur origine et vu au moins trois foyers d’incendies dans le quartier Boyenval de Beaumont-sur-Oise. D’après lui, des jeunes criaient «assassins» à l’encontre des forces de l’ordre et des amis de la victime hurlaient : «Ils l’ont tabassé à mort».
La situation était «stabilisée» vers 3 h 30, selon Jean-Simon Mérandat, grâce à une «occupation extrêmement forte du terrain par les forces de sécurité». Des renforts de police et de gendarmerie ont été appelés, portant à environ 150 le nombre de gendarmes et de policiers sur place. Une «soixantaine de sapeurs-pompiers»ont également été mobilisés, selon le représentant de la préfecture car «un certain nombre de poubelles et de véhicules» ont été incendiés par les jeunes en colère.
La préfecture anticipe déjà la mise en place d’un «dispositif de sécurisation» pour la nuit de mercredi à jeudi.