france3 alpes / vendredi 14 mars 2014
A Taninges en Haute-Savoie, la sculpture de James Bayle et Colette Cossin a été découpée à la tronçonneuse. Deux souches, quelques copeaux, c’est tout ce qui reste de ce symbole contemporain commandée aux artistes locaux par la municipalité en 2011. Simple vandalisme ou « attentat électoral » ?
Deux superbes épicéas sculptés sur pied. Une femme d’allure altière, toute d’or vêtue, face à une lance haute d’une dizaine de mètres. Certains reconnaissaient dans la sculpture Béatrix de Faucigny. Mais la pauvrette, d’abord privée de son sceptre, est elle aussi tombée, découpée à la tronçonneuse, cette nuit, dans l’anonymat le plus total.
Cette sculpture avait été imaginée par un artiste local, James Bayle, lithographe, dessinateur et peintre, créateur de l’exposition Taninges Art Contemporain dès 1988. Décédé en 2010, son travail a été terminé par Colette Cossin et Pat Méo. Pour Colette, cette dégradation est une véritable blessure. « J’ai vraiment eu très mal (…) Qu’est-ce qui peut faire qu’on s’attaque à une oeuvre ??? »
Une piste peut-être… l’oeuvre avait été commandée par la municipalité de Taninges. S’agirait-il d’un « attentat électoral » ?! Yves Laurat (DVG) est maire depuis 1994. Dans cette petite et modeste commune de 3400 habitants, à quelques jours des élections municipales, l’ambiance est chaude semble-t-il. Le maire a fait l’objet de caricatures déplaisantes. Cette année, pas moins de 4 listes s’agitent. Le candidat Front National se serait même fendu d’une lettre ouverte pour expliquer qu’il n’était pour rien dans cette affaire !
Colette Cossin n’en restera pas là. Et la mairie, elle, a déja porté plainte et promis de rétablir le monument en cas de réélection. L’art contemporain, enjeu électoral à Taninges ? Pour les vandales, il s’agirait plutôt d’art « comptant pour rien ».
L’histoire ne dit pas -pour l’instant- si le fantôme de Béatrix de Faucigny viendra punir ces bûcherons d’un autre âge. La « Grande Dauphine », fondatrice de Bonneville, fut ensevelie à Taninges dans la Chartreuse de Mélan en l’an de grâce 1310. Mais jamais son corps ne fut retrouvé. Les vandales n’ont qu’à bien se tenir.