Prison de Spoleto (Italie) : Des nouvelles de Ghespe

La Nemesi / mardi 1er juillet 2025

Quelques nouvelles sur la situation de Ghespe, enfermé dans la prison de Spoleto depuis mars 2025 , pour purger le restant d’une peine de cinq ans et demi pour le « pétard de fin d’année », dans le cadre de l’ainsi-dite opération Panico [voir ici ; NdAtt.].

À partir de la mi-mai, la direction de la prison lui a imposé la censure du courrier, suite à une note envoyée par la DIGOS [la police politique ; NdAtt.] de Florence, dans laquelle ils auraient indiqué sa dangerosité sociale, ses contacts avec le milieu anarchiste, etc. Du coup, tout le courrier est lu et tamponné ; cela a évidemment causé des ralentissements et des « disparitions » de lettres, en arrivée ou en sortie. De plus, les timbres postaux et les autocollants sont retenus par la censure, il est donc mieux de ne pas les mettre dans les enveloppes.

De plus, le 19 juin, le substitut du procureur De Gregorio, de la Direction anti-mafia du district de Florence, a ordonné un prélèvement forcé de l’ADN de Ghespe, à effectuer en prison, suite à un décret émis le 5 juin 2025, dans le cadre d’une procédure judiciaire de 2023. Dans cette affaire, seulement ébauchée, il est sous enquête, avec d’autres personnes, en vertu de l’article 305 du code pénal (« conspiration politique par le biais d’une association »), pour avoir « favorisé et organisé une association rudimentaire finalisée à la perpétration des délits punis par l’art. 302 du code pénal [une sorte de « provocation aux crimes et délits » ; NdAtt.] ». Pour justifier ce prélèvement, leur paperasse présente l’habituel compte-rendu de soirées de soutien et d’initiatives et de revendications en solidarité avec lui, à partir de son arrestation en Espagne, pour « démontrer » son rôle de premier plan au sein du mouvement anarchiste et ensuite on y déclare la nécessité d’obtenir un échantillon de son ADN « afin d’approfondir les enquêtes sur les individus qui se sont coagulés autour de lui », pour « en vérifier les possibilités et les capacités opérationnelles, ainsi que les stratégies d’action » [sic!]. Les pouvoirs magiques de l’ADN…

[À ce sujet, nous signalons la découverte, récemment, de mouchards et GPS dans deux voitures de compas proches de Ghespe…]

Beaucoup plus honnêtement, les magistrats font ensuite une vague référence à des attentats « similaires », avec des engins explosifs (similaires donc à l’action pour laquelle Ghespe a été condamné), qui ont eu lieu dans le cadre de la mobilisation contre le 41-bis, dont, évidemment, ils ne connaissent pas les responsables. Les exemples cités sont : l’engin explosif au tribunal de Pise, le 23 février 2023 [voir ici ; NdAtt.] et les cocktails Molotov contre la caserne Perotti, le 20 janvier 2023. Ils ajoutent que l’ADN servirait aussi pour vérifier sa présence « dans les lieux de rencontre du mouvement anarchiste » et donc sa collocation au sein de l’ainsi-dite « fraction toscane ». En ce qui concerne l’ADN, nous rappelons que son prélèvement pour le versement dans la base de données a déjà été imposé à Ghespe, ainsi qu’aux autres compas arrêté.es le 3 août 2017, le jour de la validation des arrestations et que la « preuve » principale utilisée à sa charge a été une expertise contestée de l’ADN, effectuée de manière « irrépétible » sur une trace biologique microscopique trouvée sur un fragment de ruban adhésif qui, à l’avis des enquêteurs, aurait fait partie de l’engin explosif et qui a été comparée avec des échantillons d’ADN prélevés sur des objets qui étaient attribués à Ghespe, comme, par exemple, des canettes. Se plaignant, dans la paperasse actuelle, du manque de son profil dans la base de données de l’ADN, ils parlent « d’une erreur, vraisemblablement, dans la procédure de prise de l’ADN », qui avait été effectuée à l’époque, dans la prison de Sollicciano. La dernière motivation apportée est, donc, celle de « remédier à cette lacune » et c’est la DIGOS de Florence qui devra s’en charger.

En plus de ça, il y a toujours l’impossibilité, pour Ghespe, d’obtenir l’autorisation pour faire des parloirs avec d’autres personnes que ses avocats, ainsi que le caractère complètement aléatoire de ce qui, d’une fois à l’autre, est accepté ou pas dans les colis déposés à la prison (par exemple, des stylos, des feuilles, des lunettes, des livres jugés trop « subversifs ») et nous rappelons aussi qu’il ne peut pas recevoir des livres avec le courrier (parce que, à Spoleto, cette possibilité serait accordée seulement aux prisonniers qui sont inscrits à des cours, une éventualité qui, d’ailleurs, n’est pas prévue dans cette prison). Il nous semble assez évident que, en plus des restrictions typiques d’une prison où se trouve une section de 41-bis, tel que Spoleto, dans le cas de Ghespe il y a la volonté de lui faire payer les deux ans de cavale avant son arrestation, en Espagne en février 2025 : il est particulièrement important, donc, de lui faire sentir notre proximité et de nous rassembler devant cette prison, pour lui et pour les autres prisonniers. À la mi-juin, il y a eu, là-bas tout comme dans la prison de Terni, des protestations à cause des conditions de détention et de la chaleur étouffante, à un tel point qu’il a fallu l’intervention de la police anti-émeute et que le secrétaire régional du SAPPE [un syndicat de matons ; NdAtt.] a déclaré que l’Ombrie est devenue la « déchetterie sociale » du système pénitentiaire toscan et il a demandé la réouverture de la prison de sécurité maximale de Pianosa, pour « y isoler les détenus les plus dangereux », aussi en prévision des probables révoltes estivales.

Nous appelons donc à participer au rassemblement [qui a eu lieu] devant la prison de Spoleto, loc. Maiano 10, le 5 juillet 2025, à 16h30 : contre toute prison, pour Ghespe, pour Paolo Todde, qui a interrompu le 21 juin une grève de la faim commencée au début du mois de mai, dans la prison d’Uta (province de Cagliari), pour tou.tes les prisonnier.es.

Pour l’Anarchie !

Continuons à écrire à Ghespe !
Salvatore Vespertino
Casa di reclusione di Spoleto
Località Maiano, 10
06049 – Spoleto (PG) (Italie)

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