A Nantes et Toulouse :
Le monde / samedi 1 novembre 2014
Trente-quatre personnes ont été interpellées, samedi 1er novembre, à Nantes et Toulouse, après que de violents heurts ont éclaté entre manifestants et policiers. Dans ces deux villes, plusieurs centaines protestataires participaient à des défilés « contre les violences policières », à l’appel de mouvances anti-capitalistes, six jours après le décès du militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens.
Dès leur arrivée dans les centres-villes de Toulouse et Nantes, en début d’après-midi, les centaines manifestants ont fait face aux policiers, venus en nombre pour encadrer les éventuels débordements. La situation a dégénéré après que certains manifestants ont jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre, lesquelles ont répondu à coups de gaz lacrymogènes.
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a assuré samedi soir que 21 personnes avaient été interpellées à Nantes et 13 à Toulouse. Plusieurs politiques ont exprimé leur indignation. […]
Le collectif du Testet, qui lutte contre la construction du barrage à Sivens, où Rémi Fraisse a trouvé la mort, a également condamné les violences. «La colère légitime contre les méthodes inacceptables des forces de l’ordre ne peut justifier la violence et les dégradations des biens », explique le collectif dans un communiqué. [sic! NdAttaque]
Des bouteilles « remplies d’acide » lancées sur les forces de l’ordre à Nantes.
La manifestation a commencé à dégénérer dans l’artère principale de Nantes, le cours des 50-Otages. Un protestataire a été atteint par un coup de matraque dans la tempe et deux autres ont été touchés aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement. Deux membres de forces de l’ordre ont été légèrement blessés.
Le préfet de la Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, a affirmé que les manifestants avaient « lancé des bouteilles remplies d’acide sur les forces de sécurité ». « Un policier a été blessé (à la main) par l’une de ces bouteilles », a-t-il précisé.
Un cortège de plusieurs centaines de personnes était parti du centre en début d’après-midi. Il arborait deux banderoles portant « Solidarité contre les violences policières » et « 22 février, 3 yeux perdus. 26 octobre, un mort », référence à une manifestation qui s’était déroulée en février à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des protestataires avaient le visage masqué et défilaient aux cris de « La police mutile, la police assassine » ou « Flics, porcs, assassins ».
De premiers incidents ont été observés après des jets d’objets, dont des œufs et des chaises, en direction des forces de l’ordre. Ces dernières ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et assourdissantes.
De nombreuses dégradations à Toulouse
A Toulouse, un millier de manifestants se sont rassemblés dans le calme en début d’après-midi dans le centre-ville, où se dressaient des barrages policiers, selon le correspondant du Monde, Philippe Gagnebet. La manifestation a ensuite dérapé et les policiers ont tenté de disperser les manifestants.
Sur une grande artère du centre-ville, la devanture d’une agence bancaire a été brisée à la masse, des distributeurs automatiques bancaires vandalisée, des poubelles incendiées. Les CRS ont essuyé des tirs de canettes de bière et de pierres.
Dans la soirée, les échauffourées s’étaient calmées, selon le correspondant du Monde.
A Rennes :
Indymedia Nantes / vendredi 31 octobre 2014
Récit de la manif d’hier soir :
bon on va faire preuve d’un peu d’humilité. Contrairement à ce qu’on voit dans les vidéos, il ne s’est pas passé grand chose. Départ à quelques centaines de la dalle kennedy, tags et puis au moment d’arriver dans le centre les flics bloquent tous les ponts. La manif a essayé de passer par trois ou quatre endroits différents mais c’est un échec à chaque fois. Les flics gazent et tirent au flashball dès qu’on approche trop donc on est tout le temps refoulés. Il y a bien eu quelques banques, pubs et une agence d’intérim qui ont eu leur vitrine cassée mais rien de bien méchant. Puis la manif s’est dispersé vers le mail Mitterand. En bref, il y avait un énorme déploiement policier. Nous n’avons pas pu renter dans le centre. Ça donne quelques images de gaz, des gens en noir et de fumigènes mais pas plus.
Ce que cette manif nous dit c’est que contrairement au début de la semaine où les flics n’osaient pas trop se montrer ils ont maintenant l’ordre 1) que rien ne se passe et 2) de stigmatiser le plus possible le mouvement qui est en train de prendre.
On peut noter la différence de traitement médiatique entre par exemple la manif de Nantes lundi qui a réussi à mettre un vrai bordel en centre ville et qui a été complétement minimiser et celle d’hier soir où les événements sont hyper montés. Même si nous avons été impuissant hier cela ne doit pas nous décourager, au contraire. Ça nous dit que les autorités sentent que la mort de Rémi peut créer une déstabilisation profonde du système et qu’il vont tout mettre en œuvre pour que ce ne soit pas le cas, pour que tout ça se cantonne à quelques réactions à chaud. Il faut que le mouvement s’organise, que nous soyons toujours plus à descendre dans la rue, que nous soyons devant les fac, les lycées lundi matin, que l’on multiplie les actions sous toutes leurs formes et qu’on ne se laisse pas enfermer dans leur pièges. Ceux qui étaient dans la rue hier sont loin d’être des guerriers surorganisés, mais sont bien des gens en colère prêts à ne pas laisser passer la mort d’un des leur.
A Dijon :
Le figaro / samedi 1 novembre 2014
Des vitrines cassées au marteau et de nombreux tags sur les façades du centre-ville: une manifestation contre « les violences policières » et « en mémoire de Rémi Fraisse » mort le 26 octobre sur le site du barrage contesté de Sivens, a dégénéré samedi à Dijon, selon la préfecture.
Environ 250 personnes avaient pris part dès 17H00 à ce rassemblement non déclaré dans la rue principale de la capitale bourguignonne, où une compagnie de CRS avait été déployée. Les manifestants ont ensuite arpenté les rues. Au fil du parcours, un « noyau dur » composé d’une « vingtaine de casseurs » cagoulés a commencé à briser des vitrines de magasins à coups de marteau, protégés des regards par la fumée des très nombreux fumigènes, a relaté à l’AFP la préfecture. Une dizaine de commerces ont été touchés.
Des manifestants ont également couvert de tags de nombreuses façades du centre-ville et mis le feu à quelques poubelles. La manifestation s’est ensuite dispersée vers 18h30 sans autre incident. Il n’y a eu aucune interpellation.
A Lille :
La voix du Nord / samedi 1 novembre 2014
On les attendait place de la République, à Lille, à partir de 18 heures, ce samedi. Les militants de différents syndicats et mouvements autonomistes, tout de noir vêtus, souhaitant rendre hommage à Rémi Fraisse se sont finalement regroupés place du général de Gaulle, à partir de 14h30. En milieu de journée, le siège du Parti Socialiste à Lille, rue Lyderic, a été attaqué avec des billes d’acier par des manifestants.
Après une heure sur place, le cortège – moins d’une centaine de personnes – s’est soudain mis en branle. À partir de là, l’effet de surprise a compensé le nombre. En pleine heure d’affluence, pétards assourdissants et peinture se sont mis à pleuvoir. Sur la Chambre de commerce et d’industrie, tout comme sur la boutique Orange ou encore l’agence Caisse d’Épargne de la rue Neuve, bondée. Au passage, des badauds ont été aspergés, alors que d’autres tressaillaient ou pressaient le pas au son des détonations. Rue du Molinel, une fusée a également atteint une fenêtre d’appartement avant d’atterrir sur le trottoir. Les protestataires ont progressé en distribuant des tracts, appelant les passants à « la révolte ». Ils surveillaient également la police, adaptant leur trajet aux différents dispositifs. Le siège du Parti socialiste, rue Lyderic, a été tagué et a reçu des projectiles. Il a également été couvert de l’inscription : « Rémi, ils paieront ! ». La police a ramassé des billes d’acier. En début de soirée, à 19h, une trentaine de manifestants réunis dans le calme rendaient à nouveau hommage à Rémi Fraisse place de la République avec des banderoles posées sur le sol et des cierges sur les marches de la fontaine de la Place.
A Paris, c’est la flicaille qui parade :
Paris-luttes.info / lundi 3 novembre 2014
Répression, Mensonges et Manipulations
Communiqué de l’Assemblée en lutte suite à la mort de Rémi Fraisse, Paris, dimanche 2 novembre.
On peut dire que ce dimanche à Paris la répression policière a passé une étape…
Jeudi 30, l’assemblée suite à la mort de Rémi Fraisse ainsi que certaines organisations décident d’appeler à une manifestation le dimanche 2 novembre. Non seulement, la préfecture interdit cette manifestation mais elle descend au petit matin chez les deux personnes ayant déclaré la manifestation pour les impressionner, leur faire peur, les dissuader de continuer à organiser cette mobilisation. Sous la pression policière, les organisations se rétractent.
Le dimanche matin, une centaine de policiers quadrille la ville de Montreuil. Elle contrôle les métros et encercle un lieu d’activités sociales et d’organisation politique. Elle veut empêcher que les tracts et les banderoles arrivent à la manif. A 14h, une vingtaine de personnes sortent du lieu pour se rendre au départ de la manif. Ils sont contraints de cacher les tracts dans leurs pantalons. Ils sont tous arrêtés préventivement. Ils passeront cinq heures au commissariat.
Pendant ce temps-là le 19e, le 20e et le 10e arrondissement sont quadrillés par des milliers de policiers qui contrôlent et fouillent à tours de bras. Malgré cela, plusieurs centaines de personnes bravent l’interdiction et parviennent à former un rassemblement. Quelques tentatives de départ en manifestation échoueront devant l’ampleur du dispositif policier. 140 arrestations ont lieu pour tout et n’importe quoi : distribution de tracts, port d’un casque de vélo… Ce soir à notre connaissance, au moins 18 personnes sont en garde à vue pour entre autre « attroupement non armé en vue de commettre des dégradations ».
[…]
Manif sauvage aussi à Grenoble, lundi 27 octobre :
Indymedia Grenoble / lundi 27 octobre 2014
Suite à la mort de Rémi Fraisse sur la lutte contre le barrage de Sivens, une manifestation a été organisée au départ de la place saint bruno en direction du centre ville. Rassemblant une centaine de personnes, nous avons déambulé bruyamment dans le quartier Saint Bruno, Championnet. Rencontrant la rue Lesdiguières, nous avons pris le temps de redécorer le commissariat municipal de quelques tags (« la police assassine ») et de boules de peinture. Nous nous sommes ensuite dirigés dans le centre ville où la vitrine de la boutique SNCF à Hubert Dubedout a été brisée, pour signifier que de la ZAD à la Val Susa (lutte NOTAV) c’est aussi les entreprises , comme Vinci ou la SNCF, qui au côté des états participent de la destruction des territoires et n’hésitent pas à blesser ou à tuer pour imposer leur monde. Durant toute la manifestation, un tract a été distribué pour expliquer la situation et ramener un peu de vérités au milieu du vide des dépêches AFP. La flicaille s’est faite discrète et nous avons pu terminer tranquillement jusqu’à la dispersion.
Pour celles et ceux mutilés et assassinés par la police. Ni oubli, ni pardon. Ce soir dans la rue, demain sur les barricades.
Des manifestants et manifestantes présentes ce lundi soir.
Lyon, jeudi 6 novembre :
rebellyon.info / vendredi 7 novembre 2014
Récit d’une manif dont la police ne voulait pas.
Ca fait deux fois que les forces de l’ordre refusent aux gens d’exprimer leur colère. Déjà mercredi dernier, la place des Terreaux était bouclée. Cette fois, c’est la place du Pont de la Guillotière. Il y a un sacré dispositif. Tous les axes sont bloqués ou prêts à l’être au cas où les gens voudraient bouger en ville, gueuler leur ras-le-bol de la police. Tout y est – baqueux, grilles anti-émeutes, CRS – la place et le carrefour de la Guillotière sont bloqués créant un bordel dans la circulation qu’une petite manifestation n’aurait sans doute pas créé. Les gens essaient de sortir en cortège. ça chante, ça crie. Y’a un paquet de pétards et des œufs qui claquent. Rien n’y fait. Alors un autre rendez-vous se met à circuler de bouche à oreille. Y’a pas moyen que ça en reste là. Et ça marche. Un peu. Pas mal même. Presque 100 personnes se retrouvent plus tard. ça flotte un peu. On se compte. Quelqu’un gueule : « on part en manif ? » On est déjà un peu grisés d’avoir réussi à se retrouver. Alors partir en manif, tout le monde est partant. Une bagnole de baqueux passe par là et détalle dès qu’elle nous aperçoit. On bouge. Y’a plus de banderole. Tant pis. On y va. On prend la rue. ça chante pour se donner du courage. Au méga, ça gueule – un peu tout et n’importe quoi. On est là, on est ensemble. Déterminés et joyeux. Très vite, on sent que les flics sont vexés et qu’ils vont tout faire pour nous bloquer. Alors on court. On essaie de les prendre de vitesse. Être aux carrefours avant eux. Prendre les rues à contre-sens. Poser des poubelles en travers de leur chemin, et aussi un énorme chiotte de chantier, une marée de pisse et de merde attend les flics à leur passage. Le tout est désordonné et bordélique mais c’est ça qui est chouette aussi. Les gens ne veulent pas rentrer chez eux. Tout est speed, y’a pas le temps de taguer des « Ni … » ou des « Nique la… ». Ce soir-là, les flics sont nombreux. Et ils sont mobiles. Il court derrière nous. La manif n’aura donc duré que quelques minutes. C’est toujours ça de pris. Ça se disperse chaotiquement. Un petit groupe s’engage dans une rue latérale. Ils se retrouvent bloqués là. La plupart sont arrêtés. 18 arrestations en tout.
Faut pas en rester là.
Soutien aux arrêtés,
Comité de lutte à la fac de Lyon 2-Bron lundi à 12h devant le resto U’.
« Flic, regarde vers nous
La révolte est toujours debout,
Tes flash-balls, tes gaz et tes coups
N’auront pas raison de nous »
(Chant entendu place du Pont).