bordeaux7 / jeudi 17 avril 2014
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux caméras de vidéosurveillance installées le 28 janvier dernier sur l’avenue de Labarde, au niveau du pont d’Aquitaine, n’ont pas fait long feu. Dans ce secteur à propos duquel Alain Juppé s’était préalablement inquiété de le voir devenir « un secteur de non-droit », la première des deux caméras n’a tenu que cinq jours, la deuxième un peu plus : « les deux caméras ont été dégradées à l’aide d’armes à feu, souffle Jean-Louis David, l’adjoint au maire de Bordeaux en charge de la vie urbaine et de la proximité. La première le 2 février à 21h30, l’autre le 22 mars à 1h30.»
Dans cette zone bien connue des services de police, de nombreuses activités illicites telles que des rodéos sauvages, du recel ou du trafic de stupéfiants, auraient cours sur la voie publique, au grand dam des riverains. Réclamée de longue date, l’installation des caméras devait jouer un rôle dissuasif et faciliter l’identification des fauteurs de trouble. « Elles sont visiblement très gênantes, souligne l’élu. Nous avons également eu des dégradations sur des caméras au Grand Parc et nous avons trouvé un système pour les empêcher. Seulement, nous sommes plus démunis quand il s’agit d’armes à feu… Mais je peux vous garantir que nous ne lâcherons pas.»
« La situation est dramatique »
A la mairie de Bordeaux, le cas particulier de l’avenue de Labarde suscite « une vraie inquiétude », selon Jean-Louis David : « nous recevons de nombreuses doléances des riverains. Certains se permettent toutes sortes de choses et installent une zone de non-droit. Ce secteur est sous très haute surveillance policière depuis longtemps et encore plus depuis la destruction des caméras. La zone a été passée au peigne fin et des initiatives sont d’ailleurs sur le point d’aboutir…»
Pour les habitants, il y a urgence à agir car « la situation est dramatique » : « au quotidien, des voitures roulent à grande vitesse et font la course, s’emporte l’un deux, qui souhaite demeurer anonyme par peur de représailles. Les enfants sont en danger de mort sur la voie publique ! Il y a aussi du trafic de drogue, des agressions… C’est invivable. Cela s’était un peu calmé avec l’arrivée des caméras et c’est revenu depuis. Mais je ne partirai pas.»
« L’éponge » bacalanaise
Pour le conseiller général PS du secteur, le bacalanais Philippe Dorthe, cette situation est le fruit d’une « politique volontaire de ghettoïsation du quartier depuis des décennies » : « on a concentré dans ce quartier tous les problèmes sociaux de Bordeaux, notamment avec ceux que l’on appelle à tort les gens du voyage alors qu’ils sont Français et habitent là depuis des générations. Mais on ne peut pas parler réellement d’une zone de non-droit pour ce secteur, il faut relativiser. Aujourd’hui, on se pose des questions car cette situation inquiète les promoteurs dans la commercialisation de ce qu’ils construisent, par exemple aux Bassins à flot. D’un coup, on se rend compte qu’il y a des problèmes à Bacalan mais ça ne date pas d’hier ! Le maire s’est servi du quartier comme d’une éponge pour absorber les problèmes et maintenant qu’il devient un enjeu urbain, économique, il se dit qu’il faut faire quelque chose.»
Dans l’immédiat, la mairie promet de remettre en service les deux caméras dégradées « avant la fin du trimestre.» •