La Voix du Nord / vendredi 19 décembre 2014
Un atelier de la prison de Maubeuge a été touché par un violent incendie jeudi après-midi. Conséquence, l’alimentation en électricité a été coupée. Dans la nuit, l’évacuation des 391 détenus vers les autres établissements pénitentiaires de la région a commencé.L’après-midi de jeudi devait être placée sous le signe de la solidarité à la prison de Maubeuge. Une troupe entière d’artistes avait fait le voyage en bus pour donner un grand concert à l’intérieur des locaux. Mais vers 15 h, le spectacle s’est arrêté net, dans une vague de panique généralisée.
Selon les premières analyses, un court-circuit se serait produit sur l’installation électrique d’un atelier du centre pénitentiaire. Les flammes ont ravagé l’ensemble des locaux déployés sur deux étages. Le personnel de l’administration pénitentiaire, avec l’aide des pompiers, est parvenu à évacuer dans le calme les locaux. Aucune victime n’est à déplorer. Aux environs de 17 h, le sinistre est maîtrisé. Les soldats du feu ont réussi à éviter la propagation au reste des bâtiments.
Pourtant, les autorités ont dû faire face à un problème de taille. Le réseau électrique des locaux a été touché. La prison s’est retrouvée dans un black out total, sans éclairage ni système de surveillance. Dans ce centre pénitentiaire, inauguré en juillet 1990 [il a été construit par Eiffage, NdR], des générateurs sont bien présents pour remédier à tout incident. Hélas, ils se trouvaient dans l’atelier touché par le feu. Les équipes d’ERDF ont été appelées en urgence pour essayer de réparer l’installation électrique au plus vite. Du côté des autorités, on envisageait un plan B plus radical : évacuer les 391 détenus vers d’autres prisons de la région. Les responsables de l’administration pénitentiaire, le sous-préfet de Valenciennes, ainsi qu’un nombre impressionnant de policiers et gendarmes se sont rendus sur les lieux pour élaborer un plan de transfert précis. Vers 22 h, les employés d’ERDF étaient toujours à pied d’œuvre pour rétablir l’alimentation.
Peu après minuit, c’est bien la solution de l’évacuation qui a été choisie par les autorités. La ville de Maubeuge a été quadrillée. Les policiers se sont postés à chaque carrefour pour réguler le trafic. Chaque convoi de l’administration pénitentiaire, avec à son bord les détenus, était escorté par les motards de la police nationale, gyrophare activé. Plusieurs établissements pénitentiaires ont été sélectionnés pour évacuer les détenus : Sequedin (déjà en surpopulation carcérale), Douai ou encore Amiens. Au total, ce sont 391 individus qui sont incarcérés à Maubeuge. Ce travail va être long et va se poursuivre durant toute la journée de vendredi.
Vers 5h, 170 détenus avaient été évacués vers Douai, Sequedin et Amiens, selon le responsable syndical Bernard Chalureau, interrogé par nos confrères de France Info. Les détenus considérés comme les plus dangereux ont été évacués par fourgon cellulaire, tandis que les autres l’ont été en autocar, selon des sources concordances.
« Cette nuit, c’était impressionnant, ils ont coupé l’autoroute exprès pour pouvoir faire circuler les convois de prisonniers », explique Christophe Loyer, syndicaliste Ufap-Unsa Justice qui se trouvait sur place et qui a dénombré pas moins d’une trentaine de véhicules de police.
Au niveau sécurtié, « il y a toujours un risque mais ce n’est pas une première », a déclaré le secrétaire régional de l’Ufap-Unsa justice, Laurent Scassellati, qui a rappelé l’incident d’une « chaudière claquée à la prison de Béthune il y a 3 ans » et selon qui l’évacuation s’était alors « bien passée ».
MAJ, toujours depuis LVN, samedi 20 décembre:
Ordonnée juste après minuit, l’évacuation de la prison de Maubeuge a concerné un peu moins de 200 détenus dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce sont les individus placés au sein de la maison d’arrêt (personnes dont la peine est courte ou qui sont en détention provisoire) qui ont été déplacés en priorité vers les centres de Sequedin, Annœullin et Douai. Cette première opération s’est achevée vers 5 heures du matin. Ce vendredi, la deuxième partie du plan se poursuit avec l’évacuation de la partie centre de détention. Les premières équipes régionales d’intervention et de sécurité sont arrivées sur place peu avant 9 heures. Pour l’instant, on ne sait pas encore vers quelles prisons le reste des détenus sera dirigé. L’ensemble du personnel de l’administration pénitentiaire est en tout cas mobilisé. Les fonctionnaires en repos ont répondu à l’appel jeudi soir, pour 99 % d’entre-eux. Au total, ce sont 391 individus qui sont incarcérés à Maubeuge.
De son côté, ERDF tente toujours de réparer l’alimentation électrique de la prison et les opérations s’annoncent longues. Car un câble de 20 000 volts a été touché. […] D’après un premier bilan, un retour à la normale n’est pas attendu avant plusieurs jours à la prison de Maubeuge.
Plusieurs familles de détenus se sont présentées spontanément ce vendredi matin devant les grilles de la prison. Elles ne cachent pas leur colère face au mutisme complet de l’administration pénitentiaire. Émilie cherche à avoir des nouvelles de son mari incarcéré depuis le mois de juillet. La jeune femme ne sait pas du tout où il a été conduit. « Je suis déçue car je devais aller le voir demain, confie-t-elle. Une première permission lui avait été refusée, ça va être Noël et je ne le verrai pas. » Émilie s’inquiète aussi de la distance entre Maubeuge et les autres prisons. « Je ne pourrai pas lui rendre visite, je suis seul avec mes enfants », ajoute-t-elle. Les proches des détenus font le pied de grue sur le parvis de l’établissement, mais pour l’heure, il n’est pas prévu de communication de la part de l’administration pénitentiaire.