presseocean / lundi 26 octobre 2014
Le rassemblement nantais pour protester contre la mort de Rémi Fraysse, un Toulousain de 21 ans tué samedi soir dans le Tarn lors de heurts entre policiers et opposants au barrage du Testet, a dégénéré. Jusqu’à 600 personnes avaient jusqu’alors défilé dans le calme dans le centre-ville de Nantes. Mais alors que le rassemblement se dispersait, une centaine de casseurs sont restés dans le centre. Très mobiles, les manifestants masqués et casqués ont descendu une vingtaine de vitrines (dont des banques) dans le quartier Bouffay, rue Crébillon et sur le cours des 50 Otages. Ils ont également détruit de nombreux abris-bus et panneaux publicitaires et allumé plusieurs feux de poubelles. Jusqu’alors très discrets et en retrait, les forces de l’ordre ont commencé finalement à intervenir vers 20h30. Des heurts violents se sont notamment déroulés vers la place Sainte-Croix.
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Barrage de Sivens : 3 questions après la manifestation de Nantes
metronews / mardi 28 octobre 2014
FAIT DIVERS – Le rassemblement en hommage à Rémi Fraisse, décédé lors d’une manifestation dans le Tarn, a dégénéré, hier soir à Nantes. Qui était dans le cortège ? Que s’est-il passé ? Explications.
Qui étaient les manifestants ?
L’appel au rassemblement en hommage à Rémi Fraisse, mort hier au barrage de Sivens, a été lancé par l’Acipa, une des principales organisations contre l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. La ZAD de Notre-Dame-des-Landes s’est chargée d’organiser le rendez-vous. L’Acipa avait été claire dans son appel : la manifestation doit s’effectuer « dans le calme et la dignité », indiquait-elle. En début de soirée la manifestation était plutôt bon enfant. Environ 600 militants écologistes, anti-aéroport, étudiants, familles et enfants ont défilé. Ce n’est que dans la soirée que des militants antifascistes, 150 à 200 personnes cagoulées, ont cherché à en découdre et mis à sac une partie du centre-ville, détruisant abribus et vitrines.
Quel était le dispositif d’ordre prévu ?
C’est la principale question que se posent les personnes qui ont suivi la manifestation : pendant la première partie du défilé, aucune force de police n’était visible. Seuls quelques camions se contentaient d’observer de loin. Sur le passage du défilé, dans les rues de Strasbourg, Crébillon, puis cours des 50-otages, les casseurs ont pu se livrer à des caillassages en règle sans être inquiétés. Mais, la plupart cherchaient aussi le contact avec les forces de l’ordre. Ainsi, quelques échanges de pétards et de gaz lacrymogènes ont eu lieu, d’abord au bas de la place du Commerce, puis plus tard place Sainte-Croix, dans le quartier Bouffay. Le calme est en tout cas revenu vers 22 heures. Huit personnes ont été interpelées. La ville de Nantes a annoncé qu’elle portait plainte.
Qui va payer les dégâts ?
Au final, pas de grosses dégradations, mais elles sont nombreuses : poubelles incendiées, tags sur le sol et les murs, vitres brisées et abribus cassés. Dès mardi matin, la Brigade anti-tags de Nantes métropole était en train d’effacer les écritures qui maculent les murs du centre-ville, de la place Graslin à la rue de Strasbourg. Les commerces abimés ont été soigneusement ciblés par les casseurs : les banques, comme le LCL cours des 50-Otages, la BNP et le Crédit Mutuel place Royale, des caméras de vidéosurveillances, et les magasins chics de la rue Crébillon. « Au final, les dégradations sont plus étendues que lors de la manifestation du 22 février », constate un vitrier, venu répertorier les dégâts. Une vitrine coûte de 900 à 1 200 euros, que les assurances prennent en charge. La plupart des commerçants sont touchés pour la première fois. Et le prennent plutôt philosophiquement. « Cela reste du matériel, constate une vendeuse. Mais on subit ces manifestations à chaque fois : lors du rassemblement du 22 février, on avait été obligé de fermer la boutique, c’était devenu trop dangereux pour les clients. » Un autre rassemblement de soutien est d’ores et déjà annoncé samedi prochain à Nantes.