Réau : Trois prisonniers séquestrent un maton
Le Parisien / 1er mai 2016
La prise d’un surveillant en otage, par un groupe de trois détenus, samedi après-midi à la prison régionale de Réau, s’est terminée sans faire de blessé. Ce dimanche soir, Béatrice Angelelli, procureur de la République de Melun, annonce que « les trois détenus seront déférés lundi devant un juge d’instruction ».
Il est environ 16 h 15, samedi, quand trois détenus, encadrés par un surveillant, reviennent de leur promenade. Alors que ces derniers s’apprêtent à rentrer dans leur cellule, ils agrippent le surveillant par le bras et le prennent en otage, sous la menace de poinçons.
L’un des trois détenus est le meneur de cette prise d’otage. Condamné à dix-huit ans de prison. Il est enfermé au quartier maison centrale, dite des longues peines. Il réclame depuis plusieurs mois son transfert dans une autre prison. De plus, il avait réclamé un parloir ce week-end, pour lui et sa compagne. […]
Quelques minutes après le début de la détention du surveillant, les hommes du RAID sont arrivés sur place. Un négociateur prenant en charge le dialogue avec le meneur de l’opération. Après plus de trois heures, les négociations ont abouti. L’administration pénitentiaire a accepté son transfert, lui permettant de se rapprocher de sa famille. Libéré, sans avoir subi de violences, le surveillant a été pris en charge immédiatement.
Sur place en compagnie du préfet Jean-Luc Marx, la procureur de la République de Melun a indiqué que « personne n’a été blessé dans cette affaire. Maintenant, la police judiciaire de Melun est saisie et les détenus vont être placés en garde à vue, afin de déterminer les conditions exactes de la prise d’otage. Notamment pour savoir où ils se sont procuré ces armes blanches qui semblent avoir été fabriquées artisanalement. »
Pour Ahmed El Houmassi, responsable régional de la CGT pour le personnel pénitentiaire, « le problème reste entier : à Réau, il manque 60 agents, pour permettre un fonctionnement normal du service. Actuellement, les surveillants enchaînent cinq jours de travail. C’est épuisant. Les agents n’agissent que dans l’urgence. Il n’y a pas de fouille systématique des cellules ni des détenus. Si on veut retrouver des armes ou des puces de téléphone, les fouilles doivent être nombreuses et inopinées. Donc, ce genre de prise d’otage peut recommencer. Surtout que le samedi, les effectifs sont réduits… »
« Nous sommes toujours en négociation avec le nouveau Ministre de la Justice. Mais faute de budget suffisant, les annonces d’embauches de quelques centaines d’agents, ne compensent pas les départs à la retraite. Il manque 2 200 surveillants dans les prisons françaises », conclut le représentant de la CGT.
A Réau déjà, le 6 avril 2014, un détenu Réau, emprisonné depuis quatorze ans, avait pris en otage un surveillant dimanche pendant six heures afin de réclamer son transfert à Poissy, dans les Yvelines. Le tribunal correctionnel de Melun l’a condamné deux jours plus tard à trois années de prison supplémentaires et au versement de 5 500 € de dommages et intérêts à la victime. Toujours à Réau, en mars 2013, deux détenus avaient tenté de s’évader, grâce à la fabrication d’engins explosifs.
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Une mutinerie évitée de peu au centre de semi-liberté de Gagny (Seine-Saint-Denis)
Le Parisien / samedi 30 avril 2016
On a frôlé la mutinerie, ce samedi matin, au centre de semi-liberté de Gagny. Vers 5h15, A., 23 ans, se dirige comme chaque matin vers le sas de sortie du centre, installé dans un quartier pavillonnaire de la commune. Détenu depuis depuis deux semaines seulement au centre de semi-liberté pour trafic de stupéfiants, A. continue de travailler comme chauffeur VTC. Et quitte donc le centre chaque matin pour rejoindre son véhicule.
« Mais là, une fois dans le sas, une surveillante lui a dit qu’il n’avait pas le droit de sortir le samedi alors que ce n’est pas vrai », estime maître Stéphanie Bellier-Giovannetti, l’avocate du détenu. Selon son client, les surveillants l’auraient fait patienter dans le sas sans lui parler pendant « quinze à vingt minutes ». Il aurait alors frappé plusieurs fois à la porte, en vain, avant de briser en partie la vitre du hublot.
C’est là que les événements ont dégénéré. Un surveillant – surnommé « Yeux Verts » par tous les détenus – est entré de le sas pour maîtriser le jeune homme. L’altercation a été violente : coups de poings, coups de pieds… « Mon client a trois jours d’incapacité totale de travail (ITT), des ecchymoses sur le bras, un cocard et la lèvre ouverte, assure l’avocate. Il s’est fait passer à tabac. » Selon une source officielle, le surveillant a également reçu « au moins deux coups».
Une fois dans sa cellule avec le visage ensanglanté, l’altercation entre A. et le surveillant fait le tour du centre en quelques minutes. Selon M., la quarantaine, « Yeux verts » est bien connu de tous pour « frapper facilement les plus frêles ». Ça ne passe pas. « Les gars étaient fous, ils commençaient à se remonter, il y a eu comme un début de mutinerie », raconte M.
Quatre détenus ont tenu à déposer une main courante au commissariat de Gagny pour témoigner [sic!], mais leur plainte n’a pas été enregistrée selon eux. Samedi midi, A. a été placé en garde à vue au commissariat avant d’être remis en liberté. « Il a porté plainte contre le surveillant [ré-sic!] et dès lundi, ce sera contre l’administration pénitentiaire », précise maître Stéphanie Bellier-Giovannetti. […]